Salman Rushdie très attendu au salon du livre de Francfort
Quelques mois après les attentats contre Charlie Hebdo en France, "nous ressentons une forte politisation cette année, la liberté d'expression sera un thème important", explique Jürgen Boos, directeur du salon.
Les origines de ce rendez-vous des professionnels du secteur remontent au Moyen-Âge et à l'invention de l'imprimerie par Johannes Gutenberg, sur les bords de la rivière Main, qui traverse Francfort. Dès la conférence de presse d'ouverture interviendra l'écrivain britannique Salman Rushdie, visé en 1989 par une fatwa de l'ayatollah iranien Khomeini pour ses "Versets sataniques". Plus de 25 ans plus tard, cette apparition sous sécurité renforcée indispose l'Iran, qui a décidé mercredi de boycotter le salon et a demandé aux pays musulmans de faire de même, alors que l'Indonésie, Etat comptant le plus de musulmans au monde, est l'invité d'honneur de la manifestation.
Le thème des barrières, des frontières et de la lutte contre l'extrémisme sera au centre des discussions pendant trois jours d'une vingtaine d'écrivains du monde entier, sous la houlette de la Danoise Janne Teller. Menée pour la deuxième année consécutive, cette initiative, baptisée "Frankfurt Undercover" et non publique, vise à faire émerger un manuel d'idées, à destination notamment des dirigeants politiques.
Portes ouvertes pour les réfugiés
Les réfugiés, dont l'Allemagne connaît un afflux sans précédent, trouveront portes ouvertes, avec des billets gratuits mis à leur disposition et des visites guidées organisées en fonction de leur pays d'origine. La question de l'accès à la culture dans les camps de réfugiés sera abordée lors d'une conférence, tandis que la fédération des écrivains allemands doit lancer un appel à davantage de solidarité à l'égard des personnes ayant fui la violence dans leur pays.
L'Indonésie à l'honneur
Contrairement à ce qui a souvent été le cas les années précédentes, les allées du centre des congrès de Francfort ne frémiront pas à l'annonce du Prix Nobel de Littérature, décerné ce jeudi à la Bélarusse Svetlana Alexievitch pour son opposition par la littérature au régime autoritaire de son pays.
Mais les auteurs de renommée internationale seront nombreux à venir présenter leurs oeuvres, à l'instar de Ken Follett, qui viendra parler de l'adaptation en jeu vidéo de son roman à succès "Les Piliers de la Terre", de la Chilienne Isabel Allende, du Danois Jussi Adler-Olsen ou de l'anthropologue britannique Nigel Barley.
L'auteure indonésienne Laksmi Pamuntjak viendra avec son dernier opus "The Question of Red", une histoire d'amour au moment de la violente répression contre les communistes dans les années 1960 en Indonésie. Elle sera, aux côtés de la féministe Ayu Utami ou d'Eka Kurniawan, l'une des soixante-dix auteurs qui présenteront à Francfort la littérature de leur pays.
Au-delà de l'archipel aux 17.000 îles, c'est toute l'Asie qui sera particulièrement mise en avant, avec davantage d'exposants que l'année passée en provenance de Malaisie, Thaïlande, Vietnam ou Singapour. Les Philippines seront représentées pour la première fois. Avant d'être à l'honneur du salon en 2017, la France a également renforcé sa présence, tout comme le Brésil ou l'Argentine.
La Foire de Francfort est aussi l'occasion pour le secteur de l'édition, qui pèse encore 114 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel mondialement, d'échanger sur ses mutations. Parmi celles-ci la concentration croissante des maisons d'édition, renforcée par la naissance à l'été 2013 du géant Penguin Random House ; la disparition de grandes chaînes de librairies, les Etats-Unis n'en comptant plus qu'une et l'Allemagne deux; la co-existence toujours tendue du papier et de l'électronique. Représenté à certaines tables rondes, Amazon focalisera beaucoup d'attention, tant le géant internet américain est devenu incontournable dans l'univers du livre.
Le salon de Francfort, qui se tient du 14 au 18 octobre, est d'abord réservé aux professionnels, avant d'ouvrir au grand public pendant le week-end.
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