Dix choses à savoir sur le salon du livre jeunesse de Montreuil 2021 avec Sylvie Vassallo, sa directrice
Le Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil retrouve avec sa 37e édition sa forme d'avant Covid pour l'instant, augmentée de nouveautés inaugurées l'an dernier pour contourner le confinement. Cette grande fête annuelle de la littérature jeunesse se déroule cette année du 1er au 6 décembre à Montreuil (Seine-Saint-Denis).
Après avoir vécu une année exceptionnelle et un salon réinventé en 2020 pour cause de Covid, le salon du livre jeunesse de Montreuil s'annonce sous de meilleurs auspices cette année, avec un quasi retour à la normale espéré et la pérennisation d'idées imaginées en 2020 pour contourner le virus. Sylvie Vassallo, directrice du salon, partage avec Franceinfo Culture l'état d'esprit et les grandes lignes et nouveautés de cette 37e édition, qui se tient du 1er au 6 décembre 2021 à Montreuil (Seine-Saint-Denis).
Un quasi retour à la normale
Après une édition bouleversée l'an dernier par la crise sanitaire, le 37e salon du livre jeunesse de Montreuil est-il marqué par un retour à la normale ? "Oui et non, ce sera un peu entre les deux", confie Sylvie Vassallo, qui annonce un salon en "réalité augmentée", avec la pérennisation de formes nouvelles lancées l'an dernier. Avec 400 exposants, 180 auteurs, des salles des rencontres, des ateliers, des rencontres professionnelles, le salon fait son retour au présentiel à Montreuil (Seine-Saint-Denis), avec la grande halle d'exposition où "presque tous les éditeurs ont repris un stand, même si les conditions sont difficiles pour les petits éditeurs indépendants", souligne Sylvie Vassallo. "On va retrouver l'ébullition que l'on connaît chaque année, enrichie de dimensions nouvelles expérimentées l'an dernier, comme la Télé du salon, le déploiement du salon sur tout le territoire grâce au partenariat avec les librairies, les bibliothèques et les Centres de connaissance et de culture, et également l'extension des rencontres professionnelles à un niveau international grâce aux rencontres digitales", se réjouit-elle.
Des conditions particulières liées au Covid
"Mais nous ne sommes pas sortis de la crise, donc nous comptons appliquer avec grand sérieux les précautions d'usage : pass sanitaire pour les plus de 12 ans, avec la possibilité pour ceux qui le souhaitent d'effectuer un test à l'entrée du salon". Une jauge est aussi imposée aux groupes scolaires, entre 650 et 700 groupes seront accueillis durant la durée du salon, contre plus de mille avant la crise, avec une présence de trois heures maximum sur le site.
"Nous !"
"Nous !" est le thème choisi par le salon cette année. "Ce qui se cache derrière ce 'Nous !', c'est à la fois une affirmation, et une interrogation. Nous tenions à affirmer l'intérêt du commun, l'importance, et même la nécessité d'être ensemble, de se rassembler, de jouer collectif", souligne Sylvie Vassallo. "C'est d'autant plus essentiel dans une société fractionnée, avec des enfants au cœur de ces fractures". Mais ce "nous" est aussi une interrogation sur le qui nous sommes, sur le rapport à soi, et aux autres", ajoute la directrice du salon. "Chez les philosophes grecs, le 'nous' a une signification liée au savoir, à l'esprit, à la raison, à l'intelligence, et il me semble que la littérature jeunesse permet aussi de penser dans un esprit de communion", ajoute-t-elle.
"L'idée n'est pas d'apporter des réponses, mais de s'interroger sur notre monde à travers le regard des auteurs jeunesse, qui sont à la fois partie prenante du collectif dans le cadre de la chaîne du livre, mais qui ont aussi leur singularité, et qui peuvent être ou avoir été fragilisés, isolés pendant cette crise", note Sylvie Vassallo. "C'est intéressant de voir tout ce qui peut se cacher derrière ce tout petit mot 'nous', qui parle à tout le monde, qui reste ouvert et que chacun peut investir".
Une grande exposition en plein air, ouverte à tous
La grande exposition du salon, habituellement dans les murs, sera comme l'an dernier montée à l'extérieur. "Nous avons décidé de garder l'exposition à l'extérieur pour faire bénéficier au plus grand nombre de ce regard sur la littérature jeunesse", explique Sylvie Vassalo. Baptisée Notre usine à Nous, elle présente une soixantaine d'illustrations géantes, extraites de huit albums publiés récemment. Elle sera installée cette année dans la friche qui jouxte la grande halle d'exposition, et sera ainsi "une sorte de porte d'entrée dans le salon", précise Sylvie Vassallo.
La "Télé du salon" de retour
Lancée l'an dernier pour faire vivre le salon pendant la crise sanitaire, la télé du salon, forte de son succès (500.000 spectateurs à travers le monde) reprend du service cette année. Les programmes seront diffusés pendant la durée du salon de 17h00 à 20h00, sur internet et sur le canal 34 de la TNT, en partenariat avec Vià93 et Muséum TC. "L'idée n'est pas de dupliquer ce qui se passe sur le salon, mais de décliner dans une forme télévisuelle cette fête de la littérature jeunesse, avec des contenus originaux, des émissions littéraires, des actualités, des éclairages sur le dessous des cartes de la création, avec des auteurs, des illustrateurs, toutes sortes d'acteurs du secteur", explique Sylvie Vassallo. La chaîne diffusera aussi des programmes de son partenaire France télévisions, et notamment des épisodes du dessin animé Ernest et Célestine.
Le salon se déploie sur tout le territoire
Une partie de la programmation est déployée dans 500 lieux dans toute la France, 140 librairies, 300 bibliothèques, 130 C.C.C. (Centres de connaissance et de culture). Une inauguration chorale est prévue le 1er décembre avec des rencontres avec les auteurs, des lectures dessinées, dans les librairies partenaires et les bibliothèques et les C.C.C. exposent une forme adaptée de l'exposition, avec des outils pédagogiques associés pour des animations. Ces partenaires mettront également en avant la sélection des Pépites 2021. Tout un dispositif mis en place l'an dernier, que le salon a décidé de pérenniser car il permet "un encrage national, avec des extensions sur les territoires à différentes échelles, des grandes villes comme Lyon ou Bordeaux, aux petites communes rurales", se félicite Sylvie Vassallo.
Un espace dédié pour "Les livres à soi"
Un espace dédié est ouvert cette année au salon à ce dispositif mis en place tout au long de l'année, pour former les parents à la littérature jeunesse et favoriser la lecture dans un contexte familial. "Nous avons voulu mettre en avant sur le salon les actions que nous menons toute l'année en direction des publics les plus défavorisés par rapport à l'accès à la lecture", confie Sylvie Vassallo. Dans le même esprit, Kibookin, le site de préconisation de livres pour la jeunesse et Looping, un dispositif en faveur des enfants en situation de handicap, auront également leur espace dédié au salon cette année. "C'est une manière de montrer notre soucis d'accueillir tous les publics", confie la directrice du salon.
Une "Aire de jeu" pour s'amuser avec la lecture
"Nous avons lancé dans le cadre d'un partenariat avec la CAF 93 un jeu littéraire, avec Carole Chaix et Cécile Roumiguière, que nous avons expérimenté cet été dans le Parc d'attraction littéraire", explique Sylvie Vassallo. Sur la base de cette idée, le salon inaugure un nouvel espace dédié à des jeux littéraires proposés par le salon et par les éditeurs. "Il s'agit encore une fois d'emmener les enfants à la lecture de manière ludique", souligne-t-elle.
Lucie Félix, une jeune et talentueuse Grande Ourse
Le prix de la Grande Ourse, qui célèbre "une œuvre qui présentant un caractère remarquable" a été décernée cette année à Lucie Félix. "Cette jeune auteure talentueuse de 37 ans privilégie et réinvente à chaque album une forme de récit qui met en dialogue l'enfant et le parent dans la lecture", souligne Sylvie Vassallo. "Elle s'inscrit dans la tradition de l'école nouvelle, Montessori et d'autres, qui préconise l'apprentissage par le jeu, et qui met l'enfant au centre, mais elle est aussi une jeune plasticienne, qui comprend la sensibilité des enfants, qui comprend les langues parlées à l'intérieur du cadre familial, avec une grande capacité à trouver des formes narratives narrations qui mettent en jeu le corps, la position du corps, propices au partage nécessaire entre l'enfant et le parent dans ce moment privilégié qu'est la lecture", explique Sylvie Vassallo avec enthousiasme.
Des Pépites "magnifiques"
Ce "Goncourt" de la littérature jeunesse, organisé en partenariat avec FranceTelevisions, un lauréat par catégorie (Livre illustré, Fiction juniors, Bande dessinée et Fiction ados), est élu par des jurys de 36 enfants et adolescents de 8 à 18 ans sélectionnés parmi plus de 600 jeunes ayant cette année répondu à l’appel à candidatures, ainsi qu'une Pépite d'or, choisie dans ces quatre catégories par un jury de professionnels. L'annonce des lauréats des Pépites 2021 sera faite le mercredi 1er décembre à 17h sur la télé du Salon. "Nous avons une magnifique sélection cette année, qui marque notre soucis d'ouverture à des formes narratives diverses, comme la poésie, ou le théâtre, et celui aussi de mettre en lumière des livres essentiels, mais pas forcément repérés", conclut Sylvie Vassallo.
La sélection
Livre illustré :
- Adieu Blanche-Neige, de Beatrice Alemagna (La Partie)
- Changer d’air, de Jeanne Macaigne, Les Fourmis rouges
- Esprit, es-tu là ?, de Dominique Ehrhard et Anne-Florence Lemasson (Les Grandes Personnes)
- Les désastreuses conséquences de la chute d’une goutte de pluie, d’Adrien Parlange (Albin Michel jeunesse – Trapèze)
- Les Reflets d’Hariett, de Marion Kadi, L’Agrume
Fiction Junior :
- Je suis un personnage, de Lionel Le Neouanic (Le Rouergue)
- Les Filles montent pas si haut d’habitude, d’Alice Butaud et François Ravard (Gallimard Jeunesse)
- Mon Cher Ennemi : correspondance entre un lapin et un renard, de Gilles Baum et Thierry Dedieu (Seuil Jeunesse)
- Pingouin (discours amoureux), de Sarah Carré (Éditions Théâtrales Jeunesse)
- Violante, de Maryline Desbiolles et Laurie Lecou (L’école des loisirs)
Bande dessinée :
- Le détective du bizarre – Volume 2, Billy Brouillard au pays des monstres, de Guillaume Bianco (Soleil – Métamorphose)
- Le souffle du géant, de Tom Aureille (Sarbacane)
- Micro Zouzou contre les maxi-zinzins, de Matthias Arégui et Léon Maret (2024)
- Nowhere Girl, de Magali Le Huche (Dargaud)
- Où est le club des chats ?, d’Yoon-sun Park (Misma)
Fiction ado :
- Eden, fille de personne, de Marie Colot (Actes Sud Junior)
- L’Enfer, de Marin Ledun (In8)
- Miettes (humour décalé), de Stéphane Servant (Nathan)
- Polly, de Fabrice Melquiot et Isabelle Pralong, ( La Joie de lire)
- Queen Kong, d’Hélène Vignal (Éditions Thierry Magnier)
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