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"C’est comme un job d'été" : le business florissant de la revente de vêtements griffés en séries limitées

De plus en plus souvent, les grandes marques organisent des ventes éphémères où les clients sont tirés au sort. Pour les heureux élus, c'est l'occasion d'assouvir leur passion de la mode ou de faire une belle plus-value.

Article rédigé par franceinfo, Maureen Suignard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Des clients tirés au sort avant le coup d'envoi d'une vente éphémère organisée par le magasin Dior dans le 1er arrondissement de Paris, le mardi 8 juillet 220. (MAUREEN SUIGNARD / RADIO FRANCE)

"Il y a de l’argent à se faire..." Il suffit de tendre l'oreille dans la longue file d'attente qui mène à ce magasin Dior pour comprendre ce qui est en train de se jouer. Devant la boutique de luxe située rue Saint-Honoré dans le 1er arrondissement de Paris, une centaine de clients patientent fébrilement. Certains ont passé la nuit devant l'entrée. Ils ont tous été selectionnés pour participer, mercredi 8 juillet, à la vente d'une collection entière de vêtements disponibles en éditions limitée et dans seulement quelques magasins à travers le monde.

Doubler, voire tripler la mise

Alexandre s'est déplacé spécialement de Montpellier (Hérault). Après s'être inscrit sur internet, lui et ses amis espèrent au moins repartir avec un t-shirt, un bob ou encore pantalon. Peu importe à vrai dire car ces vêtements, ils ne les enfileront jamais. "On voit par exemple des vestes à 4 200 euros qui pourront être revendues à 10 000 euros sans difficulté. C’est énorme, ça m’impressionne !"

Nous, on achète pour les autres, pour ceux qui sont prêts à payer le prix fort

Alexandre

à franceinfo

Il y a quelques années encore, ce phénomène était spécifiquement réservé au marché des baskets de collection. D'ailleurs à l'occasion des 35 ans de la branche Air Jordan de Nike, une collaboration entre la star américaine de basket et Dior a abouti à la naissance d'une nouvelle paire de basket. Son prix ? 1 800 euros. Cinq millions d'acheteurs intéressés se sont inscrits dans le monde mais seulement 8 000 ont été tirés au sort pour payer le prix fort. Et derrière, c'est tout une économie de la revente qui s'organise, avec des prix qui explosent.  

>> Baskets : quand les "sneakers" se vendent à prix d'or

C'est le cas d'Alexandre donc, qui a repéré par exemple "une paire de chaussettes à 220 euros" qui vaudra "sûrement à la revente le double de son prix, voire le triple", dit-il avec enthousiasme. De très grosses sommes qui attirent. Certains viennent même de Suisse comme Edouard et Razi, 16 ans, prêts à dépenser 5 000 euros aujourd’hui. Une somme acquise au fil des reventes de ce type : "C’est un investissement, on n'est pas là pour rigoler", prévient l'adolescent. "C'est comme un job d'été", ajoute son ami. "Venir ici, prendre des articles et les revendre en Suisse", conclut-il.

Comme un "job d'été"

Un commerce qui demande de l'organisation, Baptiste a déjà regardé ce qui était le plus recherché à la revente. "C’est quand même un peu d’improvisation car on n’est pas sûrs d’avoir ce que l’on veut. Le but c'est quand même de repartir avec quelques pièces." Et même si cet ancien étudiant en mode se dit "inspiré" par la marque, l'objectif aujourd'hui reste la plus-value. "C’est réfléchi, indique-t-il. Notre but c’est de faire fructifier cet argent que l’on dépense. Ce sont nos économies. On est dans la vie active.''

On met de l’argent de côté pour arrondir nos fins de mois

Baptiste

à franceinfo

Après plusieurs heures de fébrilité et d'attente, ils ressortent les paquets à la main. "Je suis très content, je suis heureux, je suis l’homme le plus heureux de la planète", dit l'un. "On a pris un blazer, on a pris des T-shirts. J’ai un portefeuille aussi également pour un total de plus de 4 000 euros" détaille un autre.

Revendre sur internet 

"On va fixer nos prix et revendre nous-même", explique Amine, qui se dit prêt à attendre avant de récupérer sa mise de départ. "Je ne suis pas pressé, je suis patient. Je peux attendre un an s'il le faut et quand il n’y aura plus rien, alors je proposerai le produit." Des produits qui se retrouveront à la vente sur des sites internet spécialisés ou sur les réseaux sociaux.

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