Un Prix littéraire, ça paye !
Les romans en compétition pour les prix d'automne sortent en majorité lors de la rentrée littéraire. Pour la bonne santé de l'édition, mieux vaut six prix attribués à six livres que des doublés qui n'apportent pas de coefficient multiplicateur aux ventes d'un ouvrage primé deux fois.
Pour les lauréats 2012, "la hausse des ventes sera immédiate, avec un pic lors des fêtes de fin d'année", explique l'institut GfK Consumer Choices qui publie une étude sur l'impact des prix littéraires sur les ventes: "Les trois dernières semaines de l'année représenteront entre 25 et 35% de leurs ventes totales", assure Sébastien Rouault, chef de groupe Livre chez GfK. "Les prix littéraires restent des rendez-vous attendus par les
consommateurs et sont décisifs pour la tonicité du marché du livre", ajoute l'institut.
L'an dernier, les ventes hebdomadaires du Goncourt, "L'Art français de la guerre" (Gallimard) d'Alexis Jenni, ont été multipliées par dix après le prix ! Pour des ventes totales de 205.000 exemplaires sur l'année, indique cette étude de GfK, basée sur plus de 3.500 points de vente en France. Les ventes de ce premier roman d'un auteur inconnu avaient démarré relativement lentement avant le Goncourt. Le coefficient multiplicateur a été de 2,5 pour le Renaudot 2011, "Limonov" (P.O.L) d'Emmanuel Carrère, dont les ventes totales ont atteint 195.000 exemplaires l'an dernier. Le roman s'était déjà bien vendu avant d'être couronné.
Littell bat tous les records
"L'effet prix littéraire" a été très perceptible pour d'autres romans primés, même si leurs ventes totales sont restées plus modestes. Ainsi, le Médicis 2011, "Ce qu'aimer veut dire" de Mathieu Lindon (P.O.L), sorti en mars, a vu ses ventes hebdomadaires multipliées par quatre, pour un total de ventes de 35.000 exemplaires sur l'année. "Jayne Mansfield 1967" (Grasset) de Simon Liberati a vu ses ventes multipliées par 4,5 les dix dernières semaines de 2011, pour un total de 28.000 exemplaires sur l'année. "Retour à Killybegs" (Grasset) de Sorj Chalandon, Grand prix du roman de l'Académie française, a bénéficié d'un coefficient multiplicateur de deux, pour
des ventes totales de 40.000 exemplaires en 2011. Enfin, les ventes de "Tout tout de suite" (Fayard) de Morgan Sportès, couronné par l'Interallié, ont été multipliées par 1,5 après le prix, pour 30.000 ventes sur l'année.
Concernant les meilleures ventes, par prix, pour la période 2005-2011, le roman de Jonathan Littell "Les Bienveillantes" (Gallimard), Goncourt et Grand prix de l'Académie française en 2006, a battu tous les records avec 503.000 exemplaires vendus l'année de son sacre. "Chagrin d'école" (Gallimard) de Daniel Pennac, Renaudot surprise en 2007 (l'auteur n'était pas finaliste), l'a talonné avec 438.000 ventes l'année du prix, suivi de "Où on va papa ?" (Stock) de Jean-Louis Fournier, prix Femina en 2007, avec 317.000 ventes l'année de son couronnement.
"La possibilité d'une île" (Fayard) de Michel Houellebecq, distingué par l'Interallié en 2005, s'est écoulé à 203.000 exemplaires l'année du prix. Le Goncourt attribué au même Houellebecq en 2010 pour "La Carte et le territoire" (Flammarion) a atteint 490.000 exemplaires l'année du prix...
Cette rentrée littéraire, 1,3 million de livres se sont vendus au total entre mi-août et mi-octobre 2012, générant un chiffre d'affaires de 24 millions d'euros.
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