Un dimanche politique au Salon du Livre
Une courte halte chez la Martinière et on enchaîne avec les Editions de l’Olivier. François Hollande quadrille méthodiquement les allées du Salon, suivi par une meute de journalistes. « Mais allez-y, montez sur la table tant que vous y êtes » s’énerve la responsable d’un stand contre les deux photographes qui viennent de faire s’effondrer une partie de son rayonnage.
Jean d’Ormesson dédicace son dernier livre, quand le candidat socialiste surgit dans le stand de son éditrice (sa fille). « Je crois que vous n’étiez pas à mon dernier meeting, mais le cœur y était » chambre le candidat socialiste, qui a parfaitement en tête la présence de d’Ormesson au premier rang de la grand-messe sarkozyste de Villepinte. Sourires, échanges d’amabilités, poignée de main… et le cortège s'ébranle, direction la société des gens de lettre, où François Hollande doit prendre la parole.
166 livres sur la Présidentielle
La politique, elle est comme chez elle, au Salon du Livre. A 100 mètres de là, sur la grande scène des auteurs, Enki Bilal et Pascal Bruckner débattent sur le thème « l’écologie est-elle une idéologie dangereuse ? ». Et l’élection présidentielle provoque, cette année encore, ce qu’on peut qualifier de phénomène d’édition. Livres Hebdo a recensé 166 titres, publiés d’ici à fin mars par 74 éditeurs ! Principale source d’inspiration : le président sortant et sa famille. Pas moins de 26 ouvrages ! A côté, les trois portraits de Marine Le Pen font pâle figure ! Question. Est-ce que ça se vend ? Assurément, tous ne trouveront pas leur public. Loin de là.
Une tradition bien française veut que tous les candidats publient un livre. Celui de François Hollande a démarré sur les chapeaux de roues, fin février."Changer de destin" (Robert Laffont) avait été tiré à 50 000 exemplaires. Plusieurs réimpressions ont suivi pour approcher les 100 000 exemplaires. On attend toujours celui de son rival Nicolas Sarkozy. Annoncé pour acquis, il semble désormais en débat. François Bayrou ("La France Solidaire" chez Plon) a réussi des ventes très correctes. Et Jean-Luc Mélenchon a particulièrement vendu son « Qu’ils s’en aillent tous », paru chez Flammarion en 2010.
Des flops !
Si les candidats très en vue réalisent, en général, des chiffres de ventes importants, ils n’en est pas de même, loin de là, de tout le personnel politique. Des personnalités de premier plan ont connu des échecs retentissants. Publiés par slate.fr, les chiffres de vente Edi Stat 2011 révèlent que le public a largement boudé les livres de Valérie Pécresse (2104 exemplaires pour « Contreverses » avec Axel Kahn / Nil), Rama Yade (1971 exemplaires pour « Playdoyer pour une instruction publique » / Grasset) ou le dialogue entre Luc Chatel et Jean-Piere Chevénement ("Le monde qu’on leur prépare" / Plon) : 931 exemplaires. Et que dire des « Nouvelles familles » de Christine Boutin (Autrement) : 261 livres vendus ou de « L’audace à gauche » de Jean-Michel Baylet (Privat) : 118 ventes. Le même classement indique 79 exemplaires pour la « Parole d’affranchi » de Maurice Leroy (Cherche Midi)...
Cette fois, en tous cas, pour espérer vendre, il faudra se singulariser. Dans l’offre 2012, on retiendra plusieurs BD, et notamment "Les Pieds Nickelés. 2, Le candidat providentiel" (Vents d’Ouest) ! Trois jeux. Et même un essai sur la généalogie « Le Tout Politique » (L’Archipel). Jean-Louis Beaucarnot a fait une sacrée découverte : Nicolas Sarkozy et François Hollande auraient un ancêtre commun, un petit paysan savoyard, qui a vécu au XVIIe siècle. Ce qui ferait d’eux des cousins !
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