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Black Friday : quand l'engouement pour la mode seconde main rencontre la consommation responsable

Depuis quelques années, le marché de la seconde main se développe et s'inscrit comme une valeur sûre de la mode avec son approche éthique et éco-responsable.

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Détail d'une vitrine de boutiques en Finlande (en 2019) : la phrase entière est : "Recycling makes you happy". (ALEXANDER FARNSWORTH / PICTURE ALLIANCE)

Cette année de nombreuses marques -  engagées pour une consommation raisonnée et responsable - font campagne contre le Black Friday. Pour elles, la seule réduction qui compte, c'est celle de notre empreinte écologique. 450 marques ont ainsi formé le collectif Make Friday Green Again, d'autres ont adhéré au collectif d'associations et d'entreprises Green Friday, tandis que certaines font même le choix de fermer leurs points de vente en signe de protestation. Aujourd'hui, c'est le marché de la seconde main qui est plébiscité. 

79% des Français pensent que le Black Friday incite à la surconsommation, selon la société d'études de marché YouGov. Mais nous sommes encore loin de la Suède où est née une tendance, le "köpskam", qui signifie la honte de faire du shopping. Le Black Friday - rendez-vous commercial venu des États-Unis et importé en France en 2013 - où surproduction et surconsommation s'unissent sous la bénédiction de promotions déraisonnées est sur la sellette. 

Près de deux Français sur cinq ont acheté des vêtements d'occasion en 2019

Si "deux tiers des Français déclarent avoir acheté un ou plusieurs vêtements qu’ils n’ont presque jamais porté et 60% d’entre eux possèdent jusqu’à dix vêtements qu’ils n’ont jamais sorti de leur placard (rapport Toluna/WincorNixdorf, 2014, ndlr), une prise de conscience existe. Selon le site WedressFair 59% des Français récupèrent, réutilisent, réparent les produits / matériaux et 80% des Français disent avoir changé tout (13 %) ou une partie (67 %) de leurs comportements de consommation pour en réduire l’impact.

En quelques années, le marché de la seconde main s'est inscrit comme une valeur sûre de la mode avec son approche éthique et éco-responsable. Loin de la surconsommation, il s'agit simplement d'assumer et de revendiquer son désir de vivre la mode autrement, en achetant mieux et moins cher. En France, l'Institut Français de la Mode présentait (conjointement avec la FEVAD lors de la Paris Retail Week en septembre 2019) une étude précisant que près de deux Français sur cinq ont acheté des vêtements d'occasion en 2019. 48% des personnes interrogées ont l'intention d'en acheter plus en 2020.

Si le recours au marché du vintage (et à ses vêtements de créateurs) n’est pas nouveau, sa généralisation dans les dressings s’intensifie aujourd'hui. Simplement car il bénéficie de l’engouement pour la mode seconde main, lié pour certaines aux préoccupations budgétaires et environnementales, mais aussi à un supplément d’âme. Les créateurs l'ont bien compris, par exemple, la marque de montres vintage Au Fil du Temps redonne vie à d'anciens cadrans modernisés de bracelets interchangeables

Le Label Emmaüs "existe aussi en version recyclée et solidaire"

Partenaire du Green Friday, le Label Emmaüs (le site e-commerce de l'association Emmaüs), lui, a mené une action coup de poing dans le Marais à Paris le 20 novembre dernier pour alerter l’opinion sur la surconsommation que génère le Black Friday. Le Label Emmaüs a hacké des boutiques en plaçant devant leurs vitrines un portant mobile transformé en fenêtre web de son site, et dont le curseur pointait les articles neufs des vitrines avec le message “Existe aussi en version recyclée et solidaire”Le e-shop, à la dimension solidaire et éco-responsable, propose essentiels du quotidien et créations upcycling. Il reste fidèle à la promesse originelle des Chiffonniers d’Emmaüs : donner une deuxième vie aux objets, offrir une seconde chance aux hommes. 

ECOALF : se battre pour "une planète qui voit au-delà de la saison prochaine"

D'autres marques jouent la carte éducative comme ECOALF qui se bat pour "une planète qui voit au-delà de la saison prochaine". En 2019, la marque ne participe pas au Black Friday et met l’accent sur la nécessité de consommer de façon responsable, en présentant une vidéo éducative sur l’impact et l’empreinte environnementale causés par la surproduction et la surconsommation. 

La vidéo montre la réalité de l’industrie de la fast fashion : l’excès de production et de consommation, l’impact sur les ressources naturelles et les émissions de gaz, le gaspillage textile et le court cycle de vie des vêtements sont alarmants. Les produits chimiques, les pesticides, l’énergie et l’eau utilisés dans les usines de l’industrie textile polluent les sols, les rivières et les océans.

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