"Une bonne action" : un bon roman noir à l’ancienne signé David Baldacci
Il y a du Dashiell Hammett et Raymond Chandler dans Une bonne action (Editions Talent), le dernier livre de David Baldacci. Noir corbeau est la couleur de ce roman qui se déroule dans les rues poussiéreuses de Poca City, dans le sud-ouest des Etats-Unis. Nous sommes loin de l’ambiance du premier livre de David Baldacci, Les pleins pouvoirs, au succès instantané et international. On quitte les arcanes du pouvoir pour le caniveau, avec un anti-héros atypique, entier. Aloysius Archer n’est pas président, il sort de prison pour un crime qu’il n’a pas commis. Aloysius Archer est sans le sou. David Baldacci décrit avec une rare précision l’Amérique des années fin 40 début 50, une Amérique rurale et faussement puritaine, une Amérique en mutation.
Noir c’est noir
Avec Une bonne action, l’ancien avocat qui a tout lâché pour l’écriture revient aux fondements du roman noir : un anti-héros blasé, revenu de tout, une femme fatale, des méchants vraiment méchants flanqués de sbires insupportables, une intrigue simple au premier regard et des personnages secondaires essentiels. Et, bien sûr, l’alcool omniprésent. Aloysius Archer, donc. Tout juste sorti de prison, il n’a pas envie d’y retourner et surtout pas une nouvelle fois pour un crime dont il est innocent. Chargé de récupérer une dette par un homme d’affaires intrigant, Aloysius Archer voit son univers vaciller après être accusé de meurtre. Il risque, cette fois-ci, la pendaison. Alors, Aloysius Archer enquête. Les secrets de Poca City remontent à la surface.
Dans l’Amérique de l’après-guerre, Archer dénote par son progressisme. Au contact de femmes à forte personnalité, il ne sent pas sa virilité en danger. Bien au contraire. Ses relations avec Ernestine Crabtree, son agent de probation ou encore son amante Jacky sont loin d'être stéréotypées.
Noir c’est noir. Sans aller jusqu’à la désespérance d’un David Goodis ou la noirceur d’un Jim Thompson, David Baldacci dissèque une société en mal de perspective et qui ne croit guère en des lendemains qui chantent. L’aube n’annonce qu’un jour de plus qui s’égrène, encore et encore, et non une promesse d’un monde nouveau. Ce temps immuable fige Paco City dans un conservatisme stérile. Le personnage central de David Baldacci dépoussière cette ville par sa personnalité, ses combats. Il la met face à ses contradictions. Et avec un style incisif, avec Une bonne action, il renouvèle le roman noir.
"Une bonne action", David Baldacci , Editions Talent, 21,90 euros
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