Agression de Salman Rushdie : "J'ai l'impression que la colère vous fait reculer", affirme l’écrivain

L’écrivain Salman Rushdie a publié son dernier livre Le couteau, le récit de la tentative d’assassinat dont il a été victime, publié aux éditions Gallimard. Qu’est-ce qui l’a poussé à écrire ce livre ? "Au début je ne souhaitais pas le faire, et puis j’ai appris. J’ai vu que cela prenait une telle place dans mon esprit que je ne pouvais pas faire autre chose que de prendre le stylo et d’écrire. Puis mon état d’esprit a changé, j’ai tout à coup eu le sentiment que j’avais l’impression de recontrôler le récit", explique l’écrivain Salman Rushdie, invité des "4 Vérités" de France 2, jeudi 9 mai.

Est-ce que cela a commencé comme une thérapie pour devenir le plaisir d’un écrivain, récompensé par le prix Constantinople ? "Pas exactement une thérapie, parce qu’une thérapie, j’en fais en parallèle. La thérapie, c’est la thérapie. L’écriture, c’est l’écriture. […] Lorsque vous êtes attaqué comme je l’ai été, on perd sa force, en écrivant on retrouve cette force", détaille l’écrivain.

"Je pense que ce jeune homme est une exception"

Pourquoi cette attaque maintenant ? "Je pense que ce jeune homme est une exception. Il n’est pas représentatif de beaucoup d’autres. Je pense qu’il est allé au Liban, il a rendu visite à son père et c’est à ce moment-là qu’il a été radicalisé pendant son séjour là-bas. Il s’est demandé de ce qu’il allait faire, il lui a fallu quatre ans pour trouver la cible, c’était moi malheureusement", développe Salman Rushdie.

L’écrivain arrive-t-il à être sage malgré cette attaque ? "Je n’ai pas ce sentiment de colère, dès le début d’ailleurs. Immédiatement après l’attaque, c’est un peu l’émotion que je n’ai pas ressentie. Je ne sais pas exactement pourquoi. Mais j’ai l’impression que la colère vous fait reculer, moi j’avais besoin d’abord de survivre, ensuite de guérir, d’aller mieux et tout cela signifie aller de l’avant. La colère signifie régresser, je n’ai pas le temps de régresser", conclut-il.