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Mes goûts et mes couleurs : Marie-Chantal Doyonnard, la passion des créateurs

La directrice de la Joyce Gallery à Paris n'aime pas parler d'elle mais des autres, surtout des créateurs, jeunes ou confirmés, et des artistes méritants qu'elle aime et expose. Rencontre avec Marie-Chantal Doyonnard, une boulimique de mode.
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Marie-Chantal Doyonnard devant la Joyce Gallery, avril 2017
 (Corinne Jeammet)

Quelle exposition vous a marqué à la Galerie Joyce ?

"La créatrice chinoise Ying Gao et ses vêtements connectés lors de l'exposition "Fiction et science" qui s'est tenue en octobre 2016. Quand vous parlez, quand vous frappez dans vos mains, quand il y a de la musique, du mouvement ou même de la lumière… les vêtements bougent".

Quel couturier vous a marqué au cours de votre carrière ?

"Je suis venue à la mode à cause de Chanel. Quand ma grand-mère a eu la télévision, j'avais alors 9 ans, j'ai été fascinée par la première image que j'ai vue sur l'écran, c'était Gabrielle Chanel. J'ai alors dit : Je veux être Chanel, et ma grand-mère m'a répondu : Soit déjà Marie-Chantal. Voilà pourquoi le tailleur Chanel me fascine, à vie !".
"Ensuite, je cite Yohji Yamamoto, un maitre de la pureté ! Quand je suis arrivée à Paris, j'ai découvert sa boutique, alors rue du Cygne. J'ai travaillé comme vendeuse dans une de ses boutiques parisiennes. C'est une personne incroyable, qui m'a tout appris, surtout à regarder avec passion ! Il m'a expliqué que dans la mode, il faut écouter son cœur, il ne faut pas juger. Yohji Yamamoto est dans mon cœur et y tient une place à part !".

Marie-Chantal Doyonnard avoue aussi une passion pour Anthony Vaccarello. "Il a une vraie culture mode, un vrai savoir-faire. Je le suis depuis le festival de mode de Hyères ! Un génie donc respect ! J'aime aussi Olivier Rousteing car il dérange. Lui aussi il est talentueux". 

"Mon autre coup de cœur le duo On Aura Tout Vu pour leur travail précis, perfectionniste, leurs recherches sur les matières. Ils ont une vraie identité. Il y a une non reconnaissance de leur travail dans le milieu de la mode par rapport à d'autres créateurs qui ont commencé en même temps qu'eux".  
Impossible de l'arrêter, elle cite encore Catherine Osti "qui fait un travail incroyable avec ses manchettes" et Charlotte Chesnais, son travail d'architecte sur ses bijoux d'une belle simplicité. Du vrai luxe à l'état pur".

Quel est le dernier livre lu ?

"Les quatre accords toltèques. La voie de la liberté personnelle de Don Miguel Puiz". "C'est la vraie vie ! Ce livre prône la parole impeccable : il ne faut pas juger, il ne faut pas toujours voir le mauvais côté, il ne faut pas tout prendre comme une agression et il ne faut jamais en faire une affaire personnelle".
Les quatre accords tolteques de Don Miguel Ruiz
 (Editions Poches)

Quel est le dernier coup cœur musical ?

"C'est la comédie musicale "Saturday night fever". 
"Il y a aussi et toujours Le Boléro de Ravel de Béjart".

Quelle est la dernière exposition vue ?

"C'était à la Grande Bibliothèque de Montréal, une exposition virtuelle consacrée aux plus fascinantes bibliothèques du monde. L'exposition "La bibliothèque, la nuit" a été conçue en partenariat avec la compagnie de création Ex Machina et son metteur en scène, l'artiste multidisciplinaire Robert Lepage et Alberto Manguel, d'après une idée originale de BAnQ".

Un espace de création et de rencontres

Depuis 1996 la Joyce Gallery met en avant la découverte, la création, la passion et le savoir-faire. Ce lieu qui se veut "No Limits" présente des expositions où sont invités designers, photographes, artistes de tous horizons - mode, bijou, déco, sculpture, floral… Durant une ou deux semaines voire plus, des artistes mode ou hors mode y sont exposés.

"A l'origine bureau d'achat pour la Chine" explique Marie-Chantal Doyonnard, "ce multimarques mode a été créé par Madame Ma qui a ouvert la galerie au Palais-Royal dans le but d'aider les jeunes créateurs chinois et américains. Quand je suis arrivée, je lui ai expliqué qu'il fallait surtout aider les jeunes créateurs parisiens".
Olivier Theyskens, ballade épéhmère, à la Joyce Gallery, en mars 2017
 (Aurélien Mole)
Aider les jeunes designers ou artistes méritants, un crédo qu'elle prône depuis toujours : "Quand j'étais attachée de presse chez Michel Perry, je prêtais régulièrement les souliers du créateur aux jeunes talents qui défilaient pour la première fois et qui n'avaient pas les moyens de faire fabriquer des chaussures".

Manish Arora X Derhy, prochaine exposition de la Joyce Gallery

La marque René Derhy a été imaginée en 1969 sous l’impulsion d’Yvette Derhy. Femme au foyer, elle pousse son mari René à abandonner sa carrière pour la suivre dans une idée qu’elle a eue en regardant le style vestimentaire des hippies. Symbole du style hippy, romantique et ethnique, la marque de prêt-à-porter s’impose dans les années 80. Rebaptisée Derhy, elle s'incrit dans la tendance ethnique actuelle avec cette collaboration avec Manish Arora.
Manish Arora loves Derhy, collection capsule printemps-été 2017
 (DR)
24 pièces printemps-été 2017 sur le thème Life is Beautiful seront exposées dans une scénographie imaginée par Manish Arora à la Joyce Gallery du 13 mai au 17 juin 2017. 168, Galerie de Valois. Jardins du Palais-Royal, 75001 Paris.

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