Cet article date de plus de sept ans.

400 bijoux se confrontent au Musée d'art moderne

C'est un regard contemporain sur les bijoux, à mi-chemin entre parures et sculptures, que porte l’exposition "Medusa. Bijoux et tabous". 400 bijoux de toutes les époques, réalisés par des artistes, des bijoutiers contemporains, des joailliers ou des anonymes, côtoient des oeuvres d'art contemporain. Une exposition éclectique, intrigante et désordonnée à découvrir au Musée d'art moderne de Paris.
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Reproduction d’une oeuvre de Salvador Dalí par Henryk Kaston, Broche Ruby Lips, années 1970-80. Broche Or 18 carats, rubis, perles de culture Miami, Collection particulière
 (Photo : Robin Hill)

S’il est l’une des formes d’expression artistique la plus ancienne et universelle, à mi-chemin entre parure et sculpture, au bijou s'associe souvent une image d’objet trop féminin, trop précieux, trop ornemental ou trop primitif, qui l’empêche d’accéder au statut d’oeuvre d’art. L'exposition interroge donc sur les frontières de l’art, en les reconsidérant au travers de la vision d'artistes contemporains.

Vivienne Westwood Crown, Royal Blue Velvet Jewelled Crown With Orb and Fur, collection « Gold Label » automne/hiver 2000-2001 Or jaune, or blanc, velours, faux cristaux, perles de plastique, fausse hermine
	 
 (Vivienne Westwood Ltd)

Un joyeux melting pot

Le parcours est ponctué de traditionnelles vitrines horizontales et de sombres niches verticales dans lesquelles reposent ses bijoux - tout genre confondu - mais le manque de lumière nuit parfois à ses trésors. Mais ce qui attire l'oeil ce sont ces installations de bijoux grand format qui jalonnent la visite et donnent de la modernité.
A côté du tableau, est exposé l'ornement de cheveux de 1890 (collection Martin du Daffoy) que porte le personnage dans la peinture
 (Corinne Jeammet)
Au mur, des photos en noir et blanc de personnalités (Joséphine Baker, Boy Georges, Elizabeth Taylor... ) arborant des parures et des tableaux historiques complètent le dispositif. 

Un serpent pour 2 interprétations

Ces pièces, connues et méconnues, uniques, multiples, faites à la main, industriellement ou par ordinateur, offrent des esthétiques raffinées, artisanales, amateures, ou au contraire futuristes. Ainsi la création très réaliste de David Bielander de 2012 représentant un serpent croise celle plus luxueuse signée Cartier de 1968 d'une incroyable richesse.
Collier Mamba de David Bielander, 2012
 (Corinne Jeammet)

Cartier Paris, collier Serpent, commande de 1968. Platine, or blanc et or jaune, 2 473 diamants taille brillant et baguette pour un poids de 178,21 carats, deux émeraudes de forme poire (yeux), émail vert, rouge et noir.
	 
	 
 (Nick Welsh, Cartier )
Grâce aux artistes d’avant-garde et aux créateurs contemporains, le bijou a été réinventé, transformé. 
Van Cleef & Arpels, Bracelet Ruban, 1959. Platine, or jaune, Serti Mystérieux rubis, diamants. Collection Van Cleef & Arpels
 (Van Cleef & Arpels)
Le bijou ne se réduit pas seulement à une fonction ornementale. Il n'est pas non plus seulement l'apanage de la femme : il fait aussi partie du vestiaire masculin et reflète les changements de codes culturels.
Sans titre de Bruno Pélassy, années 1990.
 (Corinne Jeammet)

L’identité, la valeur, le corps et le rituel

L'exposition se décompose autour de quatre thématiques : l’identité, la valeur, le corps, et le rituel. Le gant porté par Michael Jackson est plus qu'un accessoire de mode, il entretient un rapport de codépendance avec le corps du chanteur.
Michael Jackson Victory Tour Crystal Glove
 (Corinne Jeammet)
L'exposition montre que le bijou peut être aussi un messager - le ruban rouge de la lutte anti-sida, la main anti-raciste "Touche pas à mon pote"…- voire adopter une dimension rituelle - le bijou porte-bonheur, les pendentifs religieux, le collier d'ambre…

Le bijou, un médium pour des artistes

Au travers de plus de 400 bijoux, cette exposition fait cohabiter des univers qui souvent s’ignorent ou se méconnaissent : bijoux d’artistes et de designers, bijoutiers contemporains, maisons de joaillerie et pièces anonymes, ethniques ou fantaisie.
Necklace CNN de Thomas Hirschhorn, 2002.
 (Corinne Jeammet)
L'exposition dédie une place particulière aux artistes d’avant-garde et aux créateurs contemporains qui bouleversent les conventions du bijou et, le réinventant en permanence, comme le montre ci-dessus le necklace CNN de Thomas Hirschhorn un collier format géant en carton, papier plastique, papier d'emballage doré qui pèse 10 kilogrammes.

Au nombre de créateurs contemporains présents, on compte aussi Anni Albers, Man Ray, Meret Oppenheim, Alexander Calder, Salvador Dali, Louise Bourgeois, Lucio Fontana, Niki de Saint Phalle, Fabrice Gygi….
Anonyme (culture Quimbaya, Colombie). Ornement de nez [nariguera]. 800-1200. Or Paris, musée du quai Branly - Jacques Chirac
	 
 (Musée du quai Branly - Jacques Chirac Dist. RMN-Grand Palais)
Les bijoutiers d’avant-garde et designers présentés sont René Lalique, Suzanne Belperron, Line Vautrin, Art Smith, Tony Duquette, Bless, Nervous System… Les bijoutiers contemporains sont Gijs Bakker, Otto Künzli, Karl Fristch, Dorothea Prühl, Seulgi Kwon, Sophie Hanagarth…. Les joailliers sont Cartier, Van Cleef & Arpels, Victoire de Castellane, Buccellati
Meret Oppenheim, Bracelet, 1935. Fourrure, métal. Pièce unique. Paris, collection Clo Fleiss
	 
 (ADAGP, Paris 2017)
L’exposition rend aussi hommage aux artisans anonymes, orfèvres et paruriers, qui inventent le bijou depuis plusieurs millénaires. A découvrir également des pièces plus anciennes ou non-occidentales (de la Préhistoire, du Moyen-Age, des bijoux amérindiens, du punk et du rap au bijou fantaisie…)
Karl Fritsch, Bague, 2006 Argent oxydé, pierres fines Collection Ville de Cagnes-sur-Mer
	 
 (Karl Fritsch © Collection Ville de Cagnes-sur-Mer)
Ces pièces dialoguent avec une vingtaine d’oeuvres et installations d’artistes contemporains (Mike Kelley, Leonor Antunes, Jean-Marie Appriou, Atelier E.B, Liz Craft…). 

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