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Fashion Week de New York : #MeToo et #TimesUp sur les podiums

Depuis le début de la New York Fashion Week certains défilés ont fait référence au mouvements #MeToo et #TimesUp, comme Tom Ford avec ses sacs marqués "Pussy Power". La créatrice française Myriam Chalek a, elle, organisé un show dédié aux victimes de harcèlement ou d'agression tandis que chez Diane von Furstenberg, les femmes étaient appelées à prendre leur destin en main.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Fashion show #MeToo à New York, février 2018
 (ANGELA WEISS / AFP)

Toutes ont été victimes de harcèlement ou d'agression sexuelle : huit jeunes femmes ont témoigné des abus subis, symbole d'une parole retrouvée et de l'impact du mouvement #MeToo aux Etats-Unis. Depuis le début de la Fashion Week certains défilés ont fait référence au #MeToo et #TimesUp, comme Tom Ford avec ses sacs marqués "Pussy Power"Myriam Chalek en avait fait la raison d'être de son défilé. La créatrice française s'est fait connaître en organisant des présentations avec des personnes souvent marginalisées : personnes de petite taille en 2017 à Dubaï ou mal-voyantes lors de la Paris Fashion Week 2016. "En tant que femme, vous avez une responsabilité de contribuer au changement", a-t-elle déclaré. "Si vous dites il est temps que ça change ou "Time's Up", vous vous devez de faire quelque chose", faisant référence à l'organisation créée par des centaines d'actrices pour financer la défense de victimes d'agressions sexuelles au travail. Les vêtements n'avaient guère d'importance même si les tenues combinaient "matières fortes" comme cuir et fourrure, et "matières délicates", comme soie et tulle, histoire de marquer tant "la féminité" que la "force" des femmes, selon Myriam Chalek. Le but était autre : faire témoigner des femmes. La condition pour le recrutement des mannequins du jour était qu'"elles aient été victimes de comportement sexuel inapproprié".

Fashion show #MeToo à New York, en février 2018
 (ANGELA WEISS / AFP)

Après avoir marché, les huit mannequins ont pris le micro à tour de rôle, debout, chacune à côté d'un homme tout de noir vêtu, le visage sous un masque de cochon en référence à la campagne #balancetonporc. Elles ont raconté leur histoire. Leur voix tremblait parfois. Après ces récits suivis d'un lourd silence, la styliste a estimé que son objectif était atteint. "D'habitude, je n'aime pas le silence" mais là "il me plaît car j'ai l'impression que vous avez vraiment ressenti" quelque chose, a-t-elle déclaré. "Je ne dis pas que ce défilé va changer les choses du jour au lendemain mais j'ai l'espoir que vous allez quitter cette pièce et en parler, et que vous serez mieux informés". Avant le défilé, elle avait estimé que "si on arrive à faire sortir du silence (...) ne serait-ce qu'une seule femme, ce sera déjà une réussite".

Diane von Furstenberg pour "l'incarnation du pouvoir des femmes"

Diane von Fustenberg, l'un des grands noms de la mode et de la philantropie new-yorkaise, a salué le retour à ses côtés du créateur Nathan Jenden après plusieurs années marquées par une valse de créateurs. Jenden, d'origine britannique et qui avait déjà oeuvré chez DvF de 2001 à 2011 avant de travailler sur sa propre griffe, "connaît le vocabulaire, il sait tout sur la marque", a-t-elle affirmé. La femme d'affaires de 71 ans a ajouté espérer qu'à l'ère du mouvement anti-harcèlement #MeToo, Jenden l'aiderait à faire de sa marque "l'incarnation du pouvoir des femmes". "A travers les générations, la femme DvF a toujours été une femme qui décide de sa vie, qui décide avec qui elle couche, qui décide de ce qu'elle fait", a-t-elle souligné en souriant. "C'est comme ça que j'ai été élevée, c'est comme ça que j'ai élevé ma fille et c'est comme ça qu'est ma petite-fille", a-t-elle ajouté en présentant sa petite-fille Talita, 18 ans, muse de cette nouvelle collection. Jenden, qui se sent chez DvF "comme à la maison", a lui souligné vouloir redonner à ma marque l'identité de ses débuts, en prenant notamment le contre-pied de son prédecesseur, Jonathan Saunders, parti après 18 mois à peine et des rumeurs de tensions avec la fondatrice. La collection, que Jenden a mise au point en quatre semaines à peine, témoigne selon lui de la "joie de vivre" et du "courage des femmes" typiques de la marque. 

