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Avec Bis Boutique Solidaire, Rémi Antoniucci fait rimer shopping et insertion

Créée par Rémi Antoniucci, consultant en entreprise passionné de mode, Bis Boutique Solidaire a ouvert sa seconde boutique parisienne. Bis, c'est une friperie stylée, au grand coeur, qui donne une seconde vie à des vêtements de qualité vendus à prix doux et une seconde chance aux gens via des contrats d'insertion. Un concept qui prouve que mode et éthique ne sont pas incompatibles !
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Rémi Antoniucci, fondateur de Bis Boutique Solidaire, dans l'atelier parisien au milieu des stocks de vêtements triés
 (Corinne Jeammet)

Dans un décor contemporain, Bis Boutique Solidaire avec sa devanture design reprend les codes du merchandising des boutiques de prêt-à-porter neuf. Elle propose une offre de seconde main abordable de moyenne gamme avec des pièces plus luxes pour femmes, hommes et enfants.

Bis Boutique Solidaire. 19, rue Lamartine à Paris 9e : une pallette colorée d'écharpes
 (Corinne Jeammet)
"On trie 5000 vêtements par jour à l’atelier situé dans le 19e arrondissement. 900 pièces intègrent quotidiennement les deux boutiques parisiennes. Ici, les nouveautés sont constantes : les portants sont renouvelés 3 fois par jour" insiste Rémi Antoniucci.
Bis Boutique Solidaire. 19, rue Lamartine à Paris 9e
 (Corinne Jeammet)
Cette sélection ultra-pointue de vêtements et d’accessoires est composée de pièces propres, en parfait état et abordables (entre 5 et 15 % du prix neuf).
Bis Boutique Solidaire. 19, rue Lamartine (75009)
 (Corinne Jeammet)

Quel a été le déclic ?

"Après avoir travaillé dans le conseil en entreprise et la finance, j’avais envie d’intégrer l’univers de la mode. Une amie qui faisait du bénévolat au Secours Catholique leur a transmis mon CV. J’ai, alors, été recruté comme consultant pour la création d’emploi en insertion. Puis, j’ai monté mon projet qui a abouti avec la création de la première boutique en mars 2012. J’ai découvert l’insertion sur le tas, au quotidien", explique le créateur de Bis Boutique Solidaire qui souligne "Aujourd’hui, encore, je souhaite continuer à être dans l’associatif".

Avec quelles associations travaillez-vous ?

L’entreprise est détenue par une association dont toutes les associations fournisseuses de vêtements sont membres et 100% des profits sont réinvestis dans le projet. Cette référence mode de l’économie sociale solidaire s’inscrit dans une démarche d’insertion professionnelle et d’économie locale.

"Le point de départ, c’est une commande du Secours Catholique en vue de valoriser les dons reçus. Notre association Comptoir de la voûte collecte les vêtements au travers d’associations comme Les Apprentis d’AuteuilLes Petits Frères des Pauvres, le Rosier rouge… Cette collecte représente 330 tonnes en 2016 soit 1,4 millions de vêtements" souligne Rémi Antoniucci avant de rajouter : "Mon but est de pérenniser cette structure et c’est en bonne voie avec cette seconde boutique (19, rue Lamartine) avec 50 m2 d’espace de vente. La première boutique (7, boulevard du Temple) offrant 80 m2 de surface de vente".
Rémi Antoniucci, fondateur de Bis Boutique Solidaire, dans l'atelier parisien au milieu des stocks de vêtements triés
 (Corinne Jeammet)

Du don à la vente, comment procédez-vous ?

"L’entreprise nécessite beaucoup de main d’œuvre. Notre problématique étant le sourcing, c’est-à-dire la recherche des vêtements".
Les sacs de vêtements avant le tri dans l'atelier parisien Bis boutique Solidaire
 (Corinne Jeammet)
"On conserve 20% de ce que l’on reçoit et 80% repart : les textiles abîmés sont revendus à une plateforme de recyclage situé en Normandie Cobanor, l’autre partie des vêtements en bon état ainsi que nos retours boutiques non vendus est donnée à des associations (Secours Catholique, les vestiaires d’hôpitaux, les vestiaires de prison…). Cela représente 50.000 vêtements par an. Aujourd’hui on sait mieux recycler le vêtement, le trier, mieux le valoriser. 100.000 vêtements ont été vendus en 2015 dans la première boutique".
Dans l'telier de Bis boutique solidaire, à Paris, les stocks de vêtements attendent de rejoindre l'une des boutiques
 (Corinne Jeammet)

Quels sont les profils des personnels en insertion ?

"27 personnes travaillent à temps plein, dont 18 sont en insertion (répartis entre la boutique, l’atelier et les chauffeurs). On prend des gens éloignés de l’emploi, plus de ¾ sont au chômage, sans logement. Il y a des jeunes sans qualification, des familles monoparentales en difficulté, plus de 50% sont en rupture de vie, nous avons aussi des transgenres et des migrants" précise-t-il.

"Pôle Emploi nous envoie des candidats à l’insertion. Il est nécessaire d’avoir leur agrément pour les prendre. La chargée d’insertion, qui travaille à temps plein, règle les problèmes sociaux, la remobilisation à l’emploi, la formation sur le poste de travail. Elle les aide dans leur projet professionnel, dans les stages de formation et à la recherche d’emploi active. Nous nous intéressons plus à la motivation de chacun" insiste-t-il.
Rémi Antoniucci, fondateur de Bis Boutique Solidaire, étiquette les vêtements dans son atelier parisien
 (Corinne Jeammet)

Les 4 engagements moteurs de l’association

- Trier et revalorise des vêtements collectés par des associations parisiennes et d’Île de France. Les vêtements sont achetés en gros à ces associations leur permettant de financer leurs actions en faveur des plus démunis.
- Etre un tremplin professionnel pour de nombreuses personnes en difficultés venant de tous horizons.
- Donner gratuitement des vêtements en bon état à plusieurs associations partenaires : soit 50 000 vêtements qui profitent aux plus démunis chaque année.
- Offrir une seconde vie aux vêtements en mauvais état ne pouvant être réemployés grâce au recyclage. Moins de 1% des vêtements collectés finissent en déchet.
Les stocks de vêtements dans l'atelier Bis Boutique Solidaire, à Paris
 (Corinne Jeammet)

Entre 2012 et 2015, 305 000 pièces ont été vendues

Depuis 2012, plus d’une centaine de personnes en grandes difficultés ont été salariées, accompagnées, formées et deux tiers travaillent désormais au sein d’entreprises de l’économie classique. Dès 2014 des postes de responsable tri, responsable sélection, contrôleur qualité à l’atelier ont été créés afin d’améliorer la formation interne et l’offre boutique.

Entre 2012 et 2015, 305 000 pièces ont été vendues au travers du premier point de vente parisien. Fin 2015, la surface atelier a été doublée, la méthodologie de travail repensée et des investissements ont été réalisés.
Dans l'atelier parisien de Bis Boutique Solidaire, les vêtements d'été vont bientôt rejoindre les portants des boutiques 
 (Corinne Jeammet)
En 2016, près d’1,3 million de pièces de seconde main seront triées grâce à son partenaire le Secours Catholique et des associations collectrices de vêtements. 

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