Nothomb, Murakami, Carrère... 607 romans pour une rentrée littéraire 2014 concentrée sur des valeurs sûres
Les éditeurs dégainent tôt et fort cette année pour lancer la rentrée littéraire 2014. Il faut redresser les mauvais chiffres du premier trimestre, marqués par une forte baisse pour la fiction (moins 7% par rapport au premier trimestre 2013, selon Livres Hebdo). Les éditeurs soignent les libraires : Acte Sud a choisi de "privilégier les rencontres tous azimuts dans tout le pays plutôt que la grand messe", confie sa patronne Françoise Nyssen à Livres Hebdo. Dès le 6 mai, Buchet Chastel a donné avec beaucoup d'avance le coup d'envoi de cette rentrée littéraire 2014 en invitant 70 professionnels à découvrir son programme, souligne Livres hebdo.
Des valeurs sûres
La rentrée sera resserrée, avaient prévenu les libraires. Déjà l'an dernier, pour la première fois depuis 12 ans, le nombre de romans (357 romans français et 198 étrangers) était passé sous la barre des 600 nouveautés (555). 607 romans au programme pour la rentrée 2014, annonce Livres Hebdo, 404 romans français (357 en 2013), dont 75 premiers romans (86 en 2013), et 203 romans étrangers (198 en 2013).
Une production centrée sur des valeurs sûres : Emmanuel Carrère, Amélie Nothomb, Olivier Adam, David Foenkinos, Frédéric Beigbeder, Patrick Deville, Eric Reinhardt, Grégoire Delacourt, Laurent Mauvignier et Olivia Rosenthal pour les Français. Thomas Pynchon, James Salter, Antonio Tabucchi, Alice Munro, prix Nobel de littérature l'an dernier, Siri Hustvedt et Haruki Murakami pour les romans étrangers.
Carrère, Deville et Foenkinos dans l'Histoire
Les éditeurs comptent sur leurs locomotives: parmi les plus attendus, le "petit" dernier d'Emmanuel Carrère, "Le royaume" (P.O.L.), un roman de 640 pages pour raconter les débuts du christianisme au Ier siècle ap. J.-C., où l'auteur de "Limonov" met en scène Saint Paul et Saint Luc, mêlant Histoire et réflexions personnelles, annonce l'éditeur.
Aux éditions du Seuil on retrouvera l'auteur de "Peste et choléra", le prix Femina 2012. Patrick Deville situe l'action de son nouveau roman, "Viva", au Mexique dans les années 30, sur les traces de Trotski et Malcom Lowry.
Foenkinos aussi fait sa rentrée, avec un roman sombre, "Charlotte" (Gallimard), le portrait d'une jeune peintre allemande, morte à Auschwitz en 1943.
Adam, Ferney et Mauvignier sur la planète
Autre tête d'affiche, Olivier Adam, l'auteur de "Les lisières" et oublié des prix littéraires revient avec "Peine perdue" (Flammarion), une forme originale avec une vingtaine de narrateurs pour parler de l'agression d'un footballeur et la tempête qui a ravagé la côte du sud de la France.
Dans "Le règne du vivant" (Actes Sud), Alice Ferney livre le portrait d'un militant écologiste à la poursuite des baleiniers. Olivia Rosenthal raconte comment esquiver les coups, et parfois comment les rendre, dans "Mécanismes de survie en milieu hostile" (Verticales).
Aux éditions de Minuit, Laurent Mauvignier s'intéresse dans "Autour du monde" au Tsunami de 2011 au Japon.
Nothomb, l'amitié, Beigbeder les amours
Amélie Nothomb ne déroge pas, elle publie son roman annuel. Suspense, l'éditeur n'a révélé qu'une seule phrase de "Pétronille", une histoire d'amitié : "Au premier regard je la trouvai si jeune que je la pris pour un garçon de quinze ans." Premier tirage prévu : entre 180 et 200 000 exemplaires, précise le Figaro.
Après cinq ans d'absence, Frédéric Beigbeder revient avec "Oona & Salinger" (Grasset). Il y évoque les amours de J. D. Salinger, l'auteur de "L'attrape-coeurs", et de Oona O'Neill, fille du Nobel de littérature Eugene O'Neill et future Mme Chaplin,
Rouart, Laferrière et Cusset en autobiographie
Après Napoléon, l'académicien Jean-Marie Rouart publie un roman autobiographique. "Ne pars pas avant moi" est une confession sur l'amour, et sur les rencontres et les amitiés, avec Maurice Rheims, Jacques Vergès, François Nourissier ou Franz-Olivier Giesbert et surtout Jean d'Ormesson.
Le nouvel académicien Dany Laferrière publie quant à lui chez Grasset "L'art presque perdu de ne rien faire" (une réédition), présentée comme une "autobiographie de ses idées".
Dans "Une éducation catholique" (Gallimard), Catherine Cusset observe ses rapports avec la religion de son enfance et de sa jeunesse.
Joy Sorman dans la peau d'une bête
Joy Sorman, l'auteur de "Comme une bête", publie aux éditions Gallimard "La peau de l'ours" dans lequel le narrateur est un être hybride et monstrueux, né de l’accouplement d’une femme avec un ours, et qui raconte sa vie malheureuse.
Du roman de Pascal Quignard, on ne connait que le titre, "Mourir de penser"(Grasset), comme celui de Philipe Besson, "Un tango en bord de mer" (Julliard).
La romancière Linda Lê, auteur de "Lame de fond", publie aux éditions Christian Bourgois "Oeuvres vives", dans lequel elle raconte l'enquête d'un journaliste au Havre, qui cherche à faire le portrait d'Antoine Sorel, un écrivain disparu.
Le nouveau roman de Grégoire Delacourt, l'auteur du best-seller "La liste de mes envies", est programmé pour la première fois à la rentrée, toujours chez Lattès, mais on ne connait pas son titre, peut-être "On ne voyait que le bonheur", révèle Le Figaro.
Valeurs sûres aussi côté étranger
Très attendu, le dernier roman d'Haruki Murakami, "L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage", vendu à plus d'un million d'exemplaires à sa sortie au Japon. A noter aussi le retour de la japonaise Yoko Ogawa aux éditions Acte Sud avec "Petits oiseaux", un roman sur les êtres différents, et le langage des oiseaux qu'ils utilisent pour dire la poésie d'un monde que les humains ont oublié.
Big Brother de Lionel Shriver
Des grands noms de la littérature anglo-saxonne sont également au programme de la rentrée 2014 : Thomas Pynchon, avec "Fonds perdus" un roman dont l'action se déroule de mars à septembre 2001. A noter aussi le retour de James Salter. Il n'avait rien publié depuis 10 ans. Il sera au Festival America à Vincennes en septembre pour présenter "Et rien d'autre" (L'Olivier), son dernier roman, qui déroule 40 ans de la vie d'un homme après la seconde guerre mondiale. Les éditions Belfond publient "Big Brother" de Lionel Shriver, le meilleur depuis "Il faut qu'on parle de Kevin" nous promet l'éditeur.
Chez Christian Bourgois, le premier roman d'Adelle Waldman, "La vie amoureuse de Nathaniel P.", une "plongée dans la psychée d'un mâle moderne". Tout un programme. L'auteur sera elle aussi présente au Festival America de Vincennes.
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