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Victoria/Tomas défend le concept d'une mode réversible et responsable à la Paris Fashion Week

Cette saison, la marque Victoria/Tomas a fait le pari audacieux de défiler sur les podiums alors que la majorité des maisons présentent leur collection dans un format digital. Un choix motivé par la présentation d'une nouvelle formule : une collection réversible

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Défilé Victoria/Tomas pap printemps-été 2021 à la Paris Fashion Week, le 29 septembre 2020  (ALESSANDRO LUCIONI / GORU)

Paris renoue avec les défilés même si la majorité des marques ont choisi de présenter leur collection printemps-été 2021 en ligne, pandémie de Covid-19 oblige. Au calendrier sont inscrites 84 maisons dont seulement 19 présentent sous forme de défilés. C'est le cas de la griffe Victoria/Tomas qui a défilé le 29 septembre, au deuxième jour de la PFW.

C'est dans une école de mode à Paris, en 2008, que Victoria Feldman et Tomas Berzins, le duo de la marque éponyme, se rencontrent. Quatre ans plus tard, après un séjour chez le créateur Alexander Wang à New York, Tomas Berzins rentre en France pour lancer sa marque de prêt-à-porter Victoria/Tomas avec celle qui est aujourd’hui sa femme. Lui, c’est l’excentricité à la Tim Burton et le monde du hip-hop. Elle, c’est la créativité qu’elle trouve partout et son goût prononcé pour la nouveauté. En 2013, ils sont les plus jeunes finalistes du Festival International de Mode et de Photographie de Mode d’Hyères où ils ont présenté une collection capsule composée de silhouettes en cuir artisanal. Puis ils sont passés en 2015 par le showroom Designer Appartment que soutient la Fédération de la haute couture et de la mode. En 2017ils ont intégré le calendrier de la Paris Fashion Week.

Victoria Feldman et Tomas Berzins, les deux créateurs de la marque Victoria/Tomas (ALESSANDRO LUCIONI / GORU)

Leur concept de mode réversible, un vêtement qui raconte deux histoires

Cette saison, les créateurs ont fait le pari audacieux de présenter un défilé sur les podiums en présence du public alors que la majorité des maisons présentent leur collection dans un format digital. "Chaque marque choisit ce que est mieux pour représenter la saison. Les gens ont tendance à penser que le choix de la présentation digitale (et non physique) se fait uniquement à cause des budgets. Mais on peut constater que certaines présentations digitales ressemblent à un film d'Hollywood. Ce n'est pas du tout une question de budget. Nous avons opté pour la présentation physique, car la collection a demandé ce type d'évènement. On ne la voyait pas autrement" explique le duo.

Un choix motivé par la présentation d'une nouvelle formule : "A partir du printemps-été 2021 Victoria/Tomas présente son nouveau concept. Pour mieux voir et comprendre le concept, on a pris la décision de faire un défilé et on espère que ça va changer la façon des gens de consommer". Comment acheter moins et avoir plus ? C'est la question qui a guidé les deux créateurs alors que la France était plongée en plein confinement. Poussés à réfléchir sur le cycle effréné de la mode, ses trop nombreuses collections et leur effet sur nos placards saturés, ils ont décidé d'écrire ce nouveau chapitre. Raison ultime pour eux : "Ces émotions qu'on ressent avant, pendant et après le show. On a voulu partager notre énergie positive". 

Défilé Victoria/Tomas pap printemps-été 2021 à la Paris Fashion Week, le 29 septembre 2020  (ALESSANDRO LUCIONI / GORU)

Le concept repose sur un vêtement, qui raconte deux histoires. Sur le podium, deux mannequins défilent côte à côte portant chacune une silhouette réversible. Ce binôme fait deux propositions différentes : d'un côté, une pièce basique pour la vie quotidienne, inspirée par les codes du workwear et la simplicité de la garde-robe masculine ; de l'autre, une création plus travaillée aux détails féminins, comme des broderies précieuses ou des manches en soie drapées. Le style de la griffe est toujours bien présent : les tenues sont portables et féminines. Coup de coeur pour les ensembles, déclinés en noir, composés d'une veste et d'un pantalon, faciles à porter et trés féminins.

Défilé Victoria/Tomas pap printemps-été 2021 à la Paris Fashion Week, le 29 septembre 2020  (ALESSANDRO LUCIONI / GORU)

Réversibles, les pièces permettent de switcher entre les styles en fonction des humeurs ou des occasions. Une nouvelle façon de s'habiller qui permet de tirer deux fois plus d'une seule et même pièce, diminuant le besoin de consommation. 

Le confinement, période propice à réflexion

"Notre atelier dans le 19e arrondissement à Paris a été fermé pendant toute la période de confinement. Nous avons pu y venir cependant certains jours (même pendant la période la plus difficile où il ne fallait pas dépasser 1 km autour du domicile), car on habite à 350 mètres. On a jamais vu notre atelier si calme et si abandonné. Notre équipe nous a tellement manqué...". Mais même si les deux créateurs ont pu poursuivre leur travail, ils ont cependant rencontré des difficultés : "On a eu beaucoup moins de temps que d'habitude. Le confinement a un peu décalé les dates de production de la saison automne-hiver 2020-21, donc on a dû commencer plus tard (ndlr : leur collection printemps-été 2021). Beaucoup de fournisseurs n'ont pas pu produire nos tissus, car en Italie ils travaillaient toujours 2-3 jours par semaine. Ces obstacles nous ont poussés à trouver des solutions. Il faut toujours rester positif !"

Défilé Victoria/Tomas pap printemps-été 2021 à la Paris Fashion Week, le 29 septembre 2020  (ALESSANDRO LUCIONI / GORU)

Une mode plus responsable et plus adaptée aux besoins des consommateurs

Le confinement et la fermeture des frontières ont mis en lumière la fragilité des systèmes de production des marques de mode comme le souligne la créatrice : "Ce confinement nous a poussés à réfléchir à ce qu'il faut changer dans nos démarches". 

Défilé Victoria/Tomas pap printemps-été 2021 à la Paris Fashion Week, le 29 septembre 2020  (ALESSANDRO LUCIONI / GORU)

"Ainsi, nous allons installer notre propre production en France. Ce sont des gros changements". La marque fait fabriquer toutes ses pièces en France de A à Z, ce qui a un effet drastique sur l'empreinte carbone : au lieu des sept voyages que fait une pièce entre les usines du Portugal ou d'Italie et le client final, elle n'en fait désormais plus que deux. "Quand on a son propre atelier, on peut avoir une idée le matin et avoir fini de développer le prototype le soir-même", explique Victoria Feldman, qui ajoute que la marque passe également de quatre à deux collections par an. "Cela nous permet de nous adapter au mieux aux demandes de nos clients. Un moyen d'affirmer leur engagement pour un cycle de mode plus responsable et plus adapté aux besoins réels des consommateurs. 

Défilé Victoria/Tomas pap printemps-été 2021 à la Paris Fashion Week, le 29 septembre 2020  (ALESSANDRO LUCIONI / GORU)

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