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Défilés haute couture : sous le charme de l'élégance travaillée de Dice Kayek
Article rédigé par
franceinfo
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Corinne Jeammet (avec AFP)
France Télévisions
Publié le 27/01/2015 10:07
Mis à jour le 06/12/2016 06:30
La haute couture printemps-été 2015, parenthèse de luxe et de volupté, habille de chic Paris pour 4 jours. C'est la sensibilité de la créatrice franco-turque Dice Kayek avec ses jeux de construction et de déconstruction qui m'a séduite. Sa philosophie est simple : coupes irréprochables, matériaux nobles et délicates broderies artisanales déclinés dans des tonalités monochromes franches.
MIGUEL MEDINA / AFP
Avec sa collection couture "Dollhouse" Dice Kayek s'amuse comme toujours avec les jeux de construction et de déconstruction. Torsions, pliages, chocs de matières et de proportions fusionnent ici. La créatrice Turque Ece Ege, fondatrice de la marque Dice Kayek propose toujours des collections, très architecturées, aux tonalités monochromes franches, tout en s'amusant de jeux d'origami et de savants pliages. Pour aller encore plus loin dans l'univers de créatrice franco-turque et de son élégance épurée, découvrez le film « White » réalisé par Marie Schuller, Head of Fashion Films chez Showstudio. Ce nouvel épisode clôt la trilogie initiée par la maison de couture parisienne avec la réalisatrice. White présente les lignes géométriques uniques de la collection Dice Kayek couture automne-hiver 2014-15 dont les courbes et les tourbillons s'entremêlent à l’imagerie surréaliste et narrative de Marie Schuller, inspirée par les fables, les animaux et les créatures mythiques. Ce court métrage a été produit à l’occasion de la Biennale à Istanbul. Il fait suite à la précédente collaboration de Dice Kayek avec Marie Schuller "Black" qui a obtenu le prix du meilleur stylisme au Festival du Film de Mode de Milan en 2014. Le court métrage Blue (pap ah 2014-2015) et Pearl & Black (pap été 2014).
(MIGUEL MEDINA / AFP)
Donatella Versace a ouvert le bal des défilés de haute couture à Paris, avec une collection printemps-été tout en sensualité célébrant les courbes du corps féminin, dans des robes de soie, dentelles et broderies. Asymétriques, des robes longues en soie noires, rouges, blanches, bleu électrique épousent le corps de près, se fendent et se découpent en volutes. Fidèles à l'esthétique exubérante de la griffe italienne, des modèles brodés de perles scintillent, des dentelles se font toiles d'araignées, les robes sirène et à traîne se succèdent. Eva Herzigova et Amber Valletta, mannequins stars des années 1990, ont clôturé ce show.
(MIGUEL MEDINA / AFP)
La collection "Oxymore" est un virage. Après avoir exploré pendant plusieurs saisons son monde onirique peuplé de créatures en mutation, de personnages en métamorphose - animale ou végétale - Yiqing Yin en a extrait l’essence. Elle s’est recentrée : sur le métier, la forme, la matière. Le corps comme partie prenante de cette architecture de tissus. Les vêtements sont des sculptures poussées jusqu’à l’épure. Les drapés sont instinctifs : la soie liquide, la soie lavée, l’alpaca semblent avoir été noués autour du corps. Les matières paraissent couler naturellement. Alors que tout est maîtrisé. Le tailleur masculin se retrouve déconstruit malgré lui, il change de nature mais pas de genre. De linéaire, il devient flou. Les calques de mousseline et de satin imprimés créent des effets d’optique cinétique, des vibrations, des moirages tandis que le jersey dévoré se fait deuxième peau.
(FRANCOIS GUILLOT / AFP)
Raf Simons a convoqué les décennies 1950, 60 et 70 dans sa collection. La moquette est rose, une couleur fétiche du fondateur de la maison Christian Dior, qui aurait eu 110 ans ce mois-ci. Les fleurs qu'il aimait tant s'impriment sur des manteaux en plastique transparent, à forme ample. En dessous scintille une robe courte à paillettes et luisent des cuissardes façon Barbarella. Puis, voici des robes faites de plissés à rayures et des combinaisons en jacquard de laine multicolores, graphiques, avec des couleurs éclatantes et contrastées. Des pièces peu conformes à une conception traditionnelle de la haute couture, reconnaît le créateur belge : "Certains pensent qu'on ne peut pas présenter de la maille en haute couture. Je ne suis pas d'accord", explique-t-il à l'AFP. "Je trouve que souvent les créateurs font des vêtements qui modifient le corps. Or, une combinaison ne change pas le corps, c'est le corps", souligne-t-il. Pour cette collection mêlant le "charme des années 1950, le côté expérimental des années 1960 et la libération des années 1970", David Bowie domine la bande-son signée Michel Gaubert. Pour Raf Simons, le chanteur "caméléon" incarne à lui seul ce mélange des époques."Il est romantique, expérimental et a aussi ce côté complètement fou. Il incarne la capacité de faire de la qualité et d'être en même expérimental", commente le créateur, qualifiant les collaborations entre Bowie et Brian Eno de "haute couture en musique". Est-ce difficile de créer dans une époque troublée? "J'ai la responsabilité de créer encore plus et d'inspirer encore plus les gens. Tout cela est aussi une question d'amour. Dans les années 60 et 70, il était beaucoup question d'amour, donc c'était un choix délibéré de s'en inspirer, là maintenant", conclut-il.
(FRANCOIS GUILLOT / AFP)
La collection "Reflets d'Elsa" se veut un hommage à Elsa Schiaparelli, qui fonda la maison de couture en 1927. Oeuvre collective, elle a bénéficié de la collaboration du photographe et designer Jean-Paul Goude qui a signé la mise en scène du défilé. Baigné de lumière rose, le show a proposé des silhouettes aux lignes fluides et élancées. "Chacune illustre le caractère intemporel du lexique Schiaparelli et son obsession pour les coeurs transpercés, les cadenas ou encore la constellation de la Grande Ourse", indique la maison. Les robes sont longues, drapées ou en trompe-l'oeil, en satin ou crêpe de soie, parfois rehaussées de broderies. On retrouve le rose shocking, la nuance de fuchsia créée par la maison en 1937 pour la lancement de son parfum. Les smokings sont déclinés en laine, soie, ou velours. Ils cachent parfois de grands noeuds drapés dans le dos. "Nous voulions remettre de l'émotion dans la haute couture", a déclaré à l'AFP l'actrice et mannequin Farida Khelfa, égérie de la marque. La maison Schiaparelli assure vouloir revenir à ses origines en étant un laboratoire de création et en collaborant, de temps à autres, "avec quelques grands créateurs invités". Elle l'avait fait en 2013 avec une collection signée Christian Lacroix. Après une parenthèse de 60 ans, la griffe avait été relancée en 2013 par Marco Zanini qui avait renoué avec l'ironie et excentricité de sa fondatrice. Assoupie depuis sa disparition en 1973, la maison a été rachetée en 2007 par l'homme d'affaires italien Diego Della Valle, patron du groupe Tod's. Considérée comme la rivale de Coco Chanel, Elsa Schiaparelli était connue pour ses chapeaux excentriques, ses robes homard ou squelette. Entourée d'artistes, dont Cocteau et Dali, influencée par les surréalistes, la créatrice italienne a fait partie du renouveau de la couture au début des années 1930 en apportant à ses tenues une touche de désinvolture et de fantaisie.
(PATRICK KOVARIK / AFP)
La maqrue Alexis Mabille, qui a fêté ses 10 ans, a clamé son goût pour les fleurs, avec un kimono noir à coquelicots géants, une robe de tulle couleur chair parée de magnolias, un modèle jaune pâle en crêpe orné de pensées. Des robes à paillettes bleu nuit donnent une allure de sirènes aux mannequins. Les traînes des robes ralentissent le pas et de longues plumes entremêlées aux cheveux confèrent encore plus de féérie à la démarche. Emblème de la maison, un noeud papillon gigantesque, couleur bleu nuit, vient envelopper une robe fourreau crème.
(MIGUEL MEDINA / AFP)
Giambattista Valli a présenté une collection aux accents ultra féminins.Le couturier italien fait bouillonner le tulle délicat pour de longues robes de bal. Le jour, les jupons de tulle se superposent sur les pantalons et la voilette délicate revient. Des tuniques longues se rehaussent de motifs floraux pailletés ou, nettement plus audacieux, de broderies fluo vert ou orange. Pour une visite chez Tiffany avant un tea time, des robes évasées aux motifs fleuris sont idéales. Pour un cocktail ou une fête, un tailleur court strassé fait sensation, tout comme la mariée sous son manteau de cour en boa de plumes.
(PATRICK KOVARIK / AFP)
Né en Jordanie et élevé au Canada, ce créateur protéiforme a présenté pour la première fois sa couture à Paris en juillet 2012. Le travail de Rad Hourani est une étude attentive du corps humain qui valorise la neutralité comme trait de caractère de l'être humain. Pour cette collection, le créateur Canadien a crée le vêtement sous forme de sculpture en utilisant des matières inhabituelle tel que le plastique et le Nylon. Son but est d'exprimer la couture à travers l'art en collaborant avec l'Arsenal, Centre d'art contemporain, où il a photographié et filmé ses 14 ensembles unisexes autour des œuvres des artistes tel que David Altmejd, Anselm Kiefer, Nick Cave, Ugo Rodinone, Theaster Gates, Adad Hannah, Giuseppe Penone… L’uniformité de sa collection crée ainsi un langage si distinctif qu'il échappe à toute convention. Il applique les principes de l'architecture pour créer ses vêtements et il travaille en se demandant de quoi aura l'air le vêtement une fois porté et en mouvement. Sa vision prône l'anticonformisme, comme essence même de l'individualisme.
(Corinne Jeammet)
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