Prix littéraires : les favoris des jurys
555, c'est le nombre de romans de la rentrée 2013 (646 l'an dernier), dont 357 fictions françaises et 86 premiers romans, contre 69 en 2012. Chaque jury a pour l'instant élu de 12 à 15 romans français, auxquels s'ajoute un nombre similaire de romans étrangers pour le Femina et le Médicis. Une ou deux sélections, selon les prix, sont encore attendues avant les Jours J, qui se succèderont du 24 octobre (Grand prix du roman de l'Académie française) au 13 novembre (Interallié).
Le Goncourt, qui fête ses 110 ans, et le Renaudot seront décernés le 4 novembre, le prix Décembre le 5, le Femina le 6, le Médicis le 12. Cette année, le jeu s'annonce relativement ouvert, avec un millésime 2013 de qualité, des favoris bien sûr, mais sans titre qui écrase tous les autres. Les futures délibérations risquent d'être animées.
Dans cette course aux lauriers, consécration pour un écrivain et gage de ventes dopées, se détache néanmoins un peloton de tête: les romanciers qui, à l'heure actuelle, monopolisent plusieurs listes. Ainsi, Pierre Lemaitre, auteur de "Au revoir là-haut" (Albin Michel), roman époustouflant sur des rescapés de la Grande Guerre condamnés à l'exclusion, a séduit les jurés Goncourt, Renaudot et Femina. C'est la première incursion hors du polar de cet écrivain de talent. Son éditeur n'a pas décroché le Goncourt depuis dix ans. De même, Yann Moix, avec "Naissance" (Grasset), hommage à la littérature et roman d'initiation "gros comme une femme enceinte de neuf mois", plaisante l'auteur, figure sur les listes du Goncourt, du Renaudot, du Médicis et du prix Décembre.
Les révélations : Razon et Verger
Coup d'essai prometteur, deux nouveaux venus en littérature, Boris Razon, avec son bouleversant premier roman autobiographique, "Palladium" (Stock), et Frédéric Verger, avec "Arden" (Gallimard), font partie des nominés du Goncourt. "Arden" a captivé les jurys des Renaudot, Médicis et Décembre. Le premier roman foisonnant de ce professeur de français en banlieue parisienne, révélation de la rentrée selon des critiques, nous entraîne dans un pays d'opérette, la Marsovie, sur les pas de deux musiciens, dont l'un juif, pris dans l'étau nazi. Frédéric Verger renouvellera-t-il l'exploit d'Alexis Jenni, prof de lycée couronné par le Goncourt 2011 pour son premier roman, "L'art de la guerre" ?
Tristan Garcia avec "Faber" (Gallimard), roman des illusions perdues, a séduit les jurés du Médicis, du Femina, et du Prix Décembre. Jean-Philippe Toussaint avec "Nue" (Minuit) a charmé le jury du Goncourt et du Femina, Thomas B. Reverdy, avec "Les évaporés" (Flammarion), celui du Goncourt et Décembre, Metin Arditi avec "La confrérie des moines volants" (Grasset) celui du Renaudot et du Médicis et Thomas Clerc avec "Intérieur" (Gallimard/L'Arbalète) celui du Renaudot et du Médicis.
Quatre romancières font coup double: Marie Darrieussecq a convaincu les jurés Goncourt et Médicis avec "Il faut beaucoup aimer les hommes" (P.O.L), Laura Alcoba ceux du Médicis et du Femina avec "Le bleu des abeilles" (Gallimard), Brigitte Giraud ceux du Femina et Décembre avec "Avoir un corps" (Stock) et Céline Minard ceux du Médicis et du Femina avec "Faillir être flingué" (Rivages), un western vitaminé et poétique. D'autres, comme Chantal Thomas avec "L"échange des princesses" (Seuil) ou Karine Tuil avec "L'invention de nos vies" (Grasset), sont "goncourables".
Côté étranger, deux romans se détachent pour l'instant, "Confiteor" de Jaume Cabré (Actes Sud), traduit du catalan, sélectionné par le Médicis et le Femina, tout comme "Les cent derniers jours" (Grasset) du Britannique Patrick McGuinness. Plébiscités par la critique et retenus par le Femina, l'Américain Richard Ford avec "Canada" (L'Olivier) et l'Irlandais Colum McCann avec "Transatlantic" (Belfond) pourraient aussi gagner le gros lot. L'excellent "Esprit d'hiver", de Laura Kasishcke, est également selectionné par le Femina et le Medicis.
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