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Des robes en barbelé évoquent l'exil au premier défilé couture de Sami Nouri

Après la guerre et l'exode, Sami Nouri présente sa toute première collection haute couture. Le château de Fougères en Bretagne a accueilli le défilé du jeune styliste afghan adulé par Galliano et Gaultier. Des robes en barbelé mais aussi des plumes, du tulle, du cuir, du cachemire et de la soie, une vingtaine de modèles inspirés de son passé et des épreuves qu'il a traversées.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La première collection du couturier Afghan Sami Nouri était présentée au château de Fougères le 14 juillet 2017
 (France 3 / Culturebox )

Le temps d'une soirée, le château de Fougères, en Bretagne s'est transformé en podium haute couture. Au programme, la toute première collection de Sami Nouri, un jeune homme afghan qui a fui son pays natal. Présenté au public le 14 juillet, ce défilé était aussi l'occasion pour le styliste de "fêter" l'obtention de sa nationalité française. 

En France, je me sens libre et protégé. Libre aussi d'imaginer des vêtements pour mettre en valeur les femmes et non les cacher comme c'est le cas d'où je viens.

Sami Nouri
Reportage : C. Carlier / T. Bréhier / D. Lefebvre / J. Le Quiniou 

Des robes en barbelé

Thème du défilé : l'exode. Le jeune couturier a présenté une collection d'une vingtaine de modèles inspirés de son histoire et des pays qu'il a traversés.... pour preuve "des barbelés stylisés pour représenter les frontières", explique le créateur. 

Confectionnées avec des plumes, du tulle, du cuir, du cachemire ou de la soie, ses robes ont été réalisées avec l'aide de couturières bénévoles issues de grandes maisons.
La robe de mariée du défilé de Sami Nouri, juillet 2017
 (France 3 / Culturebox )
ll y a sept ans, alors qu'il n'a que 14 ans, Sami Nouri débarque à Tours d’Afghanistan, seul, abandonné par un passeur. Placé en foyer puis en famille d'accueil, il est inscrit dans un lycée professionnel spécialisé dans les métiers de la mode. C'est ici qu'il approfondit ses compétences de couture acquises dans l'atelier de son père en Iran. 

Les bonnes étoiles de Sami Nouri

Si le parcours de Sami Nouri a été semé d'embûches, il a aussi bénéficié de rencontres salutaires. Après son diplôme, il envoie "70 lettres de motivation", reçoit une réponse positive de la griffe John Galliano, où il passe trois semaines. Puis, il fait son apprentissage chez Jean Paul Gaultier, où il reste plus de deux ans. Là, il découvre la haute couture, "le travail à la main, sur mesure, le souci des détails" et les "tissus de qualité". Il participe aussi à la réalisation d'une robe pour la chanteuse Kylie Minogue. 
Le créateur Sami Nouri, mars 2017
 (JOEL SAGET / AFP)
Le château de Fougère lui est prêté par un entrepreneur danois, Michael Linhoff, "touché" par l'histoire, le "talent" et la "personnalité atypique" du jeune homme.

On sent que c'est un génie car il est créatif et il n'a pas peur de casser les codes et c'est un garçon qui n'a pas la grosse tête.

Michael Linhoff
Entrepreneur danois

"Oublier" l'exode

Lorsqu'il crée ses robes faites de fils de barbelé, Sami Nouri parle de son histoire personnelle et de la triste actualité mondiale. Celle de millions de réfugiés contraints à l'exil qui fuient leur pays en guerre.

Mais aujourd'hui, le jeune créateur souhaite passer à autre chose et poursuivre son chemin dans la haute couture : "Le thème du défilé, c'est l’exode" explique-t-il, "cela veut dire beaucoup de choses, les frontières, les barbelés, c'est mon histoire". Une histoire qu'il veut mettre désormais au second plan. "Tout le temps on me parle de ces choses mais à partir de maintenant, je préfère parler de mon travail que de mon histoire".
Sami Nouri, défilé juillet 2017 
 (France 3 / Culturebox )
C'est toujours en famille que le jeune styliste travaille, avec sa mère et sa soeur qui l'encouragent dans sa démarche. Mais il n'a toujours pas retrouvé la trace de son père. 

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