Fashion week : Agnès b, 40 ans de mode et de culture
Elégance urbaine, sobre et confortable, sans artifice, le style Agnès b., ce sont des jupes en lainage longues et amples assorties à des pulls moelleux et des bérets, des manteaux à carreaux qui cachent de petites robes imprimées de paysages bucoliques, des blousons en mouton retourné tout douillet, les costumes pour la wonder woman et une mariée en pantalon...
"Vive les femmes !", ont proclamé ses 25 mannequins, en brandissant de grandes lettres cartonnées lors du final du défilé le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes.
"Je n'aime pas la mode, j'aime le vêtement"
Sa signature tracée d'une écriture penchée, ses cardigans à boutons pression et t-shirts rayés ont fait sa popularité. 40 ans après l'ouverture de sa première boutique rue du Jour, près des Halles, elle a réédité des pièces des débuts comme ses jupons colorés. "Je les avais faits à l'ouverture de la boutique, teints dans ma baignoire, ils n'étaient même pas secs parfois !", raconte la créatrice de 74 ans de son vrai nom Agnès Troublé. Pour cet anniversaire sont prévus des expositions, la réédition de t-shirts d'artistes et un livre (septembre 2016)."Je dis souvent que je n'aime pas la mode, mais j'aime le style, j'aime le vêtement, celui qu'on peut garder et remettre dix ans, vingt ans après", décrit-elle, vêtue d'une jupe longue en crêpe Georgette sur laquelle est imprimée une photo de paysage islandais. "J'ai toujours voulu faire des vêtements bien pensés, faits pour la vie moderne, dans lesquels ont peut avoir confiance", explique-t-elle.
Mécène, collectionneuse d'art, galeriste, elle évoque ses soirées avec Basquiat :"On était comme larrons en foire !" ou ses souvenirs avec Keith Haring rencontré à Venise. Férue de cinéma, productrice, elle a réalisé un film "My name is Hmmm..." en 2014 et habille David Lynch. Cette amatrice de musique a habillé David Bowie, notamment pour ses anniversaires de 50 ans et 60 ans.
"Je ne fais pas vêtements qui se démodent"
Connue pour ses vêtements sobres et urbains, Agnès b. ne regarde pas ce que font ses pairs. "Je ne suis jamais allée nulle part, ni chez Kenzo, ni chez Sonia Rykiel, ni chez Isabel Marant. Je n'ai pas envie de savoir, j'aime mieux regarder la rue", explique-t-elle.Quant aux débats qui agitent le monde de la mode sur le calendrier des collections, ils ne la concernent pas: "On ne fait pas des vêtements qui se démodent au bout de deux mois, on n'est pas dans la même problématique", tranche-t-elle : "Je suis différente, un peu franc-tireur".
Une découvreuse de talents
N'a-t-elle pas envie de passer le relais ? "Je vais organiser peu à peu", dit-elle projetant de constituer un bureau de stagiaires payés "pour repérer quelqu'un à terme". Mais "je vis au jour le jour, j'adore mon travail !"Depuis 2004, Agnès.b invite des stylistes débutants à créer de petites collections vendues aux côtés de la sienne dans ses boutiques. Ces collaborations sont griffées du nom des jeunes stylistes. L’atelier, des équipes expérimentées, les boutiques, le savoir-faire et le réseau de fabricants de la maison mis à sa leur disposition.
Aujourd'hui, Jerome Pierre y présente plusieurs silhouettes. Attiré par l'ultra-moderne et le minimalisme, il conçoit le vêtement comme une architecture fluide qui met en scène le mouvement. Fin 2014, il rencontre Agnès et crée, avec ses équipes, l’atelier et les toilistes, pour la saison été 2016, un vestiaire où le confort, la légèreté et la fluidité sont conjugués dans des matières nobles, habituellement réservées au soir et au formel. Les motifs s’inspirent de l’Art Génératif, symbolisant l’Idée, structurée mais immatérielle... Jerome Pierre travaille actuellement au développement d’une ligne d’accessoires disponible sur steilheit-paris.com.
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