: Vidéo Être mère : les écrivaines Julia Kerninon, Victoire de Changy et Louise Browaeys témoignent
Elles sont toutes les trois mères. Les écrivaines Julia Kerninon, Victoire de Changy et Louise Browaeys se confient sur leur rapport à la maternité. A propos de l’injonction à être une “super maman”, Victoire de Changy explique : “Moi, je ne ressens aucune injonction par rapport à la société, j’y suis protégée un peu naturellement, mais par contre, face à mon enfant, bien sûr, là, je doute. Est-ce que j'ai bien fait si ? Et ça? L'injonction de ton propre enfant, tu la subis évidemment”. “On m'avait dit : la condition de la mère, c’est la culpabilité. Si je choisis rouge, c'est pas bien, si je choisis noir, si je choisis jaune” précise Louise Browaeys. Elle ajoute qu’elle s’est toujours méfiée des “mères parfaites” : “Je crois qu'on est tous des êtres d’ombre et de lumière. Et je me dis : les mamans qui s'affichent comme ça, très parfaites, ça cache vraiment quelque chose. Où est la violence, où est le défouloir ? Je préfère être moins parfaite à cet endroit-là et me défouler un peu moins violemment”. “Moi, je trouve que c'était plus fort avec les bébés. Quand tes gamins sont plus grands, les gens arrêtent de te fixer en permanence, c'est comme si tu avais fini par avoir des galons. Tout le monde se doute que si tu l'as maintenu en vie jusqu'à cet âge-là, ça doit aller, quoi” déclare Julia Kerninon à propos de l’injonction à être une mère modèle.
“(En tant que mère) on a aussi le droit de continuer à avoir notre vie. Pas la même qu'avant, mais l'ambition d'une vie”
A propos des inégalités hommes-femmes et de la vision qu’a la société sur le rôle de la maman et de celui du père, Victoire de Changy explique : “En fait, c'est en train de fondamentalement changer parce que c’est quand même quelque chose qu'on questionne... Après, pas tous les hommes, loin s'en faut malheureusement je crois. Personnellement, je suis, je pense, la déconstruction personnifiée, donc on en parle tout le temps. Malgré tout, on n'est pas sur un pied d'égalité parce que, déjà, on est profondément élevés, moi comme une fille, lui comme un garçon. Mais il y a des automatismes chez moi qui n'existent pas chez lui”.
“Moi j'ai mis longtemps à comprendre ça, alors que peut-être c'est évident, c'est que cette question de la répartition des rôles, pour le dire simplement et aussi de la charge symbolique, ce n'est pas un truc qu'on va dealer uniquement avec son partenaire, c'est un truc qui dépasse le couple qu'on a et qui se joue à un niveau sociétal. Et en fait, comme c'est construit il faut beaucoup de vigilance, d'amour et d'envie de collaborer pour que ça puisse se construire autrement” estime Julia Kerninon. Elle ajoute : “C'est comme si j'avais compris que j’étais une femme que quand on a eu un enfant. On a le même âge, le même niveau d'études, on est le même genre de personne, lui et moi. Mais c'est quand on a eu un enfant que tout d'un coup, hop ! Alors vous, ça va être par là, monsieur, et vous ça va être par là, madame. Moi, ça m'a mise extrêmement en colère, pas contre lui, mais contre cette situation. Je me sentais extrêmement enfermée et ça m'a forcée à redéfinir mes capacités, mes ambitions, la liberté que je voulais avoir. On a des vies à vivre. On a aussi le droit de continuer à avoir notre vie. Pas la même qu'avant, mais l'ambition d'une vie”.
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