Cet article date de plus de dix ans.

"Oublier, trahir puis disparaître", le nouveau Siècle de Camille de Toledo

Embarquez dans un étrange voyage en train entre le XXe et le XXIe siècle. Un parcours, un dialogue entre un père et son fils imaginés par l’écrivain Camille de Toledo qui poursuit son exploration des langues entre passé et avenir, intitulé cette fois « Oublier, trahir puis disparaître » aux éditions du Seuil.
Article rédigé par franceinfo - Franck Giroud
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Camille de Toledo
 (Phil Journé)

Il règne dans les lignes de Camille de Toledo une atmosphère assez insaisissable. Dans un train en marche, dont on ne connaît ni le point de départ ni réellement la destination, un père âgé et son tout jeune fils tentent de dialoguer sans parler la même langue.

C’est le père qui raconte, c’est le père que l’on entend. Il semble s’interroger face à son fils, Elias, sur ce qu’il laisse à son héritier. Il s’agit plus pour lui de faire le point sur lui-même que d’enseigner, de transmettre.

C’est un constat, un détachement de l’homme sur sa propre vie. « Ce monde a trop de passé, il lui faut un avenir, Elias. Et si j’écris maintenant le récit de notre traversée, ce n’est pas pour remplir ta vie, mais pour vider la mienne. »
 
Refermer le XXe siècle, ses errances et ses atrocités

Dans ce voyage introspectif au cœur de l’Europe, le long de la voie de chemin de fer, on distingue des oripeaux du XXe siècle. Tristes reliefs qui remuent les mémoires des atrocités de ce siècle violent. Valises éventrées, habits, souvenirs dont l’inquiétant Semeur qui arpente les allées du train pour dépouiller les passagers de leur passé jalonne le parcours.  Difficile de ne pas y voir une référence à la déportation ou au moins à une errance dans une Europe centrale secouée de conflits dans la seconde moitié du XXe siècle.

Et soudain...Bruce Lee

Le narrateur cherche à couper le pont avec son fils ou tout au moins à se séparer d’un XXe siècle pesant pour se tourner vers un nouveau siècle. Et à propos de pont, c’est le tristement célèbre pont de Mostar en Bosnie qui surgit dans cette histoire. Cet ancien ouvrage détruit par la guerre et reconstruit à l’identique. Sur ce lieu de mémoire, une bizarrerie a marqué l’auteur. Une grande sculpture de Bruce Lee en bronze avait été installée sur la ligne de front entre Croates, Serbes et Bosniaques. Une sorte d’ « énigme pour l’avenir ».
Mais pourquoi Bruce Lee ? A vous de le découvrir dans cet ouvrage déroutant, souvent désenchanté, plus proche d’un conte moderne que d’un roman.

  (DR)
 
« Oublier, trahir puis disparaître » de Camille de Toledo, collection la librairie du XXIe siècle, Seuil.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.