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Covid-19 : Paris renoue avec les défilés en mode "phygital"

Même si certaines grandes maisons comme Saint Laurent s'abstiennent, dix nouveaux créateurs entrent sur le calendrier officiel où figurent 84 maisons, soit plus que d'habitude.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
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Défilé Marine Serre Hiver 2020/21 Paris France 25 mars 2020 (JONAS GUSTAVSSON/SIPA USA/SIPA / SIPA USA)

Le show reprend à Paris : les grandes maisons comme Dior, Chanel ou Vuitton renouent avec les défilés pendant la Fashion week qui démarre lundi en pleine progression de la Covid-19, même si la plupart des marques ont choisi de présenter leur collection en ligne.

Après la mode homme et la haute couture entièrement virtuelles cet été pour la première fois de l'histoire, cette semaine du prêt-à-porter féminin du 28 septembre au 6 octobre sera "phygitale", mi-physique, mi-digitale, mais tout aussi atypique.

 84 maisons, plus que d'habitude

Saint Laurent a décidé pendant le confinement de renoncer aux Fashion weeks annonçant que la maison va créer à son propre rythme. Celine par Hedi Slimane, et Off-white, la marque de l'Américain Virgil Abloh, star des millenials, sont aussi aux abonnés absents cette saison. Mais dix nouveaux créateurs entrent sur le calendrier officiel où figurent 84 maisons, plus que d'habitude dans les deux cas.

Défilés masqués avec très peu d'invités étrangers et "sous réserve" de l'évolution des consignes sanitaires, présentations sur invitation, vidéos diffusées sur les réseaux sociaux : les créateurs s'adaptent et tentent de s'approprier les nouveaux formats pour parler de la mode en temps de pandémie.

"La force du vêtement"

"Cette collection est le miroir des cinq derniers mois. Je travaille toujours comme ça, c'est le monde autour de nous qui a changé radicalement", a déclaré à l'AFP la jeune créatrice française Marine Serre.

Après d'impressionnants défilés à l'esthétique post-apocalyptique, elle a opté cette fois pour un court-métrage qui sera diffusé mardi, dans lequel elle a voulu mettre en valeur "la force qu'a le vêtement aujourd'hui, comment il nous protège, nous aide à affronter notre quotidien et à avancer".

Défilé Marine Serre printemps-été 2020 lors de la Paris fashion Week printemps-été 2019, le 24 septembre 2019 (THOMAS SAMSON / AFP)

Fer de lance avec le Belge Dries Van Noten d'un manifeste pour une mode plus responsable soutenu par des centaines de petites maisons qui s'engagent à produire moins et à réinventer les défilés, elle dit qu'elle va "s'adapter en fonction de ce qui va se passer".

"Je n'ai rien contre refaire un show dans les prochains mois. Ce qui est intéressant dans les Fashion weeks, c'est de créer une synergie, un moment de partage, être ensemble", souligne-t-elle. Mais avoir "25 (défilés) par an n'a pas de sens".

"Aux temps de la pandémie, les gens veulent des nouveautés"

Le Géorgien Demna Gvasalia, directeur artistique de Balenciaga a confié dans une interview au média spécialisé WWD s'être demandé "si la mode a un sens dans ce monde apocalyptique dans lequel on vit depuis mars". Avant de retrouver le goût pour les vêtements.

"J'ai découvert que même aux temps de la pandémie, les gens veulent des nouveautés, même plus, pour se distraire de ces horreurs", a souligné le créateur qui fera une présentation numérique le 4 octobre et un défilé haute couture en juillet.

Demna Gvasalia, le créateur de la marque Vetements, le 1er juillet 2018 (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

La Turque Ece Ege à la tête de sa marque Dice Kayek est de retour à Paris Fashion week avec un film, après y avoir renoncé pendant quatre ans car elle ne supportait plus le rythme qui exigeait jusqu'à six collections par an.

"Les films ou les expositions permettent d'exprimer qu'il y a d'autres choses dans votre univers que les robes, quelque chose que vous voulez raconter à travers le vêtement. Un film est toujours là, contrairement au défilé où vous mettez votre vie, toute votre énergie, votre fortune pendant six mois et puis cela dure huit minutes et personne n'a rien compris", résume-t-elle à l'AFP.

"La réflexion commence maintenant"

Si la dernière Fashion week numérique n'a pas séduit les critiques, nostalgiques de l'effervescence des défilés, ce format n'a pas encore dit ce dernier mot, estime Miren Arzalluz, directrice du palais Galliera, musée de la mode à Paris.

"Il y a le côté émotionnel difficilement remplaçable. Mais on peut provoquer d'autres types de réactions à travers la technologie numérique, ce sera une autre expérience", déclare-t-elle à l'AFP.

En été, les maisons ont proposé "une solution rapide" car elles n'ont pas eu le temps de mener "une réflexion très approfondie". "La réflexion commence maintenant et on va voir des choses de plus en plus intéressantes", assure-t-elle.

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