Depuis son lancement le 10 septembre et jusqu'au 17 septembre, la New York Fashion Week enchaîne shows et événements : l'hymme à l'amour de Givenchy pour le 11 Septembre, un styliste new Yorkais qui dénonce les violences policières. le handicap et la différence qui s'invitent. Sans oublier des anniversaires : 10 ans d'Alexander Wang, les 30 ans d'Hervé Léger et les 50 ans de mode de Betsey Johnson
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- franceinfo Culture (avec AFP)
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L'hymne à l'amour de Givenchy pour le 11 Septembre
Givenchy a présenté un défilé voulu comme une célébration de l'amour au jour anniversaire du 11 Septembre, avec en arrière-plan la skyline du nouveau World Trade Center. Les invités étaient assis sur des palettes en bois superposées faites de bois recyclé et de tôles rouillées construites pour l'occasion sur le Pier 26, une jetée sur l'Hudson. En haut d'un escalier, un homme en soutane noire tenait deux jeunes arbres symboles de la force de la vie tandis qu'un autre arborait une échelle "pour rappeler le cycle de la vie et de l'amour". Un troisième était arrosé par un jet d'eau, l'eau étant là "pour nettoyer l'esprit". Les vêtements étaient tous noir ou blanc avec dentelles blanches romantiques, portées sur d'amples pantalons noirs, des robes et tuniques de soie légère, des transparences, des drapés noués, tout en légèreté déstructurée. Des smokings aussi, pour les femmes comme pour les hommes qui s'étaient glissés dans le défilé. S'y ajoutaient quelques pièces couture et des beautés masquées ou portant des bijoux de visage comme les aime Riccardo Tisci. Le DA de Givenchy depuis 10 ans avait conçu son défilé avec l'artiste d'origine serbe Marina Abramovic, et la date du 11 Septembre ne leur avait pas échappé, 14 ans après les attentats qui avaient fait 2.983 morts à New York. "C'est le jour le plus triste de l'histoire récente des États-Unis, et en tant que directrice artistique, j'ai voulu créer quelque chose de respectueux et humble", a expliqué Marina Abramovic. "Notre choix de musique, de six religions et cultures différentes, a le pouvoir d'unir les gens sans discrimination", a-t-elle ajouté. "L'événement que nous créons ensemble traite de pardon, d'inclusion, de nouvelle vie, d'espoir et avant tout d'amour". "J'ai voulu faire un show sur l'amour et la fidélité", a expliqué Riccardo Tisci.
Lacoste en forme déjà olympique
"L'année prochaine, Lacoste habille l'équipe de France aux jeux Olympiques de Rio pour la parade et les remises de médailles, j'ai dessiné ça cette année, je me suis dit ce serait génial de faire une relation avec les JO en général (...). D'où l'idée de tous les drapeaux et les couleurs de tous les pays, mélangés de façon plus mode et moins uniforme", a expliqué le D.A. Felipe Oliveira Baptista. Sa collection était toute en légèreté de matières et en élégance sportive, faite de mini robes, joggings mais aussi d'un costume orange pour l'homme, de vastes impers de nylon et d'imprimés de drapeaux mélangés sur des polos, des mini robes, des pantalons et des blousons.
Victoria Beckham opte pour l'énergie et la couleur
Si quelques longues silhouettes fines blanches ou noires se sont glissées dans le défilé de l'ancienne Spice Girl, sa saison printemps/été 2016 a marqué une rupture. "C'est une collection très libératrice", a-t-elle confié. "Je suis épanouie et je pense que ça se voit dans la collection", une livraison "pleine d'énergie et de bonne humeur", a-t-elle ajouté. La designer a indiqué avoir créé avec son équipe des imprimés sur le thème du surf mais avec une sensibilité plus "urbaine" que "californienne". Quant à la couleur, le bordeaux, le vert, le bleu, le rouille ou le rouge ont été à l'honneur, sur de larges pantalons ou des jupes de multiples longueurs. La créatrice s'est amusée à mélanger les matières, du cuir au daim ainsi que les couleurs, glissant, par exemple, une poche rouge sur une jupe blanche. Après le défilé, Victoria Beckham a confié qu'elle adorerait habiller la candidate à la Maison Blanche Hillary Clinton. "Je soutiens les femmes et j'aime les femmes fortes, donc j'adorerais l'habiller."
Le handicap et la différence s'invitent à la Fashion week
Souvent critiquée pour sa vision idéalisée de la femme avec ses mannequins filiformes, la mode s'ouvre peu à peu à la différence Le défilé du collectif italien FTL Moda en était la preuve invitant à défiler Madeline Stuart, Australienne trisomique de 18 ans, n'est pas la première trisomique sur un podium à New York. L'actrice américaine Jamie Brewer l'avait précédée en février 2015. Déjà connu notamment pour avoir fait défiler des mannequins en fauteuil roulant, FTL Moda avait convié également Rebekah Marine, une vendeuse de voitures du New Jersey. Née sans avant-bras droit, elle est équipée d'une prothèse qui fait d'elle, selon ses propres mots, la première "mannequin bionique". Maintenant, beaucoup d'enfants pensent que je suis un superhéros", dit-elle. "'est un défi, mais il y a du progrès et c'est génial de faire partie de ce mouvement."
