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Après New York, Londres prend le relais de la fashion week

Des jeunes designers issus de l’école Central St Martins ont ouvert le bal de la fashion week. La capitale britannique prend le relais de New York pour 5 jours de shows automne-hiver 2014, au cours desquels vont se côtoyer 77 créateurs, étoiles montantes et talents confirmés. 70% des shows sont retransmis en direct sur internet du 13 au 17 février 2014.
Article rédigé par franceinfo - Corinne Jeammet (avec AFP)
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Ondrej Adamek (London Saint Martins) pap ah 2014-2015, à Londres.
 (Ondrej Adamek for)

Les organisateurs mettent l'accent sur les réseaux sociaux, tout en sélectionnant de façon plus sévère les blogueurs accrédités, face à l'explosion des demandes. Plus de 5.000 visiteurs venus de 48 pays -acheteurs, journalistes et blogueurs- sont attendus à cette fashion week, qui génère des commandes de plus de 120 millions d'euros, selon les estimations du British Fashion Council. Directrice exécutive du BFC, Caroline Rush se réjouit de voir "l'attention internationale se focaliser sur toute une cohorte de designers confirmés qui sont les grandes marques mondiales de demain".

Et de citer notamment Christopher Kane, marque acquise par le groupe Kering, et J.W. Anderson, qui a signé un accord avec LVMH. Ces contrats "ont vraiment aidé à faire prendre conscience qu'il y a des opportunités de croissance et d'investissement dans les jeunes entreprises britanniques", esplique-t-elle. Pour encourager encore ce mouvement, le BFC projette d'organiser en juin à Londres un "Fashion Forum", réunissant investisseurs, industriels et créateurs.

