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Dior demande à l'Etat de défendre le luxe

Sidney Toledano a demandé à l'Etat de défendre le secteur de luxe insistant sur la nécessité d'investir dans la formation et la mode. Il y a "une sorte de tabou" autour du luxe, a-t-il indiqué lors d'une table ronde sur "les industries créatives en Europe", organisée dans le cadre du festival international de la mode et de la photographie à Hyères où 10 jeunes créateurs sont en lice ce week-end
Article rédigé par franceinfo - Corinne Jeammet (avec AFP)
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Dior haute couture printemps-été 2013, à Paris (janvier 2013)
 (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

"Le secteur a besoin d'être défendu", a-t-il affirmé samedi, citant les "contraintes d'accès à certains marchés" et "la lutte contre la contrefaçon". "L'investissement de l'Etat dans la formation est insuffisant", a jugé Sidney Toledano. "Nous sommes présents partout, à l'Institut français de la mode, à la Chambre syndicale de la couture. L'Etat doit augmenter son aide" à ces deux écoles. "Où sont les grands créateurs français en ce moment?", a-t-il interrogé. "Les créatifs, je les trouve en Belgique et à Londres", a regretté le PDG de Dior. Le D.A. de la marque Dior est depuis un an le Belge Raf Simons.

Sidney Tolédano, PDG de Dior, dans les bureaux Dior avenue Montaigne à Paris
 (F. Guillot / AFP)
Industries créatives en Europe ? Création, innovation, compétitivité
Pour les intervenants à cette conférence qui se tient dans le cadre du Festival de Hyères, la morosité économique actuelle est contrebalancée par un certain optimisme lié à plusieurs facteurs : l'Europe, et la France en particulier, ont une richesse incomparable de savoir-faire et de vitalité créative. La mode et le luxe représentent le fer de lance de ces industries créatives en France. Elles se développent dans d'autres pays européens et il est nécessaire de faire tomber les barrières entre ces entreprises, sans dissoudre la concurrence qui entraîne une forme d'émulation.

La formation aux métiers de la création, du développement et de la production est une pierre angulaire de l'édifice et doit être soutenue par l'Etat. Le financement est un enjeu majeur. La mode et le luxe sont source d'emploi, d'exportation et de richesse.
Pour sa 2e haute couture griffée Dior, Raf Simons voulait "une collection (qui) raconte l'idée même du printemps". Sous une tente installée aux Tuileries encore enneigé, Dior a reconstitué les allées d'un jardin avec des haies de buis au milieu desquels les mannequins sortaient du sol. La collection fourmille de fleurs rebrodées dans le tissu ou posées dessus par la magie des ateliers maison et des broderies Vermont que la griffe a rachetées en 2012. Les robes sont boules ou bustiers, courtes ou longues. Dans un tourbillon de soie et de tulles et de couleurs plutôt pastels, cette collection affirme son savoir-faire dans des millefeuilles de tulle jaillissant d'un côté, des superpositions, ou encore un manteau de soie écru sur une robe du soir bustier en soie brodée écrue qui donne envie d'aller au bal. 
 (FRANCOIS GUILLOT / AFP)
Présent à la table ronde, le conseiller politique du ministre du Redressement productif Julien Dourgnon a affirmé que l'Etat était "très présent" dans la formation dans le secteur de la mode. Il finance notamment un tiers du budget de l'IFM, a-t-il dit. "Toutes les entreprises tête de pont dans leur filière, et qui en plus se portent bien, ont une responsabilité morale vis-à-vis de leur filière, ça concerne aussi la formation", a-t-il déclaré.
 
La croissance stratosphérique des géants du luxe révolue ?
Les derniers mois ont marqué un ralentissement de la progression des ventes de LVMH, PPR et Hermès. En cause, la crise, qui s'est traduite par une moindre demande en Europe malgré l'afflux de touristes amateurs de shopping mais aussi une moindre frénésie de consommation des Chinois et des changements de comportements dans le rapport au luxe, estiment les experts du secteur.
              
"On est entré dans une nouvelle séquence, celle d'un luxe correspondant à un monde en crise, où un phénomène de régulation est en train de s'opérer", juge le sociologue Eric Fouquier, fondateur du bureau d'études Thema. "Le luxe, expression de la richesse et de la stratification sociale, ne peut pas sortir intact d'une crise systémique, il est branché sur la grille économique et sociale. Sur les 1% de riches de la planète qui ont fait la croissance exponentielle des groupes de luxe certains commencent à déconsommer et à aller vers moins d'ostentatoire", dit-il.

"Le luxe est dans une phase de transition qui pourrait durer plusieurs trimestres. Le ralentissement est logique. Les grands groupes ont déjà utilisé une bonne partie du potentiel de la clientèle des pays émergents, notamment de la Chine. Mais il est loin d'être épuisé". "Certaines grandes marques doivent réussir le défi de conserver leurs clientèles haut de gamme tout en captant la nouvelle classe moyenne émergente, note Thomas Mesmin, analyste chez Cheuvreux.

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