Diane von Furstenberg célèbre la liberté
Avec des couleurs ivoire, safran et fuchsia et de joyeux imprimés palmiers, Diane von Furstenberg a célébré "la vérité, la nature et la liberté" d'une femme "maîtresse de son destin". Beaucoup de robes de mousseline de soie, des mini shorts à franges, des blouses transparentes à col lacé rond, des sandales dorées, et une jolie robe de tulle ivoire, rebrodée de papillons dorés, dont le motif se répète sur plusieurs autres pièces.
La femme dirige chez Public School
Le duo new-yorkais de Public School, très observé depuis sa nomination en avril à la tête de DKNY, la ligne contemporaine de Donna Karan, a dévoilé une nouvelle femme, colorée et plus affirmée que jamais. La griffe de Dao-Yi Chow et Maxwell Osborne n'était à l'origine, en 2008, destinée qu'à l'homme. "Quand on a lancé la ligne pour femme, on est restés toujours très concentrés sur l'homme, et le versant féminin n'en était qu'une extension. Maintenant, on a renversé les choses. C'est le risque qu'on a pris. C'est la femme qui dirige la collection" a expliqué Dao-Yi Chow. Seules quelques silhouettes masculines froides et sans aspérités se sont montrées lors du show. Jusque-là d'une sagesse monastique quoiqu'urbaine, la femme se dévoile sous des coupes extra-longues, près du corps et fluides, avec des transparents organza. Elle adopte également le sportswear sexy.
Un styliste new-yorkais dénonce la violence policière
En projetant une vidéo choc en ouverture de la présentation de sa collection femme, Kerby Jean-Raymond a voulu politiser son discours et marquer les esprits. La vague de décès d'hommes noirs pris sous le feu de policiers a suscité un débat de société aux Etats-Unis, occasionné des manifestations et donné vie à une génération de militants des droits de l'homme. Dès la fin de ce film en noir et blanc a débuté le ballet des mannequins, qui formaient sans doute l'ensemble aux origines ethniques les plus diverses qu'ait vu la Fashion week..Plusieurs mannequins portaient des cols rouges, en référence au ruban rouge et noir du mouvement de solidarité avec les victimes de violences policières, sur fond de musique et de bruits de tirs. Le jeune homme venu de Brooklyn, qui assure avoir été contrôlé 12 fois par la police avant ses 18 ans, attend de cette vidéo qu'elle pousse à agir. Kerby Jean-Raymond est un styliste en pleine ascension, deux ans seulement après le lancement de sa marque Pyer Moss, du nom de sa mère. Il a notamment été remarqué pour sa capacité à réinventer les tenues sportives.
Les 10 ans d'Alexander Wang
La collection était un retour à ses sources "streetwear" avec notamment des sweats à capuche et de vastes T-shirts, des blousons de pilote, du cuir, de la maille très large, du jean effrangé et des pièces pyjama. Pour la première fois, le créateur avait intégré des hommes dans son défilé. Et des sweats à capuches étaient à vendre à l'entrée, avec le logo créé à l'occasion de ce 10e anniversaire "Do something" ("fais quelque chose"). A la fin, un film a retracé en accéléré sa carrière. "Quand j'ai eu l'idée de faire de la mode, je n'aurais jamais pensé que cela me conduirait si loin, si vite", a confié le créateur à la fin du défilé. Un rideau s'est alors ouvert, révélant un vaste espace avec open bar, DJ et une demi-douzaine de danseuses de pole dancing. Un bloc de glace sculpté rappelait les raisons de la fête : "Wang10".
Les 30 ans d'Hervé Léger
Avec une collection de robes sexy et moulantes mais aussi des créations plus libres et dansantes, rehaussées de perles, de macramé, de clous et de brillants, Hervé Léger, propriété depuis 1998 du groupe Max Azria, a fêté ses 30 ans d'existence. Le défilé présentait 60 modèles, 30 pour la collection printemps-été 2016, et 30 offrant une rétrospective des 30 années de la marque, rendue célèbre par ses robes "bandages" ultra moulantes en tissus stretch et son travail des matières. La nouvelle collection "offre bien plus que la robe bandage", a souligné Lubov Azria, évoquant l'utilisation du macramé, du cuir, du jacquard ou encore des perles. "Nous faisons aussi beaucoup plus de pièces sportwear", a-t-elle ajouté. Pour elle, la robe Hervé Léger est avant tout une affaire de "confiance en soi", pour se sentir "superbe, sans effort".
Les 50 ans dans la mode de Betsey Johnson
Avec de gros ballons en forme de 5 et 0, et un défilé joyeux et coloré, l'Américaine Betsey Johnson, 73 ans, a fêté ses 50 ans dans la mode, avec des mannequins reprenant son style depuis les années 60. Beaucoup de couleurs, des jupes de tulle et superpositions extravagantes, et un défilé très dansant, dédié au professeur de danse de son enfance. Comme à son habitude, elle a fini son défilé par un saut périlleux et un grand écart.
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