Cet article date de plus d'onze ans.

Promenade au Jardin du Luxembourg sur les traces de "L'enfant grec"

Article rédigé par franceinfo - Laurence Houot
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 1min
Le jardin du Luxembourg est le théâtre de "L'enfant grec", le dernier livre de Vassilis Alexakis. L'auteur décrit son décor avec maniaquerie, comptant les arbres et les abeilles. Il livre avec gourmandise les dessous de l'histoire du jardin, et convoque des personnages historiques, des héros romanesques et des personnages réels...

C'était tentant de se glisser entre les pages du roman pour chercher à démêler le vrai du faux, aller se promener dans les décors du livre, chercher les personnages (des fois qu'ils existent vraiment).  Bref, flâner au Jardin du Luxembourg sur les pas de Vassilis Alexakis. 

L'hôtel Perreyve, où l'écrivain a séjourné pendant toute la durée de sa convalescence,  existe bien. Le gérant, "au visage étroit et à la chevelure épaisse", n'est pas là, mais la dame à la réception confirme : "Oui Monsieur Alexakis a bien habité ici après son opération. Oh, vous savez il nous a laissé un très bon souvenir ! Un homme charmant ... J'ai lu le livre, oui, bien sûr, il me l'a même dédicacé ! " ajoute-t-elle avec un sourire attendri. On ne vérifiera pas le nombre de bouches d'égout entre l'hôtel et l'entrée du jardin, ni le nombre d'arbres que compte le Luxembourg.

Marie-Paule, la dame pipi existe bien elle aussi.  Elle s'appelle Valérie. Elle n'est pas au courant du livre mais ça la fait sourire de savoir qu'elle est un personnage principal. "C'est vrai que ma mère était déjà dame pipi ici avant moi. Comment il sait ça ? Ca alors c'est la meilleure…".  Elle accepte que je la photographie et note le titre du livre. Elle ne se souvient pas d'un homme avec des béquilles. Non. Mais elle achètera le livre. "Ça fera rire maman", ajoute-t-elle, en demandant 40 centimes à un homme qui essaie de resquiller pendant qu'on discute.

L'enfant grec
Vassilis Alexakis
Editions Stock
320 pages / 20 Euros

Lire la critique de "L'enfant grec" sur Culturebox
 

"- C'est l'abbé qui a construit l'hôtel pour accueillir des filles perdues, ai-je suggéré au gérant, un homme frêle au visage étroit et à la chevelure épaisse. Il ne les faisait pas payer, mais les obligeait à réciter des prières. Certaines chambres étaient à cinquante Ave par jour, d'autres comme celle que j'occupe, à cent dix, avec le petit déjeuner compris. Il a eu un sourire un peu fatigué."
 (Laurence Houot / Cullturebox)
"Mon handicap m'oblige à regarder bien plus attentivement que je ne le faisais par le passé les vitrines des magasins et les façades des immeubles. Je suis devenu une sorte d'inspecteur des rues. Je connais par cœur les titres des ouvrages exposés chez un libraire de livres anciens, je pourrais décrire la plupart des bijoux fantaisie présentés dans une autre vitrine."
 (Laurence Houot / Culturebox)
"Je trouve excessif le nombre de bouches d'égout que je vois sur mon chemin : il y en a sept entre l'hôtel Perreyve et le jardin. On dirait que les canalisations sont habitées et que chaque locataire dispose de sa propre voix d'accès. Ces entrées sont fermées par des tampons ronds en fonte, troués au centre par une ouverture large comme la main. L'une d'elle est entourée d'entailles disposées à la manière des rayons du soleil : je me dis qu'elle doit être réservée au chef des égoutiers."
 (Laurence Houot / Culturebox)
"Les allées du Luxembourg ont la même couleur que la mer à l'heure du couchant."
 (Laurence Houot / Culturebox)
"Il y a trois mille quatre cents arbres dans le jardin, des marronniers, des platanes, des tilleuls, des sophoras, des robiniers dont les fleurs sentent si bon (…) Il paraît qu'il y a même un cyprès, un seul, mais je n'ai jamais réussi à le localiser."
 (Laurence Houot / Cullturebox)
"Elle m'a appris qu'on y produit également du miel qui, lui, est vendu au public au début de l'automne.
- La pépinière et les ruches se trouvent dans le sud du jardin, vers la rue Auguste Comte. Le miel aussi est bon, paraît-il, mais je n'y ai jamais goûté, savez-vous pourquoi? Les abeilles négligent la petite source d'eau qu'on a créée exprès pour elles et préfèrent s'abreuver à la pissotière qui est réservée aux joueurs de boules."
 (Laurence Houot / Culturebox)
"Elle m'a fait l'éloge des fruits qui sont cultivés sur place et sont offerts aux pauvres."
 (Laurence Houot / Culturebox)
"L'auberge est un pavillon en bois peint en vert, dont les murs extérieurs sont constitués dans leur partie supérieure par des panneaux vitrés. Je suis devenu un habitué du lieu : le serveur se presse de m'ouvrir la porte, il me débarrasse de mes béquilles. Je choisis toujours la même place, qui me permet de regarder les joueurs de basket et de surveiller la dernière feuille encore en vie."
 (Lauence Houot / Culturebox)
"C'est vrai qu'il aimait venir ici (Lenine) à l'époque où il habitait Paris. C'était avant la révolution d'Octobre. Il était tombé amoureux d'une chaisière nommée Jeannette. Il avait tenté de la séduire, mais Jeannette lui avait résisté. Les chaises étaient payantes à l'époque. Elles ne sont devenues gratuites qu'en 1975."
 (Laurence Houot / Culturebox)
"Le jardin du Luxembourg est devenu mon nouveau pays. La sympathie que j'éprouve pour la dame qui s'occupe des toilettes me paraît bien naturelle : c'est une compatriote en quelque sorte."
 (Laurence Houot / Culturebox)
"La comtesse vieillit à chaque pas. A trois pas elle n'est plus qu'une vieille dame âgée. Son buste me rappelle un de ces contes, où une petite fille découvre effrayée le matin qu'elle est devenue une femme. Je ne croyais pas beaucoup à ce genre d'histoire quand j'étais enfant. A présent, je sais qu'on peut passer très vite d'un âge à un autre."
 (Laurence Houot / Culturebox)
"Je songe encore qu'il se serait arrêté davantage que je ne l'ai fait au bord du grand bassin à regarder flotter les voiliers, peut-être même en aurait-il loué un, surtout s'il avait su que ces bateaux ont quatre-vingt ans d'âge : on change régulièrement leurs voiles, on les repeint souvent, ce sont néanmoins ceux-là même utilisés par leur créateur, un certain Clément Paudeau, qui a lancé cette petite affaire en 1927. Aris se souvenait mieux que moi de notre enfance. Il est mort sans avoir vieilli : la vie ne lui en a pas laissé le temps."
 (Laurence Houot / Culturebox)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.