Cet article date de plus de sept ans.
William Amor transforme les déchets plastiques en fleurs poétiques aux Ateliers de Paris
En résidence aux Ateliers de Paris depuis février 2017, William Amor sensibilise au respect de l’environnement avec sa marque "Les créations messagères". Ses fleurs, conçues à partir de matériaux plastiques récupérés, sont confectionnées à la main. Rencontre avec cet ennoblisseur matière, artiste engagé qui nous fait découvrir son herbier. Poétique.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Quel est votre parcours ?
Petit, je voulais être botaniste. Depuis l’enfance, j’ai une fascination pour l’esthétisme de la nature et le genre botanique. Je cultivais alors des plantes rares dans mon jardin. J’ai toujours été créatif ! A mon arrivée à Paris, j’ai été paysagiste, j’ai travaillé en agence de communication, dans la pub, fait des relations presse… En 2010, quand je me suis mis à mon compte dans la communication, je m'occupais de créateurs (de mode, artistes, artisans des métiers d’art…) pour lesquels j’avais des coups de cœur car leurs projets étaient porteurs de sens. Comme je ne suis pas un urbain, tout ce qui est créatif constituait ma madeleine de Proust. Mais Paris sans jardin, c’est compliqué : l’addiction florale m’a poursuivie. Je faisais des fleurs en papier, que mes copains achetaient.C’est à ce moment-là que j’ai travaillé pour le projet brésilien Contramundo de la designer Marine Peyre : des poupées porteuses de rêve réalisées via le recyclage de produits trouvés sur la plage. Cet art de la transformation m’a apportée une réflexion sur notre société et sur la plus-value d’avoir une création qui a du sens. Faire de la communication sociale et créative, en transmettant du rêve, m’a fait du bien. Cela a été le déclencheur pour m’occuper de moi. Cette poupée a été la première à porter mes fleurs en plastique sur la tête. En 2011, j’expérimente donc ce plastique qui est partout. J’expérimente et j'apprend auprès des artisans d’art en les observant.
Comment sont nées vos créations messagères ?
En 2015, Virginie Seguin m’a proposé pour l’inauguration de sa galerie Villa Cap Arts, dans le sud de la France, de décorer sa piscine avec 400 fleurs en plastique. Ainsi, sont nées mes créations messagères. C’était l’année de la Cop 21, cela prenait du sens de montrer mon travail. J’ai présenté "La déchetterie, fleuriste de luxe" dans le concept-store Front de Mode de la créatrice Sakina M’Sa. En 2016, j’ai ainsi participé à 12 expositions.Pourquoi avez-vous postulé aux Ateliers de Paris ?
Créatif, c’est être entrepreneur. A l'époque, mon atelier était chez moi. J’ai décidé de postuler suite à mon exposition "Créateurs solidaires, le défi de l’engagement" qui s’est tenue aux Ateliers de Paris au printemps 2016. En février 2017, j’intègre une boîte blanche, c'est un espace vierge que chacun aménage comme il veut.Que vous apporte cette résidence ?
Ici, nous sommes que des créatifs avec les mêmes problèmes, c’est une communauté d’échanges. Je cherchais du soutien, de l’aide. Chez moi, tout seul, c’était dur de me projeter. Les Ateliers accompagnent : nous sommes conseillés aussi bien sur le plan créatif qu’économique. La dimension entrepreneuriale est forte pour nous aider à fixer les prix, le business plan, apprendre à être opérationnel et rentable. Les formations sont planifiées : à nous de choisir d’y adhérer ou pas. Des conseils individuels sont dispensés avec des experts (avocats, comptable…). Acquérir tout ça, c’est de l’or en barre. Des professionnels et des artisans viennent aussi découvrir notre travail : c’est ainsi que la direction des Arts Déco m’a contacté pour intégrer mes fleurs dans leur boutique.Pouvez-vous me parler de vos créations messagères ?
"Les créations messagères, c’est une marque conteuse d’histoires et porteuse de sens. Mes créations florales, nées de la métamorphose de la pollution plastique, se transforment en variétés botaniques messagères de valeurs. Je n’achète pas de matériau, je récupère ce qui est destiné à être jeté. Je recycle (sacs plastiques, pvc, emballages, filets de pêche, cordes pour bateaux, poils de brosses...) qui se transforment en pétales diaphanes, étamines et pistils. Ma première fleur en plastique a été l’anémone, puis le coquelicot, le pavot bleu d’Himalaya et aujourd’hui c'est au tour du camélia et du Ginkgo Biloba, le seul arbre qui a résisté à la bombe atomique.Mes créations deviennent fleurs d’ornements pour la mode et le design ou composent des décors et installations artistiques pour des vitrines.... Ma gamme de bijoux-fleurs est éditée en petite série ou pièce unique. Ils se déclinent en bracelets, colliers, boucles d’oreilles, parures, broches, accessoires pour la chevelure..
Crédité métier d’art, je réalise à la manière d’un parurier des fleurs d’ornements pour la haute couture et j'ai aussi des projets de broderie. Je propose aux marques de recycler leurs déchets (chutes de matériaux, moquette, bois, métal, tissus techniques..) au travers de projets de broderie et de parure.
Mon objectif : monter mon atelier et faire travailler des personnes en situation de handicap et de réinsertion. Mon idée est de créer un réseau d’économie circulaire à partir de la récup des matériaux via un système de recyclerie.
Depuis votre installation aux Ateliers, quels projets se sont concrétisés en 2017 ?
En février, j’ai scénographié une séance photo de mode de haute couture pour un magazine Italien. En mai, j’ai participé au salon Révélations (biennale internationale métiers d’art et création). Tout l’été, mes créations messagères se sont invitées en vitrine de la boutique du musée des Arts Décoratifs pour une installation artistique "Jardin de Granville - collection bijoux" imaginée en résonance à l’exposition "Christian Dior, couturier du Rêve". Depuis la boutique du musée vend mes bijoux floraux, des boucles d’oreilles montées sur argent et des pièces uniques de broches. En septembre, j’ai participé à la Paris Design Week pour le workshop re-naissance vente au profit de l’association Les Petits Frères des Pauvres pour laquelle j'ai restauré la dorure d’un miroir trumeau. En octobre, il y a eu l’installation murale "Fissure florale" à la maison des économies solidaires et innovantes Les Canaux à Paris.Les Ateliers de Paris. 30, rue du Faubourg Saint Antoine. 75012 Paris. William Amor, ennoblisseur matière.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.