  (ANDREW COWIE / AFP)
Les talents émergents font la réputation de Londres

A côté des défilés toujours attendus de Burberry Prorsum, Vivienne Westwood (Red Label), Topshop Unique, Christopher Kane, Mary Katrantzou ou Roksanda Ilincic, sont attendus de nouveaux venus, notamment Joseph et la marque Hunter mais aussi J. JS Lee, les soeurs Felder Felder et Bora Aksu, tous sortis de la Central St Martins.
Paul Smith pap ah 2014-2015, à Londres
 (JUSTIN TALLIS / AFP)
Paul Smith a présenté un vestiaire décontracté avec des tailleurs pantalons fluides à l'allure de pyjamas, alliant rayures et imprimés cachemire, La collection fait la part belle aux matières soyeuses et confortables. Un pantalon large en cachemire se porte avec un pull en lurex ou avec un gilet de fourrure sans manches. Les imprimés cachemire reviennent régulièrement, contrastés en noir et blanc sur un manteau, un pantalon, ou dans des tons plus sourds sur des robes de soie. Les rayures s'affichent sur des pyjamas ou sur une robe de chambre nouée à la ceinture, portée sur un pantalon. La palette tourne autour du taupe, gris, violet, noir.
VIvienne Westwood pap ah 2014-2015, à Londres
 (JUSTIN TALLIS / AFP)
Les rayures, fines, étaient aussi de mise au défilé Vivienne Westwood pour sa collection Red Label, couvrant jupes, robes et pantalons, assortis à des hauts également rayés ou à une veste rouge vif. La créatrice est allée fouiller dans ses archives pour cette collection qui revisite le style aristocratique anglais, avec du tweed, des chapeaux, des tissus écossais, du velours noir et des pantalons jodhpurs coupés au niveau du genou.  Certaines tenues sont sophistiquées, avec perles et escarpins mais l'irrévérence caractéristique de Vivienne Westwood n'est jamais loin, s'exprimant avec des mini-shorts en fourrure ou cette queue de lapin ornant l'arrière d'une jupe. La femme de cette collection, explique la créatrice, est quelqu'un qui "sait où elle va". "Elle se soucie du monde, s'intéresse à la culture passée mais aussi au futur et aux moyens de sauver la planète", assure cette militante écologiste, qui a dédié son défilé à la lutte contre l'exploitation du gaz de schiste au Royaume-Uni.
  (JUSTIN TALLIS / AFP)
Mary Katrantzou, qui s'est fait connaître avec ses imprimés géométriques en trompe-l'oeil, a élargi son répertoire. La styliste joue avec les matières sur des robes longues ou courtes, avec des plissés, des dentelles, des brocarts et même une cotte de mailles. Et pour orner ses vêtements, elle mêle motifs anciens et symboles modernes,comme des panneaux de circulation routière: interdictions de faire demi-tour et triangles de signalisation s'assemblent ainsi sur de fines robes de dentelle.
  (JUSTIN TALLIS / AFP)
Le mannequin-star britannique Cara Delevingne, 21 ans, a présenté sa collection de sacs pour Mulberry. Elle a montré plusieurs versions du sac qu'elle a conçu, et qui peut se porter sur le dos, sur l'épaule ou au bras.
Hunter pap ah 2014-2015, à Londres
 (BEN STANSALL / AFP)
Le podium était transformé en pataugeoire pour les premiers pas des bottes en caoutchouc de Hunter Original. Sous les yeux de sa femme Stella McCartney, le créateur Alasdhair Willis a fait défiler les "wellies" typiquement britanniques qu'affectionnent aussi bien la reine que Kate Moss. Les mannequins portent des vêtements d'extérieur, en néoprène et matières imperméables: ponchos, duffle-coats et doudounes. La collection unisexe fait la part belle aux tons verts et bruns traditionnels pour cette marque fondée en Ecosse il y a 160 ans, qui a équipé les soldats de la Première et de la Seconde Guerres mondiales. Mais elle se fait aussi plus futuriste avec de l'argenté, du jaune fluo, du rouge vif, du bleu électrique. Les bottes, qui se déclinent aussi en boots plates ou à talons, se portent avec un trench ou un ciré court.
Jonh Rocha pap ah 2014-2015, à Londres
 (TOLGA AKMEN / ANADOLU AGENCY)
Chez John Rocha, les femmes-fleurs sont ornées d'imposants pétales. Le noir, décliné sur du tulle, des dentelles, de la soie, de l'organza, était la star du show inspiré par le ciel crépusculaire d'Islande et le travail du peintre français Pierre Soulages. Les robes, baroques, se portent avec des mi-bas et des chaussures à talons épais. La tête et les épaules disparaissent sous une surabondance de volants, tels des pétales de rose géants, noirs ou gris. Un manteau de velours rouge carmin se porte avec un oeillet démesuré à la boutonnière. Parfois les fleurs se font plus petites, comme lorsqu'elles viennent parsemer une robe de tulle noire, et l'égayer de rose, rouge et or. John Rocha est un admirateur de Pierre Soulages, chantre du noir. "Toutes ses peintures sont un travail sur la texture", explique le créateur originaire de Hong Kong et installé à Dublin. 
Felder Felder pap ah 2014-2015, à Londres
 (BEN STANSALL BEN STANSALL / AFP)
Matières travaillées, dos nus et talons aiguille: les soeurs jumelles créatrices de Felder Felder ont offert une vision sophistiquée et rock. Les Allemandes se sont inspirées des toiles abstraites de leur concitoyen Gerhard Richter, dont les couleurs lumineuses -rose, vert, jaune- s'impriment sur des jupes courtes en soie légères, portées avec un blouson noir. Les vêtements sont ponctués de bandes d'organza qui laissent entrevoir la peau, comme les bustiers portés courts au-dessus de jupes. "La femme que nous habillons est un peu plus sophistiquée, elle a vécu, elle a de l'expérience", décrit Daniela Felder au côté de sa soeur Annette. Les matières, contrastées et variées, sont travaillées avec soin : la fausse fourrure est réalisée avec de fines lanières d'organza. Et dans certaines pièces ont été incrustées des extensions de cheveux blonds, pour ajouter de la texture, expliquent les soeurs qui ont lancé leur marque alors qu'elles étaient encore étudiantes à la Central Saint Martins de Londres en 2006/2007.

Plus difficile à porter, une "jupe interactive" a été présentée par le duo Fyodor Golan, avant un défilé futuriste où le PVC et le rose fluo régnaient en maître. Cette jupe est composée de 80 écrans de téléphones Nokia Lumia, qui grâce à une application, changent de couleur en fonction des mouvements, créant des effets chatoyants.
Topshop pap ah 2014-2015, à Londres
 (JUSTIN TALLIS / AFP)

Nouvelle collaboration avec Kate Moss : Topshop est à 50 ans un acteur reconnu dans la mode tout en gardant son esprit d'ado rebelle. "L'élégance ébouriffée" est le maître-mot de la collection de Unique, label haut de gamme de l'enseigne britannique, confie la styliste en chef Emma Farrow. "Nous avons trouvé un vieux livre de bonnes manières appelé +Comment être une lady+. La fille Unique que nous présentons, c'est plutôt +Comment ne pas être une lady+", s'amuse-t-elle. La collection puise son inspiration dans les uniformes scolaires, tout en reprenant des imprimés floraux typiquement "british". La fille est "à la fois dure à cuire et cool, un peu androgyne, avec un côté avant-gardiste, et elle aime s'habiller pour sortir", synthétise encore la créatrice. La variété des vêtements et la forte réactivité des stylistes aux tendances des défilés sont une clé de la réussite de Topshop, paradis de la mode jeune et branchée, qui a fait ses débuts en 1964. L'enseigne sponsorise les shows de jeunes designers par le biais de son programme NewGen: parmi ses bénéficiaires passés, certains sont devenus des talents confirmés comme Alexander McQueen, Christopher Kane et Mary Katrantzou. 

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