Agression de Salman Rushdie : Riss appelle à ne pas laisser l'autocensure "restreindre le périmètre de liberté"
"On ne peut pas non plus vivre prisonnier du fanatisme des autres", lance Riss, le directeur de "Charlie Hebdo", qui rend hommage à l'auteur de "Versets sataniques" depuis 33 ans sous la menace d'une fatwa et qui a été attaqué à coups de couteau aux États-Unis, le 12 août.
Charlie Hebdo dédie son prochain numéro, à paraître mercredi, à Salman Rushdie, l'auteur des Versets sataniques hospitalisé après avoir été poignardé à plusieurs reprises aux États-Unis. "Un hommage en forme d'éclats de rire", indique Riss, directeur de Charlie Hebdo, mardi 16 août sur France Inter. "C'est une couverture où l'on voit Salman Rushdie enfin vivre normalement et sortir incognito dans la rue", précise-t-il, alors que l'écrivain est la cible depuis plus de 30 ans d'une fatwa de l'Iran.
"On se sent concerné. L'histoire de Salman Rushdie a toujours touché Charlie depuis le début, depuis 1989. C'est quelqu'un qui est victime de l'intolérance religieuse, donc évidemment ça nous touche", poursuit-il.
Riss, directeur de la rédaction de @Charlie_Hebdo_, parle de la Une du journal de demain, consacrée à l'écrivain Salman Rushdie, après la tentative d'assassinat dont il a été victime : "Quelqu'un victime de l'intolérance religieuse, évidemment que ça nous touche"#le69Inter pic.twitter.com/mWAA6QRcKA
— France Inter (@franceinter) August 16, 2022
"J'avais espéré qu'il pourrait reprendre une vie normale, depuis quelques années, mais c'était trop optimiste", se désole Riss, alors que lui-même vit sous protection policière, convaincu pour autant "qu'on ne peut pas non plus vivre prisonnier du fanatisme des autres".
Les intellectuels doivent faire vivre la liberté d'expression
"Nous on n'a jamais oublié les fanatiques, depuis janvier 2015 on a intégré le fait que ça pouvait recommencer. On ne baisse jamais la garde. On est toujours vigilant", assure le directeur de Charlie Hebdo. "C'est pénible, on est obligé de rentrer dans la tête stupide et abrutie [des terroristes] pour anticiper ce qu'ils pourraient faire", déplore-t-il. "On ne s'habitue pas à la menace attentat, on a seulement intégré que cela faisait partie de notre réel, mais on ne se contente pas non plus de déplorer, il faut être actif, offensif, sur le plan des idées", résume-t-il.
Malgré les risques, l'attentat dont Charlie Hebdo a été la cible et l'agression de Salman Rushdie, Riss appelle à ne pas laisser l'autocensure "restreindre le périmètre de liberté sous la pression des menaces". "Les intellectuels, les artistes, les créateurs doivent faire vivre cette liberté d'expression. Ils doivent avoir l'audace et prendre le risque, parfois, d'entrer en conflit avec ce genre d'idéologie religieuse", estime-t-il. "S'ils ne le font pas, qui le fera ?", s'interroge-t-il. "On aimerait que d'autres livres comme les 'Versets sataniques' soient écrits, c'est cela qu'on attend, des livres contemporains de cette audace", conclut-il.
Aujourd'hui "quand on parle des Versets sataniques", écrits par Salman Rushdie en 1988, "on nous dit souvent qu'on ne pourrait plus publier ça. Silencieusement, on a l'impression que le périmètre de liberté se restreint", témoigne Riss, directeur de @Charlie_Hebdo_ #le69Inter pic.twitter.com/lCmFxpkZ5Q
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