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Proust et la reine Victoria en étaient fans : la romancière anglaise George Eliot entre dans la Pléiade

Pas aussi connue que Jane Austen, les soeurs Brontë ou Virginia Woolf, cette romancière anglaise du XIXe siècle faisait pourtant pleurer Marcel Proust.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Porrtait de la romancière et journaliste anglaise George Eliot, Mary Ann Evans (1819 - 1880) (SIPA)

La romancière anglaise du XIXe siècle George Eliot entre à la Pléiade avec deux chefs-d'oeuvre qui restent méconnus en France. Middlemarch, précédé de Le Moulin sur la Floss est le titre de ce volume de 1600 pages, publié ce jeudi 10 septembre 2020 dans la collection de référence des éditions Gallimard.

Couverture du volume de la Pléiade "Middlemarch, précédé de Le Moulin sur la Floss", de George Eliot 2020 (GALLIMARD / PLEIADE)

"Le plus grand romancier anglais contemporain"

Dans le monde francophone, cette autrice anglaise qui avait choisi de s'appeler George, comme la Française George Sand n'a pas aujourd'hui la renommée de Jane Austen, des soeurs Brontë ou de Virginia Woolf. 

Pourtant, "lorsqu'elle mourut, le 22 décembre 1880, George Eliot fut célébrée comme le plus grand romancier anglais contemporain. Mais son oeuvre ne tarda pas à tomber dans le discrédit attaché, au début du XXe siècle, à tout ce qui relevait de l'époque victorienne", explique en préface l'universitaire Alain Jumeau.

Mary Ann Evans était née en 1819, dans la classe moyenne, d'un père qui avait parié sur son intelligence. Elle mit à profit son instruction en devenant une fine lettrée, traduisant le latin, le français et l'allemand.

Féministe à sa manière

A une époque où les femmes étaient cantonnées  aux "bluettes", ces "Romans stupides écrits par des dames", disait-elle dans un pamphlet écrit avant ses romans, elle se cache derrière son pseudonyme androgyne pour espérer une critique honnête.

Mais on aurait tort de la réduire au féminisme, mouvement avec lequel elle a toujours entretenu des rapports compliqués. "Eliot ne mit jamais en scène de femmes accomplies en dehors de leur foyer, des femmes qui auraient bravé les conventions de leur milieu, mais elle a su retracer avec bienveillance et brio leurs défaites au sein d'un monde qui sous-estimait gravement leurs capacités", selon Alain Jumeau.

Appréciée par la reine Victoria et par Marcel Proust

Le Moulin sur la Floss (1860), en partie autobiographique, raconte l'histoire d'un frère et d'une soeur dont l'un réussit dans les affaires, trandis que sa soeut souffre du carcan dans lequel toute femme est attachée dans la société rurale conservatrice de l'époque. "L'Allemagne, l'Italie, bien souvent la France me laissent indifférent. Mais deux pages du Moulin sur la Floss me font pleurer", racontait l'anglophile Marcel Proust.

C'est aussi à l'occcasion de la parution de cet ouvrage que le monde découvre qui se cache derrière le pseudonyme. Jusque-là, la presse avait imaginé que cet l'auteur d'un premier roman apprécié par la reine Victoria elle-même, Adam Bede, devait être un pasteur ou quelqu'un d'autre, mais en otus cas pas une femme. 

Middlemarch, sorti par volumes successifs entre 1871 et 1872, fut un événement littéraire européen. Le roman est paru en version originale en même temps à Londres, Paris et Berlin. Mais il a fallu attendre encore longtemps pour que soit traduite cette fresque ambitieuse située dans une ville fictive des Midlands qui rappelle fortement Coventry.

Une vie tumultueuse

"La plupart de ceux d'entre nous qui choisissent un sujet de prédilection se souviennent d'une certaine heure, un matin ou un soir, où nous sommes montés sur un haut tabouret pour atteindre un volume inexploré, ou bien nous avons écouté, bouche bée, un nouvel orateur, ou bien, faute de livres, nous avons commencé à écouter nos voix intérieures, et nous voyons là la première trace du début de notre amour", écrit-elle. Pour elle, c'était le roman.

Mercredi sort également la traduction d'un roman biographique retraçant sa vie aventureuse. Une passion pour George Eliot de la Britannique Kathy O'Shaughnessy ("In Love With George Eliot", 2019), salué par la critique, reste prudent sur la mort tragique du dernier compagnon de la romancière, de 20 ans son cadet, qui s'est jeté dans le Grand Canal lors de leur voyage de noces à Venise.

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