"Terminus Malaussène" : Daniel Pennac réunit sa tribu pour un bouquet final
C’est LE livre que tout le monde attendait pour cette rentrée littéraire d’hiver : "Terminus Malaussène" de Daniel Pennac est tout simplement jubilatoire.
Les éditions Gallimard annonçaient en novembre qu'avec Terminus Malaussène, Daniel Pennac mettait fin à son incroyable saga à succès. Est-ce réellement un terminus ou une nouvelle escale ? Partons sur la vérité du moment, Terminus donc. En attendant peut-être le mensonge de demain, un neuvième tome.
Bouquet final
D’ici là, toute la smala est là. La tribu donc, avec Benjamin, bouc émissaire qui reçoit les plaintes des clients d'un grand magasin, sa maman libre, éternellement enceinte, ses six frères et soeurs nés de pères différents, Julius le chien, et tous les autres. Le lecteur retrouve avec nostalgie des êtres, des proches perdus de vue. Et ce n’est pas grave s’il en a oublié certains et en reconnait à peine d’autres. Il y a un air de famille. La tribu est au complet. Et, surtout, il y a Pépère. Un méchant comme on n’en fait plus, un vrai de vrai. "Qui ne connaît pas Pépère ne sait pas de quoi l’humain est capable". Pour le pire, et le pire. Un expert ès crimes et recruteur d’une armée d’élèves doués pour le mal.
Le huitième tome de Daniel Pennac, Terminus Malaussène (éditions Gallimard), ne se résume pas, il se lit. Il y a beaucoup de péripéties, d'aventures, de rebondissements... Il y a les maux d'aujourd'hui et ceux d'hier. Et tant pis ou tant mieux s’il y a de nombreux personnages (trop ?), ça fuse dans tous les sens et les dialogues font mouche à chaque fois. Parce que ça cause comme chez Audiard. Si. Les tontons flingueurs ne sont pas très loin. Comme dans ses précédents romans, il y a de la révolte et de fantaisie dans l’air. Pour ce bouquet final, l'auteur de La petite marchande de prose se joue des codes du polar. La recette de Daniel Pennac ne se dément pas.
Jubilatoire
Daniel Pennac a entamé la saga Malaussène en 1985 avec Au bonheur des ogres. Plus précisément trois ans plus tôt, en 1982, quand il s’est attelé à l’écriture de ce qui séduira plus tard plus de cinq millions de lecteurs. Et c’est dans le quartier cosmopolite parisien de Belleville que l’auteur de La fée carabine situe son œuvre. Avec une inventivité jubilatoire, il se plaît à voyager entre le passé et le présent pour saisir cet univers foisonnant, haut en couleurs. La nostalgie seule n’explique pas l’enchantement de ce dernier opus. Il porte avec lui un espoir, nourri d’un verbe enfiévré. Un livre qui fait du bien. Terminus est une œuvre tendre, rieuse, ironique et complice. Vivement le neuvième tome.
("Terminus Malaussène", Daniel Pennac, Gallimard, 23 euros)
Extrait : "Si tu entends un truc à la radio du matin (il a toujours tenu à ce qu’ils s’informent, journaux, radios, qu’ils ne soient pas abonnés aux seuls bruits qui courent), même un pipotage de la météo, garde-le pour toi. Si tu captes des fake news sur ton écran, pareil. Ne répète pas. Laisse-toi le temps de la digestion. Tu recoupes l’info avec les copains, au besoin, vous me demandez, et après seulement tu peux parler. Mais juste si ça en vaut la peine. Parce que franchement, dire qu’il fait beau quand le ciel est bleu, tu vois l’urgence, Frédéric ? Non. Tout bien réfléchi, Frédéric ne voit pas."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.