Michel Houellebecq et Le Monde : la polémique rebondit
Les journalistes qui se livrent à ce genre d'investigation peuvent "devenir dangereux", a déclaré l'écrivain dans une déclaration envoyée à l'AFP. "Savoir dans quel Monoprix je fais mes courses n'a pas une importance nationale", a-t-il affirmé.
Le Monde a publié la semaine dernière une série de six articles consacrés à l'auteur de "Soumission". Ariane Chemin, la journaliste qui a mené l'enquête pour Le Monde, décrit l'écrivain comme un personnage contradictoire, médiatique et romanesque mais aussi tyrannique.
L'écrivain refuse de parler à Ariane Chemin
La publication de la série a commencé par une polémique. Sollicité par Le Monde, Michel Houellebecq a refusé de répondre au quotidien demandant aussi aux personnes qu'il connaît "d'adopter la même attitude" et de ne pas hésiter "à porter plainte", a écrit le journal dans un article accompagnant le premier volet de l'ensemble. Il a en revanche accepté de se confier au Figaro Magazine pendant tout l'été."Une mise au point: je n'ai jamais refusé de parler au Monde, je garde par exemple un bon souvenir de Marion van Renterghem, et d'autres journalistes de ce quotidien ; j'ai juste refusé de parler à Ariane Chemin", a précisé lundi l'écrivain.
"Je me suis documenté, j'ai lu plusieurs de ses articles et de ses livres, c'est de très bas niveau : aucun fait important, beaucoup d'insinuations et de on-dit, le tout hâtivement rédigé, farci de clichés 'd'ambiance', et sur un ton de sournoiserie malveillante, sa marque de fabrique", a-t-il soutenu.
Ariane Chemin : "Je n'ai rien raconté qui ne soit déjà public"
Contactée par l'AFP, la journaliste du Monde a contesté les allégations de l'écrivain. Elle a fait remarquer qu'elle n'a "rien raconté qui ne soit déjà public"."Je n'ai pas donné le nom de la tour" où l'écrivain réside, a-t-elle dit notamment en rappelant que l'écrivain donnait lui-même le nom de l'avenue où il réside dans son roman "Soumission" et qu'il avait fait une émission de radio dans son supermarché.
"Visiblement, Michel Houellebecq ne supporte pas de lire la moindre enquête journalistique à son sujet qui n'ait été autorisée par lui, voire déclenchée à son initiative", a réagi le directeur du Monde, Jérôme Fenoglio sur le site de son journal.
Le directeur du Monde défend sa journaliste
"Loin de contenir la moindre affabulation, notre série repose sur des faits vérifiés et des témoignages recoupés. Loin d'être guidée par la 'sournoiserie malveillante', elle n'a été sous-tendue par aucun parti pris", ajoute Jérôme Fenoglio qui dénonce les "injures" de l'écrivain contre sa journaliste."Ne lui en déplaise, Le Monde continuera à faire son travail même si, le concernant, notre description ne ressemble pas tout à fait à la statue qu'il aimerait se voir sculpter", conclut le directeur du quotidien.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.