Mes goûts et mes couleurs : Bertrand Guyon dévoile avec fantaisie les multiples facettes de Schiaparelli
5 questions à Bertrand Guyon :
Quelle est la pièce préférée de votre dernière collection ?Dans la collection de prêt-à-porter Story#2, c'est le jumpsuit sur Lucie.
Quel couturier/créateur vous a marqué au cours de votre carrière ?
Au-delà des créateurs avec lesquels j’ai eu la chance de travailler (Hubert de Givenchy, John Galliano, Alexander McQueen, Christian Lacroix, Pierpaolo et Maria Grazia Chiuri chez Valentino), je dois citer M. Yves Saint Laurent.
Quel est le dernier livre lu ?
La bio de David Hockney par Catherine Cusset aux Editions Gallimard.
Quelle est la dernière exposition vue ?
Babi Badalov, un artiste d’Azerbaijan passionnant découvert à la Galerie Jérôme Poggi.
Quel est le dernier coup cœur musical ?
Jonathan Bree.
Elsa Schiaparelli, l'histoire d'une excentriquE
Considérée comme la rivale de Coco Chanel, Elsa Schiaparelli était connue pour ses chapeaux excentriques, ses robes homard ou squelette. Entourée d'artistes, influencée par les surréalistes, la créatrice italienne a fait partie du renouveau de la couture au début des années 1930 en apportant à ses tenues une touche de désinvolture et de fantaisie. En 1927, la couturière crée le premier pullover tricoté main à motif trompe l’œil. En noir et blanc, noir et couleurs vives, à motifs de nœud, de formes géométriques, de squelette, de cœurs transpercés, de tatouage de marin ou de tortue abstraite, il est adopté par actrices et célébrités de l’époque. En 1936, c’est la première collaboration avec Dali pour des manteaux et tailleurs à poches-tiroirs, suivront une collaboration avec Meret Oppenheim pour un bracelet en métal et fourrure et des créations de bijoux avec Jean Schlumberger et Jean Clément. Vient ensuite une collaboration avec Jean Cocteau, dont les dessins sont déclinés en manteaux, ensembles du soir et bijoux.
En 1941, Elsa Schiaparelli confie sa maison de couture à son bras droit : son statut d’Italienne à Paris devenant risqué, elle part vivre à New York jusqu’en 1945. De retour dans sa maison, elle participe à l’exposition du Théâtre de la Mode visant à relancer la haute couture. En 1954, elle ferme sa maison et se consacre à son autobiographie, "Shocking life".
En 2012, réouverture de la maison. Christian Lacroix signe une collection unique en juillet 2013. Puis Marco Zanini est nommé directeur de la création jusqu’à fin 2014. Depuis Bertrand Guyon, le nouveau Directeur du Style, apporte son énergie créative à l’équipe installée dans l’hôtel particulier historique du 21, place Vendôme, là même où Elsa Schiaparelli travaillait. En 2017, la maison a retrouvé l'appellation officielle haute couture.
Story#2 : "La Victoire Rose" de Schiaparelli
La maison Shiaparelli a présenté, en septembre 2018, Story, sa nouvelle vision du prêt-à-porter et des accessoires où chaque garde-robe de prêt-à-couture est construite autour d’un thème ou d'une Story puisant dans le passé, présent et futur de Schiaparelli.
Après Story#1 inspiré du travail de Man Ray, voici Story#2 ou “La Victoire Rose de Schiaparelli”.
"Les couleurs me procurent des joies extatiques. On peut ajouter des rembourrages et des nœuds, on peut baisser ou hausser les lignes, modifier les courbes, accentuer ceci ou cela, il faudra toujours que demeure l'harmonie. Les Grecs avaient saisi cette loi et ils donnaient à leurs déesses la sérénité de la perfection et l'extraordinaire apparence de l'aisance" disait Elsa Schiaparelli dans son livre "Shocking Life" (1954).
Il émane de Story #2 force et douceur. La collection célèbre l’énergie et la détermination d’une femme dont l’esprit est incarné par des couleurs vibrantes, des coupes graphiques, des détails audacieux et des silhouettes urbaines à l’allure sportswear. Entre un coupe-vent à capuche oversize fluo en Nylon ripstop et une mini-robe ultra-féminine brodée d’une jungle fantaisie de perles et plumes, le vestiaire s’étend du jour au soir. T-shirts, sweatshirts, joggings et bombers se mélangent aux vestes et aux robes drapées. Joyeux, les tons rose shocking, orange “soleil de midi”, vermillon vif... sont relevés de touches de noir, blanc et bleu cobalt. Les accessoires, bijoux et boutons jouent avec la résine au dégradé numérique multicolore psychédélique, facetée telle une pièce précieuse.
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