Vidéo Comment a évolué la perception du corps ? Réponse avec Margaux Cassan, philosophe

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"On a découvert dans ces 50 dernières années que LE corps, ça ne veut rien dire. Il y a une diversité de corps." Bodyshaming, body positive, musculation, régimes, crèmes dermatologiques… Comment la perception du corps a évolué ces dernières années? C'est la question qu'on a posée à Margaux Cassan, philosophe et autrice de "Ultra violet".
VIDEO. Comment a évolué la perception du corps ? Réponse avec Margaux Cassan, philosophe "On a découvert dans ces 50 dernières années que LE corps, ça ne veut rien dire. Il y a une diversité de corps." Bodyshaming, body positive, musculation, régimes, crèmes dermatologiques… Comment la perception du corps a évolué ces dernières années? C'est la question qu'on a posée à Margaux Cassan, philosophe et autrice de "Ultra violet". (Brut.)
Article rédigé par Brut.
France Télévisions
"On a découvert dans ces 50 dernières années que LE corps, ça ne veut rien dire. Il y a une diversité de corps." Bodyshaming, body positive, musculation, régimes, crèmes dermatologiques… Comment la perception du corps a évolué ces dernières années? C'est la question qu'on a posée à Margaux Cassan, philosophe et autrice de "Ultra violet".

Selon Margaux Cassan, philosophe et autrice de "Ultra violet", "depuis les années 1970, il y a une tendance lourde" décrite par Jean Baudrillard dans "La Société de consommation". Elle explique que "avec la société capitaliste, on a commencé à considérer son corps comme un capital, donc on va investir dessus, y compris économiquement, en s'achetant des crèmes, en faisant du sport". Baudrillard a soulevé des questions comme "combien ça coûte, la beauté ?" et "ça coûte combien sur le plan économique et psychologique ?". Margaux Cassan mentionne que "ces tendances lourdes restent et on est encore tributaires de cette valorisation du corps depuis les années 1970".

Margaux Cassan souligne que certaines perceptions du corps peuvent paraître anachroniques aujourd'hui, citant l'exemple des "classes populaires ou moyennes des années 1980" pour qui "se mettre à bronzer et aller dans des machines à UV, ressembler à une forme de tomette... c'était ça être un bourgeois". Cependant, elle explique qu'"aujourd'hui, on considère qu'être grand, très maigre et bronzé n'est pas forcément le signe de bonne santé, que le bronzage c'est le vieillissement cutané, le cancer de la peau". Ainsi, les idéaux corporels évoluent avec le temps.

Body shaming, body positive et la philosophie de Rousseau

La philosophe fait un parallèle entre les concepts de "body positivisme" et "body shaming" et les idées de Rousseau sur "l'amour de soi" et "l'amour-propre". Elle explique que "l'amour de soi, c'est le fait de s'accepter tel que l'on est" tandis que "l'amour-propre" conduit à "une logique concurrentielle" "le motif devient le fait d'avoir besoin d'écraser l'autre ou de juger l'autre pour se sentir accepté". Selon Margaux Cassan, cela "traduit une réalité qui existe déjà depuis longtemps" et qui a été décriée par des philosophes comme Rousseau.

Margaux Cassan affirme qu'"on a découvert dans ces 50 dernières années que LE corps, au sens de la fixité de l'idéal, ça ne veut rien dire, et qu'il y a une diversité de corps". Elle évoque alors l'éthique kantienne, selon laquelle "quand on se place face à un comportement individuel, on doit se demander: si tout le monde agissait comme on agit, est-ce que ça pourrait faire une loi ?". Appliquant ce raisonnement, elle conclut que "si on était kantien, eh bien, on laisserait les gens être ce qu'ils sont et faire ce qu'ils veulent".

Le rôle paradoxal des réseaux sociaux

Margaux Cassan analyse le rôle des réseaux sociaux, affirmant qu'ils "accélèrent des tendances lourdes, et notamment le malaise qu'on a vis-à-vis du corps". Elle décrit un "paradoxe" "on voit s'exprimer en même temps une forme de pudibonderie" et "une pornographie parfois outrancière". Selon elle, cela reflète la difficulté à "exister soi, avec soi, en étant aussi fidèle à qui on est, en devant gérer la place que le regard de l'autre a dans la construction de notre identité".

Bien que Margaux Cassan reconnaisse que "les femmes sont plus sujettes aux critiques, aux commentaires" sur leur corps, elle souligne que "le diktat du corps parfait et l'idée même du canon du corps touchent aussi les hommes". Elle cite l'exemple du livre "Créatine" de Victor Malzac, qui explore "cet engrenage que peut être le culturisme et comment est-ce qu'on cherche toujours pour un homme à être le moins chétif possible, à renvoyer une image de virilité". Ainsi, bien qu'il y ait un "déséquilibre", la pression corporelle concerne aussi les hommes.

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