Anjali Lama, mannequin transgenre, va défiler à la Lakmé Fashion week de Bombay
Ostracisée par les membres de sa famille lorsqu'elle leur a annoncé il y douze ans qu'elle souhaitait vivre en tant que femme, Anjali Lama a surmonté les obstacles pour devenir la première top-model transsexuelle de son pays himalayen. Un parcours qui l'amène à défiler à la Lakmé Fashion Week de Bombay, prestigieux rendez-vous de la mode en Inde qui se tient du 1er au 5 février 2017.
"Grandir au Népal en tant que transgenre était extrêmement difficile", raconte Anjali Lama lors d'une interview par email avec l'AFP. "Dans les pays d'Asie du Sud, les gens ne sont pas tolérants, ils traitent (la transidentité) comme une maladie. On vous regarde différemment et on vous traite différemment". "Il faut rester solide pour réaliser ses rêves", ajoute cette femme de 32 ans.
A Katmandou, la capitale népalaise où elle a déménagé pour ses études, Anjali Lama s'engage dans un groupe de défense des droits des LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) nommé Blue Diamond Society. En 2009, elle subit une chirurgie de réattribution sexuelle partielle. Mais elle ne se découvre un intérêt pour le mannequinat que lorsque sa photo apparaît en couverture d'un magazine consacrant un article aux transgenres.
New York, Milan, Paris ?
Elle prend des leçons de mannequinat mais ses débuts sont marqués par la difficulté de trouver du travail : "J'étais rejetée à cause de mon identité et c'était vraiment décourageant", confie-t-elle. Ses premiers succès coïncident avec l'évolution du Népal vis-vis des transgenres : depuis 2015, cette république montagneuse autorise ses citoyens à choisir leur sexe, donnant la possibilité aux transgenres de se réclamer d'un troisième genre."Les temps changent, les gens sont devenus plus compréhensifs", explique Anjali Lama, qui espère pouvoir un jour s'offrir une opération pour devenir une femme - une telle opération, en raison de son coût élevé, reste inaccessible à la plupart des Népalais. Malgré les avancées récentes de sa législation, le Népal a encore beaucoup à faire pour améliorer l'accès des transgenres à l'éducation et à l'emploi, prévient Manisha Dhakal, l'une des fondatrices de Blue Diamond Society. "Pour être acceptés par la société, nous avons besoin d'assurer notre indépendance économique", déclare-t-elle à l'AFP.
Dans l'Inde voisine, les "hijras", travestis, dénoncent de longue date les discriminations dont ils font l'objet. Ils sont reconnus officiellement comme un troisième genre mais, étant rejetés par la société, certains d'entre eux en sont réduits à mendier ou à se prostituer.
Anjali Lama espère que son apparition à la Lakmé Fashion Week constituera une avancée pour la cause des transgenres dans cette région conservatrice du monde. Elle rêve de marcher un jour dans les pas d'autres mannequins transgenres sur les podiums de New York, Milan et Paris. "J'espère être une inspiration pour les autres transgenres. J'aimerais leur dire de toujours croire en eux et garder leur cap".
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