Mais la New York Fashion Week, c'est aussi des moments forts sur les podiums avec Alexander Wang, Victoria Beckham et Christian Siriano.  

Alexander Wang, dernier show à la New York Fashion Week

Le créateur Alexander Wang a mis en scène une collection très noire aux allures martiales. Enfant chéri de la mode new-yorkaise, Alexander Wang a choisi de décaler son calendrier et défilera désormais en juin et décembre mais plus en septembre et février lors de la Fashion Week. Avant de quitter la semaine qu'il fréquente depuis plus de 11 ans, il a dévoilé une collection dont les personnages rappelaient plusieurs films d'anticipation et de science-fiction. Ces jeunes femmes en long manteau noir zébrés de fermetures éclairs conviaient tantôt Dark Vador, tantôt Neo ou Trinity de "Matrix", en particulier avec ces lunettes noires que beaucoup arboraient. La collection était axée sur l'univers professionnel tel que fantasmé par le créateur. Malgré son air austère et son goût pour le noir, sa businesswoman ne passerait sans doute pas inaperçue avec ses robes, ses jupes ou ses shorts courts, ses fermetures éclair et ses échancrures osées.

Alexander Wang pap ah 2018-19, à New York, février 2018
 (ANGELA WEISS / AFP)

Victoria Beckham et Christian Siriano fêtent les 10 ans de leur marque

Victoria Beckham a présenté une collection toute en austérité androgyne lors d'un défilé qui se voulait discret avant son retour à Londres à l'automne 2018 pour fêter le 10e anniversaire de sa transformation en femme d'affaires. Les couleurs étaient sobres, beaucoup de vert kaki, de marron et de noir, la taille marquée d'une large ceinture, les épaules soulignées. Longs manteaux de laine, ample parka noire, ensembles veste-pantalon, un peu de motif léopard et des robes tombant en-dessous du genou. L'ensemble donnait une impression de femmes fortes et déterminées. "Je voulais que cette présentation soit une célébration discrète du chemin parcouru depuis nos premières présentations à New York" il y a 10 ans, a souligné Victoria Beckham, 43 ans. Alors que les rumeurs ont enflé sur une possible tournée des Spice Girls, l'ex-"Posh" a démenti au magazine Vogue qu'un tel projet soit dans les cartons. Elle avait elle-même alimenté ces rumeurs en mettant en ligne des photos des quatre "filles de l'espace" réunies à Londres le 2 février. Après ces retrouvailles, celles qui formèrent l'un des groupes féminins les plus suivis de l'histoire, avaient déclaré que le moment semblait "propice pour explorer ensemble de nouvelles opportunités". "Je ne vais pas faire de tournée, les filles ne vont pas faire de tournée", a assuré Victoria Beckham à Vogue. Créatrice de mode, a-t-elle insisté, "c'est ce que je fais maintenant".
Victoria Beckham pap ah 2018-19, à New York, février 2018
 (JP Yim / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)
Le créateur américain Christian Siriano, chouchou d'Hollywood, a prouvé qu'il était le roi de la diversité, en faisant défiler des mannequins de toutes les tailles et toutes les couleurs. Pour ce défilé célébrant le 10e anniversaire de sa marque, il était entouré de célébrités qui ont fait sa réputation sur le tapis rouge : de Whoopi Goldberg à Meg Ryan en passant par la mannequin Coco Rocha ou l'actrice Molly Shannon. L'évènement a fait la part belle aux mannequins grandes tailles avec Ashley Graham et Precious Lee. A noter aussi la mannequin transgenre Avie Costa ou l'actrice Danielle Brooks de la série "Orange is the new black" et quelques hommes. Les tenues étaient un feu d'artifice de matières et de couleurs jouant avec la lumière, avec une longue série de robes de bal, noires couvertes d'étoiles scintillantes, bleu nuit imprimées de grandes fleurs, ou rouge vif accompagnées d'une longue traîne à volants. Dans une récente interview au site Fashionista, le créateur, revenant sur ses 10 ans de carrière qui l'ont vu notamment lancer des partenariats avec des chaînes bon marché comme Payless, soulignait "avoir toujours voulu habiller toutes sortes de femmes différentes" et vouloir être distribué par "toutes sortes de détaillants différents". Il s'est imposé en quelques années comme le créateur préféré d'actrices : pour la dernière cérémonie des Golden Globes début janvier, il avait habillé 10 femmes - tout en noir, en signe de solidarité avec le mouvement anti-harcèlement #MeToo.
Christian Siriano pap ah 2018-19, à New York, février 2018
 (Slaven Vlasic / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

 

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