400 bijoux se confrontent au Musée d'art moderne
S’il est l’une des formes d’expression artistique la plus ancienne et universelle, à mi-chemin entre parure et sculpture, au bijou s'associe souvent une image d’objet trop féminin, trop précieux, trop ornemental ou trop primitif, qui l’empêche d’accéder au statut d’oeuvre d’art. L'exposition interroge donc sur les frontières de l’art, en les reconsidérant au travers de la vision d'artistes contemporains.
Un joyeux melting pot
Le parcours est ponctué de traditionnelles vitrines horizontales et de sombres niches verticales dans lesquelles reposent ses bijoux - tout genre confondu - mais le manque de lumière nuit parfois à ses trésors. Mais ce qui attire l'oeil ce sont ces installations de bijoux grand format qui jalonnent la visite et donnent de la modernité.Au mur, des photos en noir et blanc de personnalités (Joséphine Baker, Boy Georges, Elizabeth Taylor... ) arborant des parures et des tableaux historiques complètent le dispositif.
Un serpent pour 2 interprétations
Ces pièces, connues et méconnues, uniques, multiples, faites à la main, industriellement ou par ordinateur, offrent des esthétiques raffinées, artisanales, amateures, ou au contraire futuristes. Ainsi la création très réaliste de David Bielander de 2012 représentant un serpent croise celle plus luxueuse signée Cartier de 1968 d'une incroyable richesse.Grâce aux artistes d’avant-garde et aux créateurs contemporains, le bijou a été réinventé, transformé.
Le bijou ne se réduit pas seulement à une fonction ornementale. Il n'est pas non plus seulement l'apanage de la femme : il fait aussi partie du vestiaire masculin et reflète les changements de codes culturels.
L’identité, la valeur, le corps et le rituel
L'exposition se décompose autour de quatre thématiques : l’identité, la valeur, le corps, et le rituel. Le gant porté par Michael Jackson est plus qu'un accessoire de mode, il entretient un rapport de codépendance avec le corps du chanteur.L'exposition montre que le bijou peut être aussi un messager - le ruban rouge de la lutte anti-sida, la main anti-raciste "Touche pas à mon pote"…- voire adopter une dimension rituelle - le bijou porte-bonheur, les pendentifs religieux, le collier d'ambre…
Le bijou, un médium pour des artistes
Au travers de plus de 400 bijoux, cette exposition fait cohabiter des univers qui souvent s’ignorent ou se méconnaissent : bijoux d’artistes et de designers, bijoutiers contemporains, maisons de joaillerie et pièces anonymes, ethniques ou fantaisie.L'exposition dédie une place particulière aux artistes d’avant-garde et aux créateurs contemporains qui bouleversent les conventions du bijou et, le réinventant en permanence, comme le montre ci-dessus le necklace CNN de Thomas Hirschhorn un collier format géant en carton, papier plastique, papier d'emballage doré qui pèse 10 kilogrammes.
Au nombre de créateurs contemporains présents, on compte aussi Anni Albers, Man Ray, Meret Oppenheim, Alexander Calder, Salvador Dali, Louise Bourgeois, Lucio Fontana, Niki de Saint Phalle, Fabrice Gygi….
Les bijoutiers d’avant-garde et designers présentés sont René Lalique, Suzanne Belperron, Line Vautrin, Art Smith, Tony Duquette, Bless, Nervous System… Les bijoutiers contemporains sont Gijs Bakker, Otto Künzli, Karl Fristch, Dorothea Prühl, Seulgi Kwon, Sophie Hanagarth…. Les joailliers sont Cartier, Van Cleef & Arpels, Victoire de Castellane, Buccellati…
L’exposition rend aussi hommage aux artisans anonymes, orfèvres et paruriers, qui inventent le bijou depuis plusieurs millénaires. A découvrir également des pièces plus anciennes ou non-occidentales (de la Préhistoire, du Moyen-Age, des bijoux amérindiens, du punk et du rap au bijou fantaisie…)
Ces pièces dialoguent avec une vingtaine d’oeuvres et installations d’artistes contemporains (Mike Kelley, Leonor Antunes, Jean-Marie Appriou, Atelier E.B, Liz Craft…).
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