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Azzedine Alaïa, sculpteur du corps féminin, derniers jours au Palais Galliera

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Le Palais Galliera célèbre Azzedine Alaïa en lui consacrant sa 1ère rétrospective parisienne. 70 modèles iconiques retracent son parcours créatif unique. Ce sculpteur du corps féminin préfère "les vêtements qui durent" et ne pense qu'à "rendre les femmes plus belles". Une jolie leçon de couture émouvante pour ce créateur qui reste en dehors de la frénétique planète mode. A voir jusqu'au 26 janvier

Corinne Jeammet

"C'est mieux qu'on m'expose de mon vivant; je m'en balancerai quand je serai mort. Et là, au moins, je vais pouvoir lire ce qu'écrivent les journalistes sur moi!", plaisante le créateur né en Tunisie autour de 1940 ("J'ai l'âge des pharaons. Les dates, je les ai effacées", se contente-t-il de dire).
 (Corinne Jeammet)
"J'aime les femmes", lâche-t-il pour expliquer son succès. Lui qui a fait des études de sculpture, parle de leur "derrière" comme personne. "Je ne pense pas toujours à faire des nouveautés, à être créatif, mais à faire un vêtement pour que les femmes soient belles", explique le couturier, qui s'est allié avec le groupe suisse Richemont, numéro deux mondial du luxe. 
 (Corinne Jeammet)
Ses défilés ont lieu dans son showroom, après la fashion week. Que pense-t-il du rythme de la mode, où les collections se succèdent toujours plus vite? "C'est la course, c'est un acharnement", dit-il. "Il faut se calmer! Pour la création, ce rythme n'est pas bon". "J'essaie de regarder tout ça de loin. Moi, quand j'ai une idée dans l'année, je remercie le ciel", lâche-t-il en riant. On ne chôme pas cependant chez Azzedine Alaïa. "Je ne suis pas quelqu'un qui me fatigue au travail".
 (Corinne Jeammet)
2013 semble être son année. Outre la préparation des collections, il a fallu travailler sur l'exposition au Palais Galliera. Une boutique ouvrira rue de Marignan en octobre. Il a fait les costumes du ballet "Les Noces de Figaro" à Los Angeles et un ballet d'Angelin Preljocaj, "Les Nuits". "C'est un travail totalement différent. C'est agréable".
 (Corinne Jeammet)
Encouragé par son ami Thierry Mugler, il présente en 1979 sa première collection griffée, et déjà il rend le cuir plus fragile, plus sensuel aussi. Le jersey et le stretch, dont il drape les corps, rappellent l’École des Beaux-Arts de Tunis où il étudia la sculpture : « Quand je travaille le vêtement, il faut que ça tourne autour du corps, de profil et de dos ». Les zips tracent leur chemin autour des robes, les oeillets percent les manteaux, les piqûres soulignent le galbe des tailleurs… 
 (Corinne Jeammet)
Alaïa a modelé un corps nouveau tel un sculpteur dont les mains façonnent la mousseline ou le cuir. Il est l’un des rares à maîtriser toutes les étapes de la réalisation d’un vêtement : tracer un patron, dessiner à même la toile les formes et les volumes qu’il a en tête, couper, coudre et dompter les tissus. 
 (Corinne Jeammet)
Adulé dans le monde entier depuis les années 1980, le couturier qui dessine peu, préférant draper et couper lui-même tard dans la nuit, est un "homme libre" qui n'a besoin, ni des grands magazines de mode, ni du calendrier des défilés pour exister. "Il n'a pas de parutions dans le (très influent) Vogue américain et ça ne le gêne pas. Il n'a aucune contrainte. Le vrai luxe, il est là", commente son ami Didier Krzentowski, galeriste parisien.
 (Corinne Jeammet)
En inventant de nouvelles morphologies par le simple jeu de coutures complexes, Alaïa est devenu le couturier d’une oeuvre qui traverse le temps. Son influence sur la mode contemporaine est fondamentale. Azzedine Alaïa poursuit son chemin en préférant « les vêtements qui durent » à ceux qui s’éteignent avec les saisons. 
 (Corinne Jeammet)
Cet amoureux des femmes confie : « Je fais des vêtements, elles font la mode… ». Les mannequins et amies qu’il a révélées - comme Naomi Campbell, Stephanie Seymour, Linda Spierings, Linda Evangelista, Veronica Webb ou Yasmin Le Bon - sont aussi ses plus fidèles admiratrices. 
 (Corinne Jeammet)
En 1985, il reçoit deux Oscars de la Mode à Paris. La même année, il est célébré au CAPC de Bordeaux avec les sculptures de Dan Flavin. En 1988, il défile au Palladium de New York avec Jean-Paul Goude à la direction artistique. En 1996, à Florence, une monographie lui est consacrée au Palazzo Corsini, suivie d’une exposition avec les peintures de Julian Schnabel à la Biennale de la Mode.
 (Corinne Jeammet)
En 1998, une rétrospective lui est dédiée au Groninger Museum, où ses modèles côtoient les oeuvres de Pablo Picasso, Jean-Michel Basquiat, Anselm Kiefer, Christophe von Weyhe… En 2000, au Guggenheim Soho, il est exposé avec les toiles d’Andy Warhol. 
 (Corinne Jeammet)
Au Palais Galliera - qui fut le lieu même de la première exposition Warhol à Paris - les robes d’Alaïa sont exposées dans une scénographie signée du designer Martin Szekely. Cette rétrospective est présentée dans les galeries rénovées ainsi que dans la salle Matisse du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris
 (Corinne Jeammet)
Galliera, musée de la mode de la ville de Paris. 10, avenue Pierre Ier de Serbie, 75016 Paris. 
 (Corinne Jeammet)

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