Cet article date de plus de neuf ans.

Depuis 50 ans, le joaillier Dinh Van sublime des objets du quotidien en bijoux

Iconoclaste par ses inspirations, essentiel dans ses formes, la maison Dinh Van s’est taillée une place à part dans l’univers codifié de la joaillerie. Imprégnée de design et de ses courants forts, comme le Bauhaus, elle a créé son langage épuré et intemporel. A Paris, une exposition jusqu'au 7 septembre permet de redécouvrir 50 ans d'une approche épurée et libre des objets du quotidien.
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des pièces emblématiques du joaillier Dihn Van sont exposées à L'Eléphant Paname à Paris pour les 50 ans de la marque 
 (Dinh Van)

Au milieu des années 1960, alors que la joaillerie est prisonnière de ses traditions, la mode comme le design explorent de nouveaux territoires. Révélateurs du bouleversement de cette société qui entre dans une nouvelle ère, Courrèges décline la mini-jupe à l’infini, Cardin crée la première ligne de vêtements unisexes et Yves Saint-Laurent invente le prêt-à-porter de luxe avec sa ligne Rive Gauche. Avec l’avènement du plastique, Knoll fabrique en série et démocratise le mobilier signé.

Bague Spirale 1971. Au début des années 1970, la marque Dinh Van imagine un système d'anneaux sous forme de spirales qui s'imbriquent les unes dans les autres. or jaune, or rose, or blanc, diamants blancs ou noirs, la ligne est relancée en 2013 multipliant les combinaisons à l'infini. 
 (Dinh Van)
C'est dans cette atmosphère d’ébullition créative et d’émancipation de la femme, que Jean Dinh Van, artisan joaillier façonné aux exigences de la maison Cartier pendant 10 ans, rêve d’autre chose. S’éloignant du dessin traditionnel pour privilégier l’approche épurée du design, il réinvente, en 1965, le bijou précieux. Son premier succès, une bague en or jaune à la silhouette carrée où s’inscrivent côte à côte deux perles de couleurs différentes est lancée en 1967. Créé pour Pierre Cardin, le modèle est distribué dans les magasins du couturier.
Dinh Van : bague en or jaune 2 perles à la silhouette carrée où s'inscrivent côte à côte deux perles de couleurs différentes, lancée en 1967. Crée pour Pierre Cardin le modèle est distribué dans les magasins du couturier.
 (Dinh Van)
Surdoué et visionnaire, il est sélectionné comme un des 4 joailliers français les plus talentueux pour exposer à Montréal. Repéré à cette occasion par Cartier New York, il signe un accord de distribution pour le territoire américain avec le joaillier.
 

Jean Dinh Van part de la matière pour créer ses bijoux

 
Traditionnellement en joaillerie, ce sont les croquis qui lancent le processus créatif. Jean Dinh Van, lui, part de la matière pour créer ses bijoux. L’or est travaillé à l’instinct jusqu’à livrer la forme finale. Les proportions sont modelées, dans une succession de prototypes.
Dinh Van : bague carrée
 (Dinh Van)

Les objets du quotidien deviennent des bijoux de tous les jours

 
Faune, flore, motifs symboliques, Dinh Van s’est affranchie des figures traditionnelles de la joaillerie pour inventer son propre vocabulaire. Les objets du quotidien, fonctionnels, deviennent des bijoux de tous les jours. La menotte, la serrure, la punaise ou la lame de rasoir sont muées en bijoux. Le travail du vide et du plein revient comme un refrain et certaines formes, à l’instar du carré, s’inscrivent dans les collections. Dinh Van invente le bijou de clan, libéré de toute référence culturelle et historique, il peut être porté par les hommes comme par les femmes, toutes générations confondues.
La bague Paco Rabanne de Dinh Van
 (Dinh Van)

Des rééditions pour les 50 ans

 
Dans les années 1970, Jean Dinh Van veut offrir un cadeau à un ami graphiste. Il attrape une punaise et grave le nom de sa marque au centre. La collection Punaise est déclinée à l’occasion de cet anniversaire –depuis avril 2015- en or jaune pavé de diamants. Premier succès de Dinh Van en 1967, en collaboration avec Pierre Cardin, et symbole de la tendance des bijoux carrés, la bague Deux Perles est réinterprétée au travers d'une collection pour octobre 2015. Enfin, en novembre 2015, une pièce mythique de 1985, le bracelet Maillet de polo ressort en 50 exemplaires, en version joaillière.
Dinh Van, collection punaise. Dans les années 70, Jean Dinh Van veut offrir un cadeau personnalisé à un ami graphiste. Il attrape alors une simple punaise et grave le nom de sa marque au centre. La collection Punaise est née, aujourd'hui déclinée à l'occassion de l'anniversaire en or jaune pavé de diamants
 (Dinh Van)

Comment expliquez-vous le succès de Dinh Van ?

 
Thierry Vasseur, DG de Dinh Van : "Très simplement, par le style de la maison : épuré, dans un juste équilibre entre audace et discrétion. Nous avons la volonté permanente de surprendre, de penser différemment, de ne pas faire comme les autres. Débarrassés de toute fioriture ou références culturelles, nos bijoux du quotidien vont à l’essentiel et touchent ainsi à l’universel. Chacun peut y projeter son histoire. Cette approche unique a créé une vraie tribu, une famille Dinh Van qui a compris que le vrai luxe réside dans la simplicité".
Dinh Van :  bague carrée tourmaline rose lancée au moment de l'installation de l'atelier place Gaillon, à Paris
 (Dinh Van)

Comment Dinh Van écrit son histoire aujourd’hui ?

 
"En restant fidèle à son esprit d’origine. La maison a été fondée sur l’idée de faire descendre le bijou dans la rue (…) Certains nous reprochent notre design très épuré, le côté « Less is More ». Mais c’est exactement grâce à cette spécificité que nos collections traversent le temps. Certains de nos bijoux datent des années 60 et restent parfaitement modernes. (….) Nos bijoux se transmettent, ils doivent pouvoir traverser les générations".
Collection Dinh Van exposée à L’Eléphant Paname à Paris jusqu'au 7 septembre 2015
 (Corinne Jeammet)

Quels sont les projets à venir ?


"2016 sera marqué par les 40 ans de Menottes et le lancement d’un nouveau design. Nous allons également continuer l’exploration de nouveaux matériaux au-delà de l’or, de l’argent et du carbone que nous travaillons déjà". Dinh Van raconte dans un ouvrage* son destin d’esprit libre de la joaillerie, signé Bérénice Geoffroy-Schneiter. Aux *Editions Assouline..
 
Exposition "Dinh Van. L'esprit libre de la joaillerie" jusqu'au 7 septembre 2015. Eléphant Paname. 10, rue Volney. 75002 Paris.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.