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Une lettre inédite d'Albert Camus à Jean-Paul Sartre découverte
Une lettre inédite de la main d'Albert Camus à Jean-Paul Sartre à été dénichée par un couple de libraires. Eclairant sur la relation entretenue par les deux philosophes, elle sera présentée au cours d'une exposition à Lourmarin (Vaucluse) consacrée à Albert Camus.
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"Mon cher Sartre [...] Je vous souhaite ainsi qu'au Castor de beaucoup travailler [...] Faites-moi signe à votre retour et nous passerons une soirée dégagée". A l'occasion du centenaire de la naissance d'Albert Camus, un petit mot inédit de sa main à Jean-Paul Sartre offre un nouvel éclairage sur les relations entre les deux philosophes dont l'Histoire a surtout retenu la rupture.
Trouvée par hasard, "cette lettre est très importante, elle montre, contrairement à ce qu'ont écrit certains auteurs, que Sartre et Camus avaient une relation amicale et suivie", selon l’analyse de Ronald Aronson, spécialiste de Sartre aux Etats-Unis. Cette missive sur papier à en-tête Gallimard, la maison d’édition d’Albert Camus, a été découverte par Hervé et Eva Valentin, libraires à Orléans. "Mon cher Sartre, voici vos ors que je sertis de remerciements", y écrit l’auteur de “L’Etranger” en s'adressant également à Simone de Beauvoir, sous le surnom "le castor" que lui a donné Sartre et qu'utilisent ses intimes.
Eclairage possible des relations entre les deux philosophes
Organisateurs d'une exposition Camus en septembre à Lourmarin (Vaucluse) où le philosophe est enterré, Hervé et Eva Valentin ont trouvé la lettre dans un livre acheté à un collectionneur. Le mot, manuscrit, avait été relié, en 1966, dans un exemplaire de l'édition originale, imprimée à 60 exemplaires, d'un texte rédigé et publié par Sartre juste après la mort de Camus.
Non datée, la lettre pourrait concerner la période allant de 1943, année de leur rencontre, à 1948, celle de leur rupture, selon des experts. Dans son livre "La force de l'âge", Simone de Beauvoir avait raconté la rencontre de 1943, à la générale de la pièce de Sartre "Les Mouches". "Un homme jeune et brun se présenta : Albert Camus. Sartre, qui avait publié une critique élogieuse de ‘l'Etranger’ un an auparavant, avait trouvé Camus sympathique".
Trouvée par hasard, "cette lettre est très importante, elle montre, contrairement à ce qu'ont écrit certains auteurs, que Sartre et Camus avaient une relation amicale et suivie", selon l’analyse de Ronald Aronson, spécialiste de Sartre aux Etats-Unis. Cette missive sur papier à en-tête Gallimard, la maison d’édition d’Albert Camus, a été découverte par Hervé et Eva Valentin, libraires à Orléans. "Mon cher Sartre, voici vos ors que je sertis de remerciements", y écrit l’auteur de “L’Etranger” en s'adressant également à Simone de Beauvoir, sous le surnom "le castor" que lui a donné Sartre et qu'utilisent ses intimes.
Eclairage possible des relations entre les deux philosophes
Organisateurs d'une exposition Camus en septembre à Lourmarin (Vaucluse) où le philosophe est enterré, Hervé et Eva Valentin ont trouvé la lettre dans un livre acheté à un collectionneur. Le mot, manuscrit, avait été relié, en 1966, dans un exemplaire de l'édition originale, imprimée à 60 exemplaires, d'un texte rédigé et publié par Sartre juste après la mort de Camus.
Non datée, la lettre pourrait concerner la période allant de 1943, année de leur rencontre, à 1948, celle de leur rupture, selon des experts. Dans son livre "La force de l'âge", Simone de Beauvoir avait raconté la rencontre de 1943, à la générale de la pièce de Sartre "Les Mouches". "Un homme jeune et brun se présenta : Albert Camus. Sartre, qui avait publié une critique élogieuse de ‘l'Etranger’ un an auparavant, avait trouvé Camus sympathique".
Les deux hommes se revoient. "Camus était féru de théâtre. Sartre parla de sa nouvelle pièce, Huis clos, il lui proposa de jouer le rôle du héros et de la mettre en scène. Camus hésita un peu et, comme Sartre insistait, il accepta", raconte encore "le castor". Et d'ajouter: "la promptitude avec laquelle Camus se lança dans cette aventure, la disponibilité dont elle témoignait nous donnèrent de l'amitié pour lui".
Clou d'une exposition consacrée à Camus
Mais la collaboration théâtrale tourne court, le directeur du théâtre du Vieux-Colombier exigeant un nom plus connu pour monter et jouer la pièce. Les relations ne sont pas rompues pour autant. Camus, devenu directeur du journal clandestin "Combat", fait appel à Sartre pour écrire une série d'articles sur Paris libéré puis, en 1946, sur les États-Unis. Une première brouille a lieu un an plus tard jusqu'à la rupture, en 1952, après la publication de l'homme révolté", que Sartre rejette.
Dans quel contexte Camus a-t-il écrit sa lettre dans laquelle il souhaite à Sartre et au castor de "beaucoup travailler. Et bien. Car nous avons fait du mauvais travail mes amis et moi; si mauvais que j'en dors mal". Une référence au projet avorté de la mise en scène de "Huis Clos" ? à leur collaboration pour "Combat" ? A l'engagement politique de Sartre au sein du RDR (Rassemblement démocratique révolutionnaire) dont Camus a soutenu la création ? L'énigme reste entière pour les spécialistes toujours à la recherche de pistes. A ce jour "aucune réponse, aucun témoignage fiable ne viennent éclairer le mystère, toute la correspondance entre les deux hommes ayant été détruite", regrette Eva Valentin.
La lettre de Camus a Sartre sera présentée dans le cadre de l'exposition "Camus de Tipasa à Lourmarin", du 3 au 8 septembre à Lourmarin, pour le centenaire de la naissance de l'écrivain philosophe.L'exposition, organisée en partenariat notamment avec Gallimard, la Bibliothèque Nationale et le Nouvel Observateur a été rendue possible après une collecte réussie sur le site de crowdfunding Kisskissbankbank. Elle présentera également des pages du manuscrit de L'Etranger, Noces, La Chute, des brouillons de La Peste ou du Mythe de Sisyphe et des lettres à François Mauriac, André Malraux, André Gide ou encore Vercors.
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