Polar : "Vis-à-vis", thriller psychologique subtil et angoissant de Peter Swanson
La confrontation de deux folies au cœur d'un polar américain aux accents hitchcockiens.
Publié aux éditions Gallmeister le 6 février, Vis-à-vis, est le sixième roman policier signé Peter Swanson, auteur de romans noirs remarqué dès sa première publication, La fille au cœur mécanique (Calmann-Lévy, 2014) élu meilleur premier roman policier de l'année, par le Washington Post.
L'histoire : Hen est artiste et illustratrice pour la jeunesse. Elle vient tout juste d'emménager avec son mari Lloyd dans un quartier résidentiel de la banlieue de Boston. Hen (Henrietta) est atteinte d'une maladie mentale à peu près stabilisée avec des médicaments. Son mari, Lloyd veille sur elle comme du lait sur le feu. Tout semble rouler à peu près quand ils acceptent une invitation à dîner chez leurs voisins, Matthew et Mira, seul autre couple sans enfants du quartier.
Au cours de la visite de la maison, Hen manque de tomber dans les pommes en apercevant dans le bureau de Matthew un trophée d'escrime qui lui rappelle un meurtre. L'assassinat non élucidé d'un étudiant qui l'a autrefois obsédée au point de lui valoir une hospitalisation dans un service de psychiatrie et des électrochocs. Elle est persuadée que son voisin Matthew est l'auteur du meurtre. Elle se rend compte aussi très vite que Matthew a compris qu'elle l'avait démasqué…
Hitchcockien
Hen est-elle sujette à une nouvelle crise ? Qui dans cette histoire est le plus psychopathe ? Avec ce nouveau roman, Peter Swanson entraîne le lecteur dans les retranchements les plus sombres de la folie. Une tension, rampante, court tout le long du roman, alors même que le meurtrier est démasqué dès les premières pages.
Le suspense est ailleurs, se nichant dans la psychologie des personnages, que le romancier creuse lentement mais sûrement au fil du récit dans un face-à-face tendu comme une corde entre deux folies, le lecteur alternativement placé dans la tête de l'un ou l'autre des deux protagonistes. Ménageant la surprise finale, de taille, ce bon polar, déployé d'une plume cinématographique, a des accents hitchcockiens.
Vis-à-vis, Peter Swanson, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Christophe Cuq (Gallmeister - 393 pages – 23,60 €)
Extrait : "Mira ressortit et Hen l'entendit monter l'escalier, sans doute pour aller dans son atelier. Elle s'approcha de l'endroit où s'était trouvé le trophée. L'espace d'un instant, elle se demanda si elle n'avait pas confondu, l'autre soir, en croyant voir quelque chose qu'elle avait vu ailleurs. Pourtant non, elle était certaine qu'il avait été là, trônant au centre du manteau de la cheminée.
Matthew l'avait déplacé. Il l'avait retiré parce qu'il avait vu sa réaction. Il savait qu'elle savait." (Vis-à-vis, page 59).
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.