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10 expositions hors podiums : d'Yves Saint Laurent aux photographes de mode, en passant par Uniqlo
La Paris Fashion Week, c’est aussi une ville qui vibre au rythme d’expositions consacrées à la mode. Pas d'invitation pour les podiums, direction les musées et les galeries. Souvent gratuites, ces présentations - reflet d'une époque et de la société - permettent de découvrir les acteurs de l’industrie de la mode.
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- Première exposition temporaire thématique du Musée Yves Saint Laurent Paris depuis son ouverture en octobre 2017. "L’Asie rêvée d’Yves Saint Laurent" rassemble une cinquantaine de modèles haute couture inspirés de l’Inde, de la Chine et du Japon. Ces pièces issues de la collection du musée sont présentées en dialogue avec des objets d’art asiatiques prêtés par le musée national des arts asiatiques - Guimet et des collectionneurs privés. Yves Saint Laurent y propose une vision à la fois littérale mais aussi imaginaire de l’Asie. Dès ses premières collections, le couturier réinterprète les somptueux manteaux des souverains de l’Inde, la Chine impériale lui inspire la collection de l’automne-hiver 1977. Fasciné par le Japon, et en particulier par le théâtre Kabuki, il revisitera plus tard le kimono. Cette vision rêvée de contrées lointaines est émouvante.
- YellowKorner présente "Fashion Legends", une exposition qui regroupe les clichés iconiques réalisés par des artistes qui ont marqué l'histoire de la photographie de mode des années 1930 aux années 1970. Parmi ces légendes : Edward Steichen qui a été le premier photographe de mode jamais publié, Cecil Beaton, portraitiste officiel de la famille royale britannique, ou Horst P. Horst dont la maitrise de la lumière et de l‘ombre en inspirèrent plus d’un. Zoom sur une sélection des plus belles photographies de mode mettant en lumière des approches photographiques qui esthétisent des modèles féminins.
- Van Cleef & Arpels célèbre l’anniversaire de l’une de ses créations les plus emblématiques, le sautoir Alhambra né en 1968. Ce long sautoir est fait d’une alternance de vingt motifs en or froissé bordé de perles d’or et symbolisant un trèfle à quatre feuilles. Cette création reflète l’identité de la maison avec, entre autres, le thème de la chance cher à Jacques Arpels et le trèfle dont on retrouve les premières esquisses dans les archives des années 1910. Ce sautoir vient enrichir une collection de bijoux imaginés 25 ans plus tôt et qui témoignent de l’esprit d’avant-garde de Van Cleef & Arpels. En 1954, Jacques et Pierre Arpels lancent place Vendôme "la Boutique", des pièces plus accessibles, parfois plus ludiques, qui se portent le jour, et jouent les accumulations. Conçue dans la lignée de cet esprit, la collection Alhambra connaît un succès immédiat. Le sautoir se porte en collier double tour, en bracelet ou en ceinture, et son épure graphique s’adapte à tous les vestiaires. Cette nouvelle façon de porter les bijoux révèle la liberté d’esprit de ces années là. L’exposition se concentre sur ces années fondatrices, présentant, aux côtés des premiers sautoirs Alhambra des années 70, 60 pièces plébiscitées par les clientes de l’époque.
- Envie de découvrir les talents américains et plus particulièrement ceux de Los Angeles, alors direction "Los Angeles Rive Gauche". L'exposition, qui se décline en trois espaces-temps, suit le rythme du soleil dans le ciel californien, du levant au couchant en présentant 200 marques mode, beauté, déco et food. A Los Angeles, les premières heures du jour sont consacrées au bien-être, à la spiritualité, à la centration sur soi. L'espace Sunrise regorge de tenues de yoga, d'accessoires, de produits de beauté naturels, de bijoux en pierres semi-précieuses et éthiques... Avec Sunlight, ce sont les activités outdoors et l’esprit Venice Beach qui sont à l'honneur avec les marques "Californian way of life", sportives et décontractées. A l’heure du couchant avec l'espace Sunset l’esprit rock et glam d’Hollywood s’anime : les jeans, le vintage et les vestes en cuir se muent en dress code et les lunettes de soleil sont indispensables...
- L’exposition "L’Art et la Science du Life Wear : Les Nouveaux Standards de la Maille" dévoile les coulisses de la maille Uniqlo, de la conception artistique au choix des couleurs en passant par le savoir-faire artisanal et la technologie japonaise. Cette découverte se fait à travers des installations grandeur nature réparties par zones thématiques. L’exposition dévoile chaque étape du processus de fabrication, depuis la sélection des matières jusqu’à l’esquisse des modèles et à leur confection, en passant par les dernières technologies de production et de finition. Les vêtements sont conçus sans coutures à l’aide de métiers à tricoter imaginés par Shima Seiki. Dans la boutique éphémère, les visiteurs découvrent des cachemires inédits créés en collaboration avec les marques parisiennes Maison Labiche, Keur Paris et Andrea Crews, qui ont personnalisé de leur univers le cachemire Uniqlo avec des broderies originales.
- Michèle Lamy est entrepreneuse, productrice… collaboratrice et femme du créateur américain Rick Owens. Dans les années 60 et 70, elle travaille comme avocate à Paris. En 1979, elle déménage à Los Angeles où elle crée une ligne de vêtements "Lamy". En 2003, elle se réinstalle à Paris où elle développe avec Rick Owens la marque de mode du même nom. Elle est sa muse, son inspiratrice. Parallèlement, elle travaille avec des artisans pour la fabrication de meubles d’exception, collabore avec le salon Maison & Objet et la marque de bijoux Lorelee Rodkin. En 2014, elle crée "Lamyland" qui fédère ses projets créatifs. Elle présente ici des objets, bijoux, vêtements, photographies faisant partie de son quotidien et qui l'inspirent. Un univers éclectique et foisonnant.
- Le musée Cognacq-Jay organise une exposition consacrée à une corporation codifiée et incontournable dans la diffusion de l’art et du luxe français "La fabrique du luxe, les marchands merciers parisiens au XVIIIe siècle". "Vendeurs de tout, faiseurs de riens" dira Diderot dans son Encyclopédie, les marchands merciers constituent l’une des corporations parisiennes les plus importantes au XVIIIe siècle. À travers les destins de marchands comme Gersaint ou Duvaux, le musée présente une centaine d’oeuvres d’art, de documents et d’archives illustrant les origines du luxe à la parisienne.
- Passionné par la mode, la culture indienne et le monde de l’opéra, Mossi Traoré rend un hommage à Marie-Agnès Gillot au travers de l’exposition "Étoile de Lune". Sa marque de prêt-à-porter féminin navigue entre l’art, l’artisanat, la mode et le monde. Cross-culturelle, elle s’inspire autant de la culture indienne, que des artisans textiles japonais et des mangas. La danseuse étoile de l'Opéra de Paris, chorégraphe, a inspiré des robes d’un blanc monacal qu’elle revêt face au Taj Mahal pour l’occasion. Des jeux de plissés et de drapés, des effets de transparence associés à des broderies minérales donnent du relief à des silhouettes épurées tandis que des boléros et des capes revisités jouent avec les asymétries. Le créateur a collaboré avec la photographe indienne Deepika Choudhary et la scénographie est signée Ania Martchenko, muse de Martin Margiela, elle a récemment signé la scénographie de l’exposition "Margiela/Galliera, 1989/2009". Le public pourra découvrir la collection capsule exclusive imaginée par Mossi dans le pop-up store du Printemps du Louvre.
- Lise Charmel accueille une artiste dans sa boutique de Saint-Germain-des-Prés pour une carte blanche. Ici la peintre Caroline Burdinat livre sa vision de la féminité tout en sensualité au travers de quarante toiles et créations. Pour Olivier Piquet, DG du groupe Lise Charmel, "l'émotion est aussi forte que celle qui se dégage de l’âme de Lise Charmel". Un lien d’autant plus évident que le trait de l’artiste se fond dans les collections de la maison inspirées de la nature, des fleurs et de la symbiose qu’elles créent avec les femmes. Ses esquisses de "p’tites nanas" mutines, coquines, un peu fofolles évoquent la représentation de la féminité et de la mode débordante d’énergie. Son travail réalisé à l’acrylique foisonne de touches de couleurs, de fonds taggés de mots colorés et psychédéliques, cernés de bleu nuit ou noir corbeau.
- Dans le cadre de Japonismes 2018, l'Espace Densan accueille l'atelier Hakuryuan Katsuyama fondé à Tokyo en 1977. Le tissage de la tapisserie "Tsuzuré-Ori" s’effectue par l’artisane qui dessine une image ou un motif en grattant des fils colorés avec son ongle limé en dents de scie, utilisé comme un peigne. Entièrement réalisée à la main, cette technique est délicate en raison de ses fils très fins. En raison de la subtilité de motifs, seulement quelques centimètres de fils de soie peuvent être tissés par jour. Cette technique traditionnelle pratiquée depuis la fin du 15e siècle entre dans la catégorie du tissage d’excellence "Nishijin-Ori" qui utilise de la soie ainsi que des fils d’or et d’argent et permet de fabriquer des tissus de kimonos, des ceintures obi et les tuniques de cérémonie "Késa" des moines bouddhistes.
Exposition "Téwaza : les techniques fait main des maîtres Takumi de l’artisanat japonais d’excellence" jusqu'au 15 novembre 2018. 8 bis rue Villedo.
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