"Un adolescent amoureux" : Robin Josserand dresse le portrait d'un lycéen homosexuel en mal d'amour

L’écrivain lyonnais continue de questionner le désir et l’altérité. Il signe avec "Un adolescent amoureux" un roman puissant sur la sexualité d’un lycéen enfermé dans une logique destructrice.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Portrait de l'écrivain Robin Josserand. (Francesca Mantovani ©Gallimard)

Après Prélude à son absence (éditions Mercure de France), Robin Josserand revient avec un second roman, Un adolescent amoureux, sorti le 22 août au Mercure de France, tout aussi habité par l’urgence et une forme de désespérance. Un roman plein de rage, d’interdits, de désirs refoulés.

Nous sommes dans les années 2000, dans une ville de province assez terne, voire désertée par l’espoir. Une ville salle d’attente, avant de partir ailleurs ou de rejoindre le cimetière. Le narrateur, un jeune lycéen de 17 ans, aime un nouveau camarade, voyou à la virilité débordante. Sauf qu’à cette époque, dans cette ville grise, il ne peut pas aimer un garçon. Alors, il le désire en cachette ; il le désire tellement qu’il se prend à mimer l’Autre, à devenir l’objet de son amour. Il l’a nommé Arture, clin d’œil ironique à Arthur Rimbaud. "Comme Arture, qui ne lit pas, je prétends que la lecture, c’est nul, et que tous les livres sont barbants".

"La lecture, c’est nul"

Avec son écriture à vif, alerte et percutante, Robin Josserand décrit un adolescent en mal d’amour, un peu perdu, un peu lâche, qui se débat avec lui-même et avec les autres. L’auteur lyonnais dépeint les ravages de la non-communication et des non-dits, dont l’un des effets est l’isolement psychologique et physique du narrateur qui trouve refuge dans les fantasmes. "Ma première fois serait une telle ivresse qu’en vérité je crois que je ne la supporterais pas. Toucher un garçon tient du merveilleux et de l’extraordinaire. Je gâche délibérément, et avec obstination, les plus belles années de mon existence".

Comme dans son premier roman, truffé de références littéraires, le narrateur s’exprime à la première personne. Il se livre sans retenue, crûment parfois. Avec une totale sincérité et avec aussi cette impression d’être seul contre tous. Parce que le lycéen en Terminale se heurte à une société fermée, à une ville hostile, à un environnement familial bienveillant mais aveugle. Au point de passer à côté de  sa jeunesse. A sa mère qui lui conseille de lire Roland Barthes car c’était de son âge, le narrateur refuse. "Non, puisque je n’ai pas d’adolescence. Tu sais bien, chère mère, que ma jeunesse n’existe pas".

Est-ce de l’autofiction ? Un adolescent amoureux peut se lire comme un prequel, antépisode, de Prélude à son absence. Avant de devenir adulte, le futur bachelier, enfiévré, est torturé par ses besoins physiques et souffre de son insatiable besoin d’amour. L’adolescent est pris dans une logique stérile. Les amours chastes créent en lui des frustrations destructrices. Toute l’écriture de Robin Josserand tend à ce point de rupture.

Un adolescent amoureux, Robin Josserand, Mercure de France, 16,50 euros

Couverture du livre "Un adolescent amoureux" de Robin Josserand. (Mercure de France)

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