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A Lagos, capitale africaine de la mode, "le trad, c'est swag" !
Dans ses clips bling-bling, Wizkid, l'icône de la pop nigériane, a troqué ses jeans, ses caleçons apparents et ses T-shirts Versace pour des tenues traditionnelles : la nouvelle tendance pour la jeunesse de Lagos. Avec plus de 500 groupes ethniques, le Nigeria est attaché à ses valeurs.
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En 2016, Vogue, magazine leader de la mode, l'a élu "chanteur pop le mieux habillé du Nigeria" : un titre convoité et exigeant dans ce pays où l'apparence est reine et la concurrence, à tous les coins de rue.
Hier tenue pour les anciens ou les ruraux
L'agbada yorouba (immense tunique de trois épaisseurs), le Niger Delta igbo (chemise brodée avec un col Mao) ou le babariga haoussa (longue tunique sahélienne avec chapeau asymétrique brodé) étaient, comme souvent en Afrique, considérés comme des tenues pour les anciens ou ruraux. Mais depuis quelques années, on porte le "trad" (vêtement traditionnel) au bureau, aux mariages, en rendez-vous d'affaires et surtout, dans les clips de musique et en boîtes de nuit."C'est le must maintenant", confiait Wizkid au magazine Vogue. "Quand je suis à Lagos, je porte uniquement des tissus africains. J'achète des tissus du Nord (du Nigeria), du Sud, de l'Ouest, et je les mélange", explique le musicien, érigé demi-dieu de la musique nigériane à 26 ans.
Par manque d'espace, les centres commerciaux manquent dans la mégalopole de 20 millions d'habitants. Les magasins de prêt-à-porter sont rares ou difficiles d'accès. Et avec la récession économique et la chute vertigineuse du Naira, finies les virées shopping à Dubaï, Paris ou Milan. Même les plus riches doivent se contenter de l'offre locale et la cote des tailleurs de rue explose.
B.J., "Le Peul, je kiffe"
En 2012, Omobolaji Ademosu a abandonné son emploi dans une banque pour monter sa ligne de vêtement pour hommes, Pro7ven. Dans deux minuscules ateliers d'Ojodu, à la périphérie de Lagos, sa douzaine d'employés découpent, cousent, repassent et enchaînent les commandes. B.J. fait de la mode "africaine contemporaine" : des agbadas à peine plus resserrés à la taille que le veut la tradition, brodés à l'encolure, qui peuvent se vendre jusqu'à 150.000 nairas (420 euros). "Le trad, c'est swag. D'un jour à l'autre, je peux mettre du Igbo, du Yorouba, même le Peul (tribu nomade du Nord), je kiffe ! C'est l'esprit multiculturel de Lagos, il n'y pas de barrière", sourit B.J.Un signe de respect
Lors de rendez-vous professionnels avec un homme politique ou un chef d'entreprise important, s'habiller dans la tenue ethnique de votre interlocuteur est un signe de respect qui peut rapporter gros. Ou du moins, des contrats importants.Avec plus de 500 groupes ethniques, le Nigeria est attaché à ses valeurs traditionnelles. Une fierté qui commence d'ailleurs à dépasser les frontières du pays.
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