Fashion week : les tissus technologiques d'Anréalage troublent nos sens
Avec ce créateur, tout à un sens. L'invitation composée d'un carton carré blanc, imprimé de mini stries noires, et d'un calque transparent gris, à rayures extrêmement fines, semble au premier abord anodin. Une fois, ces deux cartons posés l'un sur l'autre apparaît alors les caractères "Anrealage 2016-17 A/W Noise".
https://twitter.com/ANREALAGE_/status/704157611571044352
Le thème de la collection est donc "Noise". Un bruit grésillant et assourdissant ponctue l'intégralité du show.
En face du public, installé au milieu du podium un cube 4 faces recouvert d'un calque transparent grisé avec une entrée par laquelle les mannequins pénètrent. La collection est comme toujours composée de belles pièces bien coupées, essentiellement des pulls, des jupes, des robes, des tailleurs, des vestes et des manteaux en lainage, tricot et jacquard. Leur particularité : être tous déclinés dans des tonalités grises avec des micro motifs de rayures, de mini carrés, de traits….Tout comme les coiffes qui hésitent entre bérets et casquettes et les bottines.
Chaque vêtement cache un secret. Ici, le travail comme toujours est celui de la matière. Quand le mannequin s'approche des photographes et se colle à la paroi de la cloison-calque transparente qui compose le cube, apparait sur son vêtement d'autres motifs : des losanges, des fleurs, des ronds.Derrière ce mystère se cache, une réalité informatique. Plusieurs informations sont codées dans le tissu, comme une cryptographie par un programme informatique. Lorsque le tissu est vu au travers d'un filtre transparent, ces informations sont alors décodées et de nouvelles impressions surgissent. Cette technologie numérique permet de capter des informations contenues dans les couches de tissu pour laisser libre cours aux damiers, rayures et motifs floraux ! Puis le créateur pour mieux faire comprendre son propos fait enfiler aux mannequins des trenchs et vestes en filtre transparent !
Un créateur qui aime jouer avec nos sens
Le créateur japonais n'en est pas à son coup d'essai, cette 4e collection, présentée dans le cadre du calendrier parisien, est à l'image des 3 précédentes. Pour comprendre son travail, il est important de connaître ses recherches.Pour le printemps-été 2016, il avait proposé une expérience inhabituelle au public de la Fashion Week : suivre le défilé en flashant les modèles avec son smartphone ou un appareil photo pour révéler des couleurs invisibles à l'oeil nu. Les silhouettes étant fabriquées avec des matériaux réfléchissants. Une technique développée en collaboration avec une société spécialisée dans la peinture réfléchissante.
Pour l'hiver 2015-16, ses mannequins étaient vêtus, maquillés et coiffés de noir pour sa collection intitulée "Light". Un coup de projecteur sur un modèle et voici grâce à un procédé de photochromie une tache blanche qui apparait sur le vêtement photosensible.
Pour l'été 2015, avec sa collection "Shadow", le designer s'était amusé avec la lumière des spots. Car pour lui, s'il y a de la lumière, il y a aussi de l'ombre. Et vice versa ! Ainsi, il exposait certaines pièces vestimentaires blanches aux feux des spots d'une lumière intense qui imprimait le vêtement de jeux d'ombre grâce au procédé de photochromie.
REAL : Ordinaire, UNREAL : Extraordinaire ; et AGE : jour
Kunihiko Morinaga est diplômé de la Waseda University et de la Vantan Design Academy. Sa marque Anrealage, lancée en 2003, joue sur la combinaison de 3 mots : REAL : Ordinaire, UNREAL : Extraordinaire ; et AGE : Jour. Son mantra : "Dieu est dans les détails".Kunihiko Morinaga travaille avec une approche méticuleuse la conception de ses vêtements. Son style se caractérise par des couleurs vives et des réalisations façon patchwork ainsi que par des volumes conceptuels aux proportions étranges.
Son travail a fait l'objet d'expositions présentant un condensé de ses concepts et ses surprenantes réalisations. Ainsi l’exposition "A REAL UN REAL AGE" est passée à Tokyo, Nagoya et Paris en 2014.
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