: Vidéo Comment Houellebecq a fini par décrocher le Goncourt
Ce lundi de novembre 2010, c'est la consécration pour Michel Houellebecq : enfin le prix Goncourt pour "La Carte et le Territoire". Mais pourquoi le surdoué des lettres françaises n'a-t-il pas décroché le graal plus tôt ? Extrait de "Complément d'enquête" du 5 septembre 2019.
Michel Houellebecq serait-il mauvais perdant ? En 2001, il rate le Goncourt. "Mon éditeur, Flammarion, n'avait pas de ligne budgétaire pour acheter les jurés", raconte-t-il partout pour expliquer que le plus prestigieux des prix littéraires lui soit passé sous le nez. En 2010, enfin couronné (pour La Carte et le Territoire), apaisé, il en dit le plus grand bien.
Depuis douze ans il l'attendait, ce Goncourt, après trois échecs. Mais pourquoi le surdoué des lettres françaises n'a-t-il pas décroché le pompon plus tôt ? "Complément d'enquête" revient sur la question dans un portrait à voir le 5 septembre 2019.
1998 : "Ça aurait dû être son année"
En 1998, avec Les Particules élémentaires, le jeune quadra y croit dur comme fer : le Goncourt est pour lui. Pour le journaliste de L'Express Jérôme Dupuis, "ça aurait dû être son année. Il sort un bon roman, il est jeune..." Aussi, il ne digère pas de se faire doubler par une quasi-inconnue, Paule Constant. Sur les plateaux télé, sourire aux lèvres, il dénigre un livre "médiocre", jugeant le sien "bien meilleur".
Dans une émission de Thierry Ardisson, la mine embarrassée, l'écrivain assume ses accusations de corruption, tout en plaidant l'imprudence : "Je pensais que tout le monde le savait..." Si Françoise Chandernagor, membre du jury, se récrie, l'ex-éditeur de Houellebecq Raphaël Sorin confirme : "C'est un peu vrai, ce qu'il dit !"... mais ne citera pas de noms.
2001 : la polémique de trop
Rebelote en 2001 : Plateforme passe à côté de la récompense suprême. Il est vrai qu'il y a eu la polémique au sujet de "l'islam, la religion la plus con" – des propos tenus par Houellebecq lors d'une interview au magazine Lire à la sortie du roman. En 2005, c'est La Possibilité d'une île... et à nouveau celle d'un prix Goncourt. Encore raté – à une voix près (ce sera l'Interallié, prix de consolation).
2010 : le changement de stratégie
Pour son cinquième roman et sa quatrième tentative, l'auteur va changer d'éditeur... et de stratégie. C'est Teresa Cremisi qui prend en main l'écrivain. Elle lui interdit toute polémique. "Vraiment, elle l'a assagi, affirme le journaliste du Figaro Mohammed Aïssaoui. Grâce à son éditrice, en 2010, il s'est vraiment tenu à carreau." Et cette fois-ci, ça marche...
Extrait de "Michel Houellebecq : moi, moche et méchant ?", à voir dans "Complément d'enquête" le 5 septembre 2019.
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