Cet article date de plus de dix ans.

A Kiev, l'esprit de défi anime les créateurs de mode ukrainiens

Les lumières baissent, une musique mélancolique démarre, un mannequin arrive sur le podium : on n'est ni à New-York, ni à Milan... mais à Kiev. En dépit de la guerre avec la Russie qui menace, la semaine de la mode ukrainienne s'est ouverte le 14 mars. Jusqu'au 19 mars 2014, le centre d'expositions Mystetskiï Arsenal devient une vitrine pour 40 créateurs locaux.
Article rédigé par franceinfo - Corinne Jeammet (avec AFP)
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Semaine de la mode en Ukraine (mars 2014)
 (YURY KIRNICHNY / AFP)
Avec les menaces pesant sur leur pays, les organisateurs et les designers insistent sur leur volonté d'y répondre par un message optimiste au reste du monde et à leurs compatriotes. "Nous avons réfléchi à un possible ajournement de la semaine mais quand la crise en Crimée a commencé, nous avons compris qu'il fallait la tenir maintenant", indique Irina Danilevska, co-fondatrice et organisatrice du show. "Nous devons montrer au monde extérieur que nous ne sommes pas brisés et que nous sommes forts", poursuit-elle.
Marques de .shirts avec les inscriptions "Stop Poutin,", "Glory for Ukraine".... présentés dans le cadre de la semaine de la mode (mars 2014)
 (YURY KIRNICHNY / AFP)
Avant la semaine de la mode, la contestation sur le Maïdan

Irina Danilevska et d'autres partenaires de la semaine de la mode ont participé au mouvement de contestation sur le Maïdan qui avait renversé le président pro-russe Viktor Ianoukovitch. Ils ont contribué à propager le message des protestataires et travaillé dans leurs hôpitaux, dit-elle. "Ils ne vivent pas dans les nuages, ils ont les pieds bien par terre". Il règne, ici, un esprit de défi. "Ce qui se passe en Ukraine ne veut pas dire que tout s'est arrêté et que rien ne marche plus", dit un autre fondateur de la semaine de la mode, Olexandre Sokolovski.
Semaine de la mode en Ukraine (mars 2014).
 (YURY KIRNICHNY)
Des créateurs qui témoignent 

"Nous voulons montrer que ce n'est pas la guerre, que la vie continue en Ukraine", ajoute Natalia Kamenska du duo de créatrices Amenskakononova, rebaptisé en Lake. Après avoir hésité, les jeunes femmes ont créé leurs nouveaux modèles en quelques semaines, tout en continuant leur activités sur le Maïdan. Elles présentent une collection sobre et sombre, leurs vêtements s'ornant souvent du mot "Devoir". Le fond sonore du show - un "bruit industriel" - était aussi pensé comme hommage aux manifestants, une tentative de faire sentir aux gens "quelque chose dans leur for intérieur, car ce bruit, vous le sentez dans votre corps", dit Kamenska.
La créatrice Lilia Poustovit, dont les vêtements sont vendus en Italie, en Suisse et en Russie, a choisi de manifester son patriotisme par une collection pale jaune et bleue, les couleurs du drapeau ukrainien.
Deux designers ukrainiens ont dû annuler leur participation, leur travail ayant été perturbé par les événement et des participants étrangers se sont désistés, ont expliqué les organisateurs. Mais pour l'industrie et les créateurs ukrainiens qui doivent vendre leur production, il était vital de ne pas abandonner. "Nous avons plein de gens très talentueux et nous avons le devoir de le montrer", dit Danilevska, qui espère profiter de la présence massive de journalistes étrangers à Kiev.

Pas de fêtes branchées mais une occasion de penser à autre chose

Cependant, la situation politique a conduit les organisateurs à annuler les fêtes branchées prévues. "Les réceptions avec célébrités ont disparu du programme et nous n'avons gardé que les événements professionnels", indique Sokolovski. Il n'empêche, pour bien des visiteurs la semaine de la mode fournit une occasion de penser à autre chose que les nouvelles de plus en plus inquiétantes à la télévision. Venue pour la première fois, Mila Borodine envisage d'acheter quelques accessoires en se disant que la semaine est bienvenue : "avec ce qui arrive, tout le monde cherche à se détendre. La vie continue".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.