"Christian Louboutin L’Exhibition[niste]" au Palais de la Porte Dorée : cinq choses à découvrir sur le créateur des souliers à la semelle rouge
Le créateur de souliers est au coeur de l'exposition "Christian Louboutin L’Exhibition[niste]". Trente ans de création à voir au Palais de la Porte Dorée à Paris jusqu'au 26 juillet 2020.
Le Palais de la Porte Dorée présente "Christian Louboutin L’Exhibition[niste]", exposition consacrée au créateur de souliers et figure du monde de la mode. Ses trente ans de création sont parcourus via les facettes d’une inspiration aux multiples références, dans un lieu qui est cher au créateur et qui a vu naître sa vocation. Ces souliers, dont certains jamais exposés, sont présentés aux côtés de collaborations exclusives et de projets inédits avec des artistes qui lui sont chers.
"L’Exhibition[niste] est un titre qui m’est venu assez rapidement. C’est un jeu de mots entre exhibition en anglais qui signifie exposition et le fait de révéler une partie de soi aux autres. S’exhiber c’est se mettre à nu. Une exposition, c’est s’exposer. Les deux sont donc assez proches mais il y a une notion plus subversive dans le fait de s’exhiber qui me plaît car en montrant mon travail je m’expose de manière plus intime", constate Christian Louboutin.
Loin d'être une simple rétrospective de sa carrière, l'exposition, qui propose un nombre incalculable de souliers, est l'occasion de découvrir le parcours d'un créateur inspiré par l'art et les cultures sous toutes leurs formes avec une mention spéciale à la riche et surprenante scénographie.
Un créateur admiratif du Palais de la Porte Dorée
Édifié pour l’Exposition coloniale de 1931, le Palais de la Porte Dorée est un chef d’œuvre de la période Art Déco. L’histoire du créateur avec le monument est autant artistique qu’affective. Christian Louboutin est fasciné dès l’adolescence par la beauté architecturale et la richesse ornementale du Palais de la Porte Dorée qui nourrit très tôt son amour de l’art et des arts appliqués. "Le Palais de la Porte Dorée est un lieu qui m’est très cher. J’ai grandi dans le 12e arrondissement, tout près d’ici. Je passais des heures dans les cinémas de l’avenue Daumesnil qui diffusaient à l’époque des films indiens et égyptiens".
Christian Louboutin y puise un répertoire de formes et de motifs pour ses premières créations, dont le soulier Maquereau réalisé en cuir métallisé et inspiré de l’iridescence des poissons de l’Aquarium Tropical. "Régulièrement les week-ends j’allais rêver à l’Aquarium Tropical, envoûté par les couleurs et la brillance des poissons tropicaux, et au Musée des Arts d’Afrique et d’Océanie".
Un panneau de signalétique, interdisant de porter des talons aiguilles, à l'origine de sa vocation
Dès l’entrée de l’exposition, le visiteur est accueilli par l’objet même qui donne la clé de cette exposition au Palais de la Porte Dorée : le panneau de signalétique interdisant de porter des talons aiguilles sur les sols précieux des espaces de l’ancien Musée des Arts d’Afrique et d’Océanie.
Ce panneau a marqué le jeune visiteur assidu du musée - passionné fervent des collections qu’il abritait alors - au point qu’il le dessine et le redessine dès l’âge de 11 ans. Cette image sera plus tard l’inspiration du soulier Pigalle (aujourd'hui réinventé au fil des saisons) un des plus connus de son corpus qui en compte des milliers. "C’est aussi ici que j’ai vu pour la première fois un dessin représentant un soulier. Je me suis imprégné de tous ces motifs - abstraits ou figuratifs - qui sont venus constituer un répertoire inconscient de formes, de couleurs, de textures qui n’a cessé d’influencer mon imaginaire" explique le créateur.
Un artiste à l'imaginaire particulièrement riche
La riche scénographie de l'exposition donne à voir l'étonnante variété des imaginaires du créateur. Divisé en une dizaine de chapitres, le parcours de l'exposition couvre près de trente ans de création et met en avant ces sources d'inspiration et procédés créatifs qui composent la démarche du créateur de chaussures. Le passage d'une salle à une autre provoque à chaque fois l'émerveillement.
Le visiteur est accueilli dans une première salle, toute de rouge tendue. Sur les murs sont accrochées côte à côte de nombreuses formes de souliers, bien entendu rouges. La visite se poursuit par la salle des vitraux dans laquelle sont évoqués ses débuts et ses premiers modèles. Les vitraux spécialement dessinés pour l'exposition déclinent huit éléments clefs pour le créateur : la parisienne, le spectacle, la couture, l'art, le voyage, l'artisanat, la sexualité et l'innovation.
Il y a ensuite une salle ronde, la salle des trésors, impressionnante avec son soulier de cristal gigantesque qui trône sur un palanquin d'argent décoré de riches broderies, de cierges allumés et de fleurs blanches. Ici sont réunies ses créations les plus emblématiques. Vient ensuite la salle Nudes - hommage aux souliers couleurs de peau - avec ses neuf mannequins gainés de cuir. Ces sculptures, réalisées par le duo d'artistes anglais Whitaker et Malem, sont déclinées selon les neuf couleurs de la collection des Nudes initiée en 2013.
Clin d"oeil à la passion du créateur pour le Bhoutan, la salle suivante, celle du théâtre boutanais aux gigantesques colonnes de bois sculpté coloré, regroupe, quant à elle, ses créations pour le monde du spectacle présentées dans des niches. Plongé dans le noir, c'est ici qu'on assiste, entre autres, à un spectacle vidéo d'un hologramme de l'effeuilleuse et danseuse Dita von Teese.
Secrets de fabrication
La salle consacrée à l'atelier de fabrication d'un modèle séduira petits et grands. Un soulier est le fruit de près d’une centaine d’étapes qui concourent toutes à sa fabrication et d’autant de gestes qui permettent son achèvement. Méconnu du public, ce travail est dévoilé ici de façon ludique.
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Cette présentation allie deux aspects différents et complémentaires : la présentation d'un certain nombre d’objets qui incarnent le processus créatif (pieds, formes, outils, matières réunis dans un mini atelier) et cinq petits fims.
Très courts et très ludiques, ils permettent de visualiser de manière claire et vivante les cinq étapes de la création d’un soulier... Christian Louboutin s'y met en scène : alors que l'image montre les mains d'un artisan présentant une chaussure en cuir rose, voici le créateur facétieux qui tend ses mains et ajoute sur le modèle un strass... tel un petit lutin.
Le fétichisme de Louboutin photographié par David Lynch
Cette salle montre une collaboration dévoilée au public pour la première fois en 2007 : des souliers imaginés pour ne pas marcher et des photographies que le cinéaste et photographe David Lynch en a prises. Ici le soulier devient une manière exacerbée de raconter d’autres histoires, invoquant la question du fétichisme et de la sexualité. Plusieurs modèles rappellent - dans leur utilisation scénographique et photographique - que c’est moins le talon que la cambrure du pied qui est objet de fétichisme et de fantasme, la ligne de la jambe qui s’en dégage naturellement ou de manière artificielle. Le soulier devient un objet sans usage et se transforme en objet d’art ou sculpture.
Les souliers exposés ici expriment les différentes formes d’attachement fétichiste : semelles en voile qui empêchent de marcher mais obligent à être allongée ou assise ; talons siamois exprimant des relations fusionnelles ; pointe au sens chorégraphique comme un élancement irréalisable ; pointe au sens littéral du terme avec ces pointes dardées à même la semelle intérieure rendant impossible de porter le soulier.
Exposition "Christian Louboutin L’Exhibition[niste]" jusqu'au 26 juillet 2020. Palais de la Porte Dorée. 293, avenue Daumesnil. 75012 Paris.
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