Mai 68 : l’exposition "Images en lutte" donne le coup d’envoi du cinquantenaire aux Beaux-Arts à Paris
Large panorama graphique de la diversité des luttes des années 1970, l’exposition "Images en lutte" donne le coup d’envoi des manifestations culturelles autour des 50 ans de Mai 68 sous les ors des Beaux-Arts de Paris, un des haut-lieux de la contestation étudiante de l’époque.
Mai 68 et les luttes du début des années 1970 sont au cœur de l’exposition "Images en lutte" qui a ouvert mercredi matin aux Beaux-Arts de Paris. L’exposition, qui donne le coup d’envoi des manifestations culturelles autour des 50 ans de Mai 68, se déroule dans un des haut-lieux de la contestation étudiante de l’époque.
Un mois et demi de création de l'Atelier populaire
C’est en effet aux Beaux-Arts de Paris que s’installe en mai 1968 l’Atelier Populaire : étudiants, professeurs et artistes y produisent pendant un mois et demi la plupart des affiches de Mai 68. On les découvre à l’entrée de l’exposition : celles qui ont été placardées sur les murs et celles restées au stade de projet. "Les militants arrivaient aux Beaux-Arts avec des sujets, demandaient des affiches pour une occasion particulière, explique Éric de Chassey, l’un des deux commissaires de l’exposition. Un artiste ou un étudiant des Beaux-Arts faisait une proposition, débattue ensuite par un comité. La réalisation de l’affiche avait lieu quand la proposition était adoptée."
Au-delà de Mai 68, d’autres affiches produites au cours des années suivantes sont montrées pour la première fois. "Nous avons pu avoir accès de manière exceptionnelle aux fonds des Archives nationales et à des saisies effectuées par la police au moment de la dissolution des organisations d’extrême-gauche, poursuit Éric de Chassey. On montre notamment une petite série d’affiches produite par la Gauche prolétarienne, une organisation maoïste dans le nord de la France, faite pour soutenir les mouvements de grève dans les mines."
Les affiches ne sont qu’une partie des images de ces années 1968-1974. L’exposition, foisonnante, présente également des dizaines de tracts, photos, films, sculptures et peintures : des tableaux très militants comme ceux à la gloire des régimes chinois ou cubains accrochés au début du parcours ou encore celui que Gérard Fromanger consacre à Pierre Overney, membre de la gauche prolétarienne assassiné en 1972 par un vigile de la régie Renault.
"Fromanger peint ce tableau qui reprend une photographie montrant Pierre Overney, sorte de barbu jovial, avec simplement son buste, allongé à terre, mort, décrit le commissaire de l'exposition. Sa figure est rouge, couleur de la révolution. Il le nimbe d’un halo blanc d’abord, puis composé de plein de tâches de couleurs, petites cerises en référence au Temps des Cerises, grande chanson de la Commune."
C’est un tableau à la fois d’une grande complexité visuelle et d’une force très directe puisque cet aspect multicolore est particulièrement travaillé
Eric de Chasseyfranceinfo
Icône de l’extrême gauche, Pierre Overney a suscité de nombreuses autres images : affiches, photos, et même une étonnante sculpture de Jean Ipoustéguy intitulée Mort du frère.
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