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"Dries Van Noten. Inspirations", aux Arts Déco

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Cette 1re exposition consacrée à Dries Van Noten est une invitation à un voyage au cœur des sources d’inspiration du créateur de mode belge. Ce projet, inédit, confronte ses collections de mode féminine et masculine aux collections de mode des Arts Décoratifs ainsi qu’aux photos, vidéos, extraits de films, références musicales, oeuvres d’art françaises et internationales qui ont nourri sa création


Initié par tradition familiale à la culture textile, Dries Van Noten étudie à l’Académie Royale des Beaux-arts d’Anvers et obtient son diplôme en 1981. En 1986, il crée sa marque. Sa première collection homme est présentée à Londres en 1986 avec Walter Van Beirendonck, Ann Demeulemeester, Dirk Van Saene, Dirk Bikkembergs et Marina Yee : « les six d’Anvers » constituant un groupe informel de jeunes créateurs belges devenu synonyme d’avant-garde de la mode.
 
 (Patrice Stable)
Son vocabulaire esthétique est identifiable immédiatement. Le couturier, en s’appuyant sur un brassage d’images d’hier et d’aujourd’hui et de cultures venues d’ailleurs ressuscite, à travers ses collections, une mémoire, un souvenir ou la trace d’un voyage intime. Il peut élaborer ses collections à partir de voyages fantasmés, de lieux exotiques qu’il fait surgir de son imaginaire et qui pourtant empruntent aux différentes traditions ethniques et folkloriques de l’Inde, de la Chine, de l’Afrique ou du Mexique. 
 (DR)
Les images inventées apportent à ses textiles un raffinement extrême, tant dans le choix des motifs imprimés que dans les tissages et le choix des matières, telle la collection femme printemps-été 2010 ou celle du printemps-été 2014. Ses défilés peuvent tout autant témoigner d’une émotion ressentie devant une toile ou le travail d’un artiste. Les oeuvres de Francis Bacon, d’Elisabeth Peyton ont donné lieu à des inspirations directes. La collection femme automne-hiver 2009 décline l’oeuvre du premier, tandis que la collection homme printemps-été 2009 est construite autour d’un seul tableau d’Elisabeth Peyton : « Democrates are beautiful » (2001). 
 ( Marleen Daniels)
La référence peut être moins immédiate et davantage relever de l’intime et de l’évocation. Dries Van Noten peut ne retenir qu’une couleur, une gestuelle ou une atmosphère. La puissance et la force du rouge chez Mark Rothko, la lumière bleue si particulière de la grotte de Capri ou la fragilité qu’évoque le papillon peuvent être le point de départ d’une collection. 
 (DR)
Ses créations se nourrissent de ces contrastes et la dualité est aussi une constante de son vocabulaire. Souvent le créateur use des oppositions homme - femme : des tissus connotés comme féminins telle que la dentelle par exemple habillent l’homme tandis que les coupes masculines sont déclinées dans les collections femmes. 
 ( Olaf Wipperfurth)
Le raffinement que le créateur apporte à chacune de ses collections culmine dans la mise en scène de ses défilés. Le créateur ose les lieux improbables mais toujours en lien avec le thème de la collection comme le passage Brady, en plein coeur du quartier indien de Paris dans le Xe arrondissement pour la collection homme printemps-été 1994, ou en 2008 la fontaine de Pol Bury dans la cour du Palais Royal servait de décor au défilé de la collection femme printemps-été 2009 ou encore le 50e défilé en septembre 2004 célébré autour d’un gigantesque banquet. 
 (DR)
Pour cette exposition, Dries Van Noten a réuni des éléments qui reflètent ses sources d’inspiration, à l’image des « Chambres de merveilles » de la Renaissance qui rassemblaient des objets « mémorables », des souvenirs. Les pièces sont présentées dans une juxtaposition imprévisible au premier regard mais qui reste fidèle à son processus de travail. Ces choix sont le fruit d’un savant montage conçu par le créateur qui a procédé par association d’idées en jouant et déjouant les affinités entre les pièces. La présentation décline une série de thèmes qui caractérisent sa production depuis le début des années 1980. 
 (Mathieu Ridelle)
Dans cet assemblage, aux allures initiatiques, se rencontrent les références historiques et artistiques, ethniques et cinématographiques, musicales ou géographiques, réunissant la création de tous les Arts. En décelant des influences, des analogies et des contradictions, la mode, les arts décoratifs et les beaux-arts ont été réunis pour construire son vocabulaire et sa démarche. 
 (DR)
Afin d’évoquer des thématiques intimes telles que la Jeunesse, l’Archétype, L’Ambiguïté, la Passion ou pour créer une promenade à travers les thèmes qui composent sa signature, des pièces anonymes du XIXe siècle ou de couturiers emblématiques comme Elsa Schiaparelli, Christian Dior ou de créateurs des années 1980 ont été sélectionnées. Et des oeuvres d’artistes majeurs parmi lesquelles Bronzino, Kees Van Dongen, Yves Klein, Viktor Vasarely, Francis Bacon, Elisabeth Peyton, Damien Hirst, sont présentées dans chaque section de l’exposition. Certains films comme Orange mécanique de Stanley Kubrick et La leçon de piano de Jane Campion sont évoqués. Cette exposition -fruit d’une collaboration avec le musée- a conduit Dries Van Noten à s’inspirer de certains motifs textiles du XIXe siècle reproduits pour les collections de prêt-à-porter masculine et féminine - printemps/été 2014, dévoilées à Paris, en 2013.
 (Collection mode les arts décoratifs)
« Dries Van Noten Inspirations », du 1er mars au 2 novembre 2014. Musée des Arts Décoratifs. 107, rue de Rivoli. 75001 Paris. Du mardi au dimanche de 11 h à 18 h. Nocturne le jeudi jusqu’à 21 h. 
 (Les Arts Décoratifs, collections Ufac /Jean Tholance)

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