Derrière leur objectif, fashionistas et blogueurs traquent les tendances
C'est ce qu'on appelle le street style, ces looks venus de la rue et "photographiés sur le vif aux abords des défilés", explique Benoît Wojtenka, cofondateur du site de mode Bonnegueule.fr. Un show dans le show où l'on est là aussi bien pour voir que pour être vu. "Ce n'est pas très compliqué à réaliser, ça demande peu de préparation et ça donne l'image d'une mode accessible, loin des vêtements parfois improbables des grands créateurs", ajoute-t-il.
Certains se sont fait une spécialité de ces clichés d'anonymes dont les sites de mode ou les magazines spécialisés font leur miel pendant les fashion weeks de New York, Londres, Milan ou Paris. Les couturiers, eux, y trouvent matière à inspiration pour de futures collections. Bref, c'est la rue qui influence la mode, qui influence la rue, et réciproquement...
L'un des pionniers du street style est le photographe américain Scott Schuman, avec son site The Sartorialist où il présente des photographies de personnes choisies dans les rues de New York pour leur style vestimentaire. Lancé en 2005, le magazine Time avait classé, en 2007, Scott Schuman parmi les cent personnes les plus influentes de la mode.
Le blogueur canadien Tommy Ton, lui, écume les coulisses des défilés du monde entier en quête d'imprimés colorés, de coupes baggy extra-larges et d'accessoires voyants. Sa spécificité ? Il ne demande pas aux quidams de poser mais il les saisit dans l'action.
Voler la vedette aux mannequins
Photographe pour une agence de conseil en image londonienne, Andreas Krueger ne s'intéresse qu'aux bijoux. Posté devant l'Institut du Monde Arabe à l'occasion d'un show, il n'est pas venu voir les collections mais photographier les bagues, boucles d'oreilles et colifichets portés par des inconnues. "Les grandes enseignes de joaillerie, même si elles ont leurs propres designers, sont friandes de ces clichés dont elles s'inspirent pour créer leurs collections", explique à l'AFP cet Allemand de 36 ans en cadrant, en plan serré, un collier de style oriental au cou d'une fashionista. "Les gens me disent parfois que leur bijou vient d'un voyage qu'ils ont fait au Pakistan ou au Maroc mais il arrive aussi que des étudiantes en bijouterie viennent aux défilés en arborant leurs créations dans le but d'être photographiées et repérées par des marques", ajoute-t-il.
Les fashionistas, toujours à la pointe de la mode, rivalisent de fantaisie et de créativité pour être remarquées à l'entrée des défilés. "C'est un peu comme au festival de Cannes. Il y a les stars qui montent les marches et aussi des anonymes dont le seul but est de se démarquer par leur look", explique à l'AFP Matthias Gurtler, rédacteur en chef au magazine Gala.Tenues colorées ou associations originales, allures nonchalantes, elles ne sont pas loin de voler de la vedette aux mannequins professionnels qui défilent à quelques mètres de là.
Certaines sont parvenues à sortir du lot pour se hisser jusqu'au premier rang où sont assises les journalistes mode les plus influentes, les égéries des marques ou les people. Parmi elles, l'italienne Chiara Ferragni, élue en février "blogueuse de mode la plus influente au monde" par le magazine spécialisé "Fashionista". Son site The blonde salad attire plus d'un million de visiteurs chaque mois.
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