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Stéphane Hessel : multiples hommages au "résistant", à l'exception du Crif

Stéphane Hessel a été "un maître à ne pas penser", selon le président du Crif Richard Prasquier qui dénonce la "volonté obsessionnelle" de l'ancien diplomate et résistant "de faire de Gaza l'épicentre de l'injustice" dans le monde. Cette réaction constitue la première fausse note au concert d'hommages qui saluent la mémoire de Stéphane Hessel, mort dans la nuit.
Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 13min
Les hommages se multiplient après la mort cette nuit de Stéphane Hessel 
 (Patrick Kovarik / AFP)
"Il est de notoriété publique que nous étions très opposés à ses prises de position, notamment à sa volonté obsessionnelle de faire de Gaza l'épicentre de l'injustice dans ce monde et du Hamas un mouvement pacifique", écrit le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), dans un texte transmis à l'AFP. S'il retient que Stéphane Hessel fut un "résistant courageux, un contributeur, modeste mais réel, à la lutte pour les droits de l'Homme (y compris à l'époque des refuzniks) et un amoureux passionné des lettres françaises", Richard Prasquier exprime aussi sa stupéfaction à l'avoir vu "grandir ou (...) laisser grandir par ses thuriféraires dévoués, le rôle qu'il avait tenu dans plusieurs événements importants de notre histoire".

De très nombreux hommages
Depuis mercredi matin, à suite de la mort de Stéphane Hessel, ancien résistant et diplomate, auteur du best-seller "Indignez-vous", les réactions ne cessent d'affluer pour lui rendre hommage.

Le président François Hollande a salué en Stéphane Hessel "une grande figure dont la vie exceptionnelle aura été consacrée à la défense de la dignité humaine". "J'apprends avec une grande tristesse la disparition de Stéphane Hessel", écrit le chef de l'Etat dans un communiqué diffusé mercredi par l'Elysée, "c'était une grande figure dont la vie exceptionnelle aura été consacrée à la défense de la dignité humaine".*

"C'est au nom de ses valeurs qu'il s'engagea dans la Résistance", souligne-t-il avant de rendre hommage aussi au diplomate qu'il fut "au service de la paix" et à l'Européen "marqué par la guerre", qui s'est "mobilisé pour l'unification de notre continent". En outre, ajoute François Hollande, "c'est en humaniste passionné qu'il s'est livré à tous les combats pour les droits de la personne humaine, pour lutter contre les préjugés, les conformismes, les conservatismes".

"Sa capacité d'indignation était sans limite, sauf celle de sa propre vie. Au moment où celle-ci s'achève, il nous laisse une leçon, celle de ne se résigner à aucune injustice. J'adresse à sa famille et à ses proches le témoignage de notre reconnaissance."

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault : "Stéphane Hessel incarnait l'esprit de résistance"
Cécile Duflot, ministre du Logement : "Je retiens son message : vieillir, ce n'est pas renoncer."
Ségolène Royal, présidente PS de la région Poitou-Charentes : "Stéphane Hessel fut un défenseur inlassable de la dignité humaine, solidaire de ceux qui se dressent pour bâtir un monde plus humain. Les jeunes ont reconnu en lui un compagnon d'espérances. Merci à Stéphane Hessel, pour cette belle leçon  d'Humanité et de fraternité."
Christiane Taubira, garde des Sceaux : "Je suis encore sous le choc, c'est une très très grande personnalité (...) Ca restera un modèle. Pour nous c'est un jour de grande, grande grande tristesse."
Harlem Desir, 1er secrétaire du PS : "C'est l'ensemble de notre pays qui est endeuillé : par ses combats et ses valeurs, Stéphane Hessel incarnait une part de l'âme universaliste de la France", écrit le numéro un socialiste dans un communiqué. Selon l'eurodéputé, "il a porté sa foi en l'Homme à travers les ténèbres du siècle passé, sa voix doit continuer de nous guider dans le siècle à venir", "son cri d'indignation, de révolte contre l'injustice, de refus que la loi du fort soit imposée au faible, doit continuer de résonner dans nos consciences."

Martine Aubry : dans un communiqué, la maire de Lille et ex-première secrétaire du PS fait  part de son "immense tristesse" à la mort de ce "défenseur acharné des droits de l'Homme. C'était une voix qui réveille, qui bouscule, qui réchauffe. Une voix qui nous manquera terriblement. Celle d'un éveilleur de consciences qui n'a jamais cédé devant la violence et la dureté des temps, devant la facilité,  et a toujours su rappeler l'essentiel : les raisons d'être un homme". "C'était aussi un sourire, lumineux et bienveillant", dit l'ancienne patronne du PS de celui qui était "un grand ami, depuis longtemps. Un ami dont l'enthousiasme et la force m'ont toujours nourrie, un homme simple et vrai, tout simplement humain."

Vincent Peillon, ministre de l'Education nationale : "Avec sa disparition, c'est une page de l'histoire de France qui se tourne. Une page dont nous pouvons être fiers et que nous devons transmettre aux jeunes générations", estime-t-il dans un communiqué. "Toute sa vie, il a poursuivi son combat, aux côtés des faibles, des opprimés, de ceux qui souffrent. Signataire, il y a quelques mois, de l'Appel contre l'échec scolaire, il avait, chevillée au corps, la conviction que l'éducation était la plus belle arme de la démocratie."

L'organisation non gouvernementale SOS Racisme a salué dans un communiqué la mémoire de celui qui a "incarné un engagement passionné pour des valeurs humanistes et universalistes" et "se rappelle avec émotion ses prises de position récentes en faveur du droit de vote des étrangers, des sans-papiers et son combat pour les droits de l'Homme".

Le président du Parlement européen, le social-démocrate allemand Martin Schulz, a salué mercredi la mémoire de l'intellectuel et ancien résistant français Stéphane Hessel qu'il a qualifié de "grand Européen". "Stéphane Hessel, un grand Européen, toujours engagé, jamais satisfait, mu par un esprit de combat et de liberté. Il nous manquera beaucoup", a écrit Martin Schulz sur son compte Twitter.

François Bayrou, président du MoDem : "S'il y a un mot qui caractérise Stéphane Hessel, c'est résistance. (...) Au fur et à mesure qu'il avançait en  âge, il devenait de plus en plus résistant et de plus en plus contestataire. Cet homme n'a au fond jamais renoncé à la révolte et c'est cette volonté qui a fait l'incroyable succès de son libre "Indignez-vous". Il a été pour cette raison un repère pour beaucoup de gens, un signe que le combat ne s'achevait jamais. Des jeunes gens révoltés, il y en a beaucoup mais révolté au-delà de 90 ans, il y en a peu. Et c'est cette incroyable source de jeunesse qui était frappante chez lui" (déclaration à la presse au Salon de l'Agriculture).

Claude Bartolone, président PS de l'Assemblée nationale: "Stéphane Hessel a montré toute sa vie une détermination remarquable et créatrice. Sa vie, ses engagements et ses combats pour les droits de l'Homme, en France comme dans le  monde, sont autant de leçons pour chacun d'entre nous. Son dernier combat, son indignation, laissera à jamais la trace de son remarquable courage et sa détermination à faire progresser la paix.".

Denis Baupin, vice-président EELV de l'Assemblée nationale : "Tout dans son parcours témoigne à la fois d'un engagement, d'une indignation qui n'ont jamais faibli, mais aussi d'une profonde humanité, d'un soin continuel de l'autre, et tout particulièrement de l'autre 'à venir', les générations futures. Pour nous écologistes, qui nous reconnaissions dans ses déclarations sur la nécessité d'une déclaration des devoirs de l'humanité vis-à-vis de la planète (pour accompagner la déclaration des droits de l'Homme dont il fut l'un des rédacteurs), son départ est une immense perte. Nous tenterons humblement d'être à la hauteur de son héritage."

Jean-Paul Huchon, président PS de la région Ile-de-France : "Cet Européen convaincu, cet homme de gauche engagé a fortement marqué le combat pour la défense des droits de l'homme, la paix et la dignité et nous sommes tous très attristés de son départ. Nous garderons en mémoire son parcours, son histoire  bouleversante et son message d'engagement qui a su mobiliser plusieurs générations. Il a su fédérer autour d'une idée force: refuser l'indifférence."
Elisabeth Guigou, ancienne ministre, présidente PS de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée : "Stéphane Hessel avait cette particularité rare d'être devenu, pour différentes générations, un exemple (...) Son grand âge n'avait en rien diminué son enthousiasme, sa capacité d'indignation, sa créativité. Pour moi, Stéphane Hessel restera une référence, par sa capacité à faire face à l'adversité, à s'engager pour les autres, à plaider pour une Europe, acteur mondial, et par son sourire bienveillant."

Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre, sénateur, président d'honneur  du MRC : "Sa vie s'appelle 'Résistance'. Il a perçu avec plus d'acuité que d'autres la crise de l'Europe dont le dévoiement l'indignait. A tous ceux qui, aujourd'hui, perdent un ami, il appartient, comme dit le Chant des Partisans, de prendre sa place. Il faut transformer son indignation en projet pour mettre  les peuples au coeur de la construction européenne."

Marie-George Buffet, députée, ex-numéro un du PCF "souhaite rendre hommage à celui qui fut le plus jeune des nonagénaires en faisant de son livre "Indignez vous" un emblème pour des jeunes européens rebelles du début de notre XXIe siècle. La constance de ses engagements, depuis la Résistance au nazisme jusqu'au soutien au printemps arabe, en passant par son action internationale en faveur de la Paix et des Droits de l'Homme force le respect."

Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche, invité de "Questions d'Info" LCP/FranceInfo/LeMonde/AFP : "Je nous souhaite à tous d'avoir autant de fraîcheur d'esprit et de capacité d'indignation qu'il en avait lui à 95 ans, car j'en connais qui sont beaucoup plus jeunes et qui sont déjà complètement amortis, habitués à la souffrance des autres et qui ne feront rien. Je pense, en général, à tous ceux qui dirigent un pays qui n'a jamais été aussi riche de son histoire et qui compte un nombre de pauvres comme il n'en a jamais eu aussi de son histoire et qui ont l'air de trouver ça normal. Ce qui m'indigne, c'est cette société cruelle dans laquelle nous sommes tous dressés à la cruauté parce que nous passons à côté des gens qui dorment dans la rue et nous ne faisons pas notre devoir d'être humain qui serait de les ramasser, de les aider. Nous le faisons pas, moi comme les autres." Il s'est dit "déçu" que Stéphane Hessel ait soutenu le PS à la  présidentielle, évoquant sa "candeur et sa naïveté de jeune homme". "Il a cru que ça allait pouvoir s'arranger, que les socialistes allaient être autre chose que des sociaux-libéraux, il s'est trompé mais je ne lui en veux pas."
   
Jean-Pierre Bel, président (PS) du Sénat, "souligne le caractère exceptionnel de la personnalité de Stéphane Hessel, dont l'histoire personnelle, la double culture franco-allemande et les choix font une figure marquante du dernier siècle. (..) Homme de mémoire, pour qui la poésie était une nécessité, il a montré que l'âme de l'Europe, dont il a soutenu la construction, avait été dessinée par ces poètes qui l'ont accompagnée dans les moments les plus doux et les plus graves de son existence. (Il) salue la lucidité et l'énergie d'un homme engagé dans le combat contre les injustices et qui, jusqu'à la fin de sa vie, a su être un éveilleur de conscience, particulièrement attentif aux jeunes générations. Stéphane Hessel a tracé au cours de sa longue et belle vie un chemin qu'il nous appartient de suivre, contre la résignation et pour la liberté."

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