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"Une partie de badminton" : Olivier Adam raconte les déboires d'un homme moderne

Après "Chanson de la vie silencieuse", Olivier Adam livre avec "Une partie de badminton" (Flammarion) le récit des mésaventures familiales et professionnelles d'un écrivain sur le déclin. 

Article rédigé par Manon Botticelli
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'écrivain Olivier Adam en 2014 à Paris.  (BERTRAND GUAY / AFP)

Dans Une partie de badminton, Olivier Adam invoque son double fictionnel, Paul, un écrivain en manque de succès. Publié chez Flammarion, l'auteur de Je vais bien ne t'en fais pas (Le Dilettante, 1999) et Des vents contraires (éditions de l'Olivier, 2009, Grand prix RTL-Lire), plusieurs fois sélectionné pour le prix Goncourt, revient à ses thèmes de prédilection : la classe moyenne et l'inadaptation sociale.

Ce dernier mal semble accabler Paul, le personnage principal d'Une partie de badminton. Après avoir tenté sa chance dans la capitale, cet écrivain sur le déclin retourne habiter en Bretagne, près de Saint-Malo, avec sa femme Sarah et ses enfants, Manon et Clément. Le changement est amer après avoir goûté au succès littéraire et au dynamisme culturel de la vie parisienne. "En matière de littérature, le succès, l'échec, tout cela lui semblait relever en partie du malentendu, de l'air du temps et des circonstances." La situation est difficile pour toute la famille qui doit faire face aussi aux difficultés financières. Sarah a réussi à être mutée dans un lycée de Rennes et donne des cours de Français aux migrants d'un centre d'accueil. Paul a quant à lui obtenu un poste de journaliste localier dans l'hebdomadaire du coin.

Mésaventures en cascades

A l’incertitude et à l’amertume vont s'ajouter une avalanche de problèmes, d’un genre un peu moins commun que des ventes de livres en berne. Paul apprend que Sarah a une liaison de longue date avec Lise, une vieille amie. Manon, l'adolescente, ne se fait pas à sa nouvelle vie loin de la capitale, "ses parents avaient gâché sa vie, affirmait-elle". Encore, Paul apprend la mort d'un ami écrivain qu'il avait perdu de vue depuis longtemps, et dont le décès fait émerger des secrets jusque-là bien enfouis. Enfin, qui est cette mystérieuse jeune femme qui semble rôder autour de Paul ?

A l'image du ciel turbulent et orageux de Bretagne, l'esprit de Paul est sans cesse en émoi. Au gré des turbulences qui secouent sa vie, le narrateur questionne son environnement et son statut. Les péripéties s'enchaînent sans qu'un scénario ne se dessine avant le milieu du roman, dont l’histoire devient vraiment prenante vers la fin.

Une partie de badminton se présente au début comme le récit de la vie plutôt quelconque d'un écrivain ayant perdu le succès, père de famille et époux aux relations familiales conflictuelles. Ce qu'on attend finalement d'un roman d’Olivier Adam. "Un des enjeux de ma démarche littéraire est de parler du commun, de la vie que nous menons tous" disait-il aux caméras de France Télévisions en 2012. Si l’on regrette des personnages parfois caricaturaux, l’histoire amène habilement plusieurs thèmes intéressants, donnant de la saveur au roman. En première ligne, l’opposition entre le microcosme intellectuel parisien et la France périphérique, la peur du déclassement social et les dangers des préjugés.

Une partie de badminton, le nouveau roman de l'auteur Olivier Adam paraît le 21 août 2019. (FLAMMARION)
Une partie de badminton, Olivier Adam (Flammarion - 400 pages - 21 €)

Extrait

"Mais il y avait autre chose. La décision qu'il avait prise de quitter leur vie ici. Pourtant, alors, cela avait eu la force de l'évidence. Et l'assentiment de Sarah, même s'il en avait été surpris, ainsi que sa détermination, sa démesure presque (elle avait eu l'air soudain si soulagée à l'idée de partir) avaient tout entériné. Aujourd'hui tout cela lui apparaissait comme un caprice. Une lubie. Et il lui semblait avoir pris tant de tournants de ce genre dans sa vie. Sur des coups de tête qui dans l'instant étaient à ses yeux le fruit de réflexions étayées, et dont six mois plus tard il ne comprenait plus le sens. Des amitiés qu'il avait maltraitées – avec Aurélien au premier chef. Des projets dont il s'était retiré. Des éditeurs qu'il avait trahis pour on ne sait quelle perspective chez un de leurs concurrents. Des livres qu'il n'avait pas écrits. D'autres dans lesquels il avait négligé de s'inquiéter de blesser les siens (…) Bien sûr, tout cela était maintenant derrière eux. Ils étaient revenus ici, ou pas loin, de l'autre côté du barrage, ce n'était déjà plus une vie ancienne, mais la même qui continuait après cinq années de parenthèses."

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