Des ailes de scarabées irisent la collection couture "On Aura Tout Vu"
Une collection à l’irisation naturelle
« Avec Livia, on a découvert ces scarabées aux tonalités irisées en Thailande. Par ailleurs, il y a quelques années, la décoration par le plasticien Jean Fabre du plafond du salon des Glaces du Palais Royal de Bruxelles et des lustres par des milliers de scarabées nous a interpellé » indique Yassen Samouilov, l’un des deux créateurs qui compose le duo On Aura Tout Vu.
« Nous avions choisi pour thème de notre collection couture printemps-été 2013, l’irisation. On aurait pu utiliser des bijoux mais nous avons opté pour les ailes de scarabées. Leurs couleurs naturellement irisées perdurent pendant des siècles. Ils ressemblent à des pierres précieuses avec leur tonalité émeraude, même si certains peuvent être légèrement dorés » précise-t-il.
« Au sein de notre atelier travaillent Poa et Wi Chien qui connaissent un des villages où se reproduisent ces insectes. Nous y sommes allés, une première fois, pour récupérer les ailes. Puis, ensuite, elles nous ont été envoyées. Nous avons eu besoin d’une très grande quantité : 11.000 ailes, soit 5.500 scarabées Malaeng-Thap.
Une année dans la terre pour ne vivre que 3 semaines
Les régions de Nonboa Lampor et Sakon Nakon accueillent le coléoptère Sternosera. Cet insecte, rare, n’y apparait que de juillet à octobre. Il s’accouple et meurt 3 à 4 semaines plus tard. Mais avant d’éclore, l’attente est longue : de 1 à 2 mois d’incubation, de 3 à 4 mois à l’état d’œuf enfoui dans le sol et de 14 à 15 mois comme larve. Dès qu’il nait, il s’envole à la recherche de feuilles pour se nourrir.
11.000 ailes de scarabées à coudre délicatement
« Les ailes sont poncées afin de les nettoyer ». Différentes techniques de travail existent. En Thaïlande, il y a le traitement à la feuille d’or mais aussi l’utilisation dans des objets de marqueterie. Les On Aura Tout Vu ont utilisé « une technique de perçage des ailes à chaque extrémité. Elles sont, ensuite, brodées à la main.
« Le premier souci a été la fragilité. Le fait de percer ces ailes, les rendait encore plus fragiles ». Simple calcul : 11.000 ailes, c’est 22.000 trous à faire et autant à coudre. « L’autre difficulté a été de les maintenir en place sur le vêtement. Les ailes sont, en effet, naturellement recourbées » explique le créateur qui rajoute : « Pour leur donner du volume, nous avons disposé des perles en dessous, plus ou moins nombreuses, pour les relever graduellement jusqu’à la verticale. Résultat : « Cela donne une impression de mouvement et de légéreté » précise Liva Stoianova.
« 23 modèles de cette collection printemps-été 2013 ont défilé dont la moitié orné d’ailes. Il y avait aussi des accessoires : lunettes, sacs, chaussures et bijoux » précise Yassen Samouilov.
Un art très ancien en Thaïlande
Cette technique utilisée par le duo On Aura Tout Vu est employée depuis des décennies. Il s’agit de broderies anciennes, réalisées avec des ailes de scarabées et d’autres mixant tissages et collages. La reine Sirikit s’intéresse à cette richesse traditionnelle et a entrepris un travail de sauvegarde de ses vieux métiers.
Ils sont exposés dans le Museum of Textiles Queen Sirikit à Bangkok. Ce centre d’exposition et de conservation du patrimoine textile permet de sauvegarder des techniques ancestrales pratiquées dans le pays et de les faire renaitre, via la distribution de vêtements en magasins.
Ces scarabées sont également un moyen de nourrir les populations